Énergie Est : l'ONÉ a rencontré Charest chez McCarthy
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Julien Vailles
2016-08-09 14:15:00

Or, les représentants de l'ONÉ ne peuvent discuter en privé d'un projet qui est en cours d'évaluation.
Auraient participé à cette réunion : M. Peter Watson et Mme Lyne Gauthier, président et vice-présidente de l'ONÉ, M. Jacques Gauthier, membre du conseil d'administration de l'ONÉ, M. Jean-Denis Charlebois, un directeur du bureau de l'ONÉ à Montréal, M. Tom Neufeld, vice-président des communications à l'ONÉ, et de chez McCarthy Tétrault, les avocats Jean Charest et Grégory Larroque. Ces informations sont basées sur des échanges de courriels et notes manuscrites prises pendant la réunion, sur lesquelles le National Observer a mis la main.
Dans une réponse par courriel, Me Larroque a d'ailleurs vertement critiqué le média pour l'article qui, selon lui, ne serait qu'une « concentration d'allégations douteuses ».
M. Craig Loewen, directeur des communications de l'ONÉ, dit que la réunion controversée avait été tenue de bonne foi, dans l'ignorance à l'époque que Me Charest était conseiller de TransCanada. Dans une lettre adressée au National Observer, M. Loewen explique que la réunion avait pour but de comprendre quels intervenants l'ONÉ devait effectivement rencontrer. Il certifie que les représentants de l'ONÉ, s'ils ont effectivement traité des aspects d'application du projet Énergie Est lors de cette rencontre, n'ont jamais discuté du fond de l'affaire.
Les détracteurs du projet, notamment le Nouveau Parti démocratique et des groupes environnementaux, remettent en question l'impartialité de l'ONÉ en regard de cette affaire. À ceux-là, M. Loewen affirme qu'en aucun cas les discussions de l'ONÉ ne se sont basées sur la réunion qui s'est tenue plus d'un an auparavant.
Le directeur général de TransCanada Russ Girling assure pour sa part que le processus d'évaluation sera transparent, et que la société n'a rien à cacher.
La Presse Canadienne
La ministre de l'Environnement, Catherine McKenna, invite la population à faire confiance aux processus d'évaluation des projets énergétiques comme celui d'Énergie Est, dont l'intégrité a récemment été entachée.
En conférence de presse à Halifax, en Nouvelle-Écosse, mardi, la ministre a refusé de réagir directement aux nouvelles révélations entourant l'Office national de l'Énergie (ONÉ), l'organisme chargé de mener les consultations sur le projet de TransCanada.
Le National Observer a révélé vendredi dernier que le président de l'ONÉ ainsi que deux de ses commissaires ont bel et bien rencontré en janvier 2015 l'ex-premier ministre Jean Charest, alors que ce dernier agissait comme consultant pour TransCanada.
L'ONÉ, qui avait d'abord nié que cette rencontre avait eu lieu, a présenté ses excuses au site de nouvelles en ligne, plaidant l'erreur de bonne foi. Le directeur des communications de l'organisme, Craig Loewen, a soutenu qu'il n'y avait « mauvaise intention » derrière la réponse initiale.
La ministre McKenna n'a pas semblé vouloir s'en mêler, mardi, se contentant de plaider que les Canadiens devaient avoir confiance en leurs institutions et qu'au 21e siècle, sans cette confiance, les ressources ne pourront se rendre aux marchés.
Les audiences de l'ONÉ se sont mises en branle lundi matin au Nouveau-Brunswick. D'entrée de jeu, les promoteurs du projet Énergie Est ont tenté de se faire rassurants sur la sécurité du transport par oléoduc et sur la capacité de l'entreprise albertaine à intervenir rapidement en cas d'accident.
Des audiences se tiendront du 29 août au 2 septembre à Montréal, puis du 3 au 7 octobre à Québec. Les recommandations de l'Office doivent être présentées d'ici le 16 mars 2018 au cabinet fédéral, qui devra ensuite trancher dans ce dossier controversé et éminemment politique.
Le conseiller de Jean Charest au cabinet d'avocats McCarthy Tétrault, Grégory Larroque, n'était pas disponible, mardi, pour réagir aux nouvelles révélations du National Observer.