Entente sur les pays sûrs : des avocats réclament un moratoire
Radio -Canada
2018-05-03 13:45:00
En entrevue avec Michel C. Auger à Midi Info, Me Jean-Sébastien Boudreault a affirmé que suspendre l'entente permettrait aux migrants d'entrer au pays de manière plus sécuritaire. « À court terme, ça ferait en sorte que la Gendarmerie royale du Canada n'aurait pas besoin de faire des camps de fortune dans les bois. Les gens passeraient plus dignement la frontière plutôt que de traverser un ruisseau, ou de débarquer en taxi. On enlèverait le côté un peu clandestin », a-t-il expliqué.
En théorie, lorsque des demandeurs d'asile se présentent à un poste-frontière, les autorités canadiennes peuvent refuser de les laisser entrer au pays parce qu'ils ont demandé l'asile en premier aux États-Unis. C'est pour cette raison que certains demandeurs d'asile choisissent d'entrer au Canada de façon irrégulière.
Selon M. Boudreault, le Canada « vit une "crisette" en matière d’immigration » en raison de son manque de préparation.
« L’Allemagne a vécu une crise quand un million de Syriens sont entrés sur le territoire allemand. Nous, on s’est mal préparés à ce qui se passe présentement et on essaie de trouver des façons plutôt que de trouver la bonne façon », a-t-il ajouté.
M. Boudreault déplore le manque de ressources – avocats, commissaires – qu’il considère comme l'une des causes évidentes de l’augmentation des délais dans le traitement des demandes.
« Il faut arrêter de perdre notre temps à essayer de trouver des solutions qui, en bout de ligne, ne fonctionneront pas », a-t-il dit.
Le ministre canadien de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a déclaré mardi que des discussions sont en cours avec les États-Unis sur l'Entente sur les tiers pays sûrs pour faire face à l'afflux de demandeurs d'asile à la frontière canado-américaine.
En vigueur depuis décembre 2004, cette entente stipule que le Canada et les États-Unis se reconnaissent mutuellement comme un pays sûr pour protéger les demandeurs d'asile.
Elle s'applique uniquement aux réfugiés qui tentent d'entrer aux postes frontaliers officiels, par train ou dans les aéroports.