Environnement : un avocat au coeur d'une polémique
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Radio -Canada
2019-03-06 14:30:00
![Pierre Renaud a été président du BAPE de 2007 à 2012. Photo: Radio-Canada.](https://gvm.nyc3.digitaloceanspaces.com/store/uploads/public/di/article/24283__Pierre_Renaud_a_%C3%A9t%C3%A9_pr%C3%A9sident_du_BAPE_de_2007_%C3%A0_2012.jpg)
Pierre Renaud connaît parfaitement les lois environnementales du Québec et les règles encadrant le BAPE, puisqu’il l’a présidé de 2007 à 2012. Il avait donc le profil tout désigné lorsqu’il a été mandaté, à l’automne 2018, pour conseiller la minière qui cherchait à obtenir une autorisation ministérielle sans avoir à subir l’examen du BAPE.
L’avocat au sein du cabinet McCarthy Tétrault offre des conseils stratégiques et accompagne les entreprises clientes « sur le plan du développement durable et de l’acceptabilité sociale », peut-on lire sur le site web du cabinet. Son travail se fait « dès le début de leurs projets et dans le cadre des processus d’autorisation, de consultation et de participation publiques, dont celui du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement ».
Pour le compte de Sayona Mining, Pierre Renaud a rencontré le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, qui hésitait, jusqu’à mardi, à assujettir le projet à un examen du BAPE.
Le ministre a finalement annoncé que le projet doit être soumis à une évaluation du BAPE. Il a toutefois précisé que la minière peut encore échapper à l’examen si elle modifie son projet à la baisse et en présente un nouveau. L'entreprise réfléchit actuellement à ses options.
Rencontres d’élus à propos de Sayona
![La députée locale de la CAQ Suzanne Blais a eu plusieurs échanges avec Pierre Renaud. Photo : Radio-Canada / Lise Millette.](https://gvm.nyc3.digitaloceanspaces.com/store/uploads/public/di/article/24283__La_d%C3%A9put%C3%A9e_locale_de_la_CAQ_Suzanne_Blais_a_eu_plusieurs_%C3%A9changes_avec_Pierre_Re.jpg)
Le maire d’Amos, Sébastien d’Astous, également préfet de la MRC, nous a confirmé avoir eu un échange avec Pierre Renaud au sujet de Sayona.
Quant au maire du village de La Motte, territoire du projet minier, il a également rencontré Pierre Renaud à au moins une reprise, le 29 octobre 2018, en compagnie d’autres représentants de Sayona.
Dans un enregistrement du conseil municipal du 12 novembre, le maire Réjean Richard explique qu’à cette occasion, il a été informé que le village pourrait percevoir jusqu’à 400 000 $ de taxes supplémentaires grâce à la mine.
Le 6 décembre, La Motte a délivré un certificat d’autorisation à la minière pour permettre le décapage de la fosse.
Pas inscrit au registre des lobbyistes pour le compte de la minière
Pierre Renaud est inscrit au registre des lobbyistes, mais pas pour le compte de la société minière Sayona, ce qui contreviendrait à la loi, selon des experts consultés par Radio-Canada.
Une plainte a été déposée à ce sujet, lundi, par une citoyenne de La Motte et un citoyen d’Amos, auprès du commissaire au lobbyisme du Québec.
Sans commenter ce dossier particulier, le porte-parole du commissaire, Daniel Labonté, précise qu’un lobbyiste-conseil « doit toujours indiquer pour qui il travaille, qui est son client ».
« Même les avocats doivent s’enregistrer », précise l’avocat Alain Lemieux, membre fondateur de l’Association québécoise des lobbyistes, qui s’exprime à titre général, sans commenter ce dossier en particulier. La seule exception permise serait dans le cadre d’un soutien technique pour un titulaire de charge publique ou dans le cadre d’une procédure judiciaire en cours, ce qui n’est pas le cas ici.
Une infraction à cette loi expose son auteur à une amende de 500 à 25 000 $ ainsi qu’à des mesures disciplinaires de la part du commissaire au lobbyisme.
Invité à expliquer son rôle auprès de l'entreprise dans le cadre des rencontres d’élus, Pierre Renaud n’a pas répondu à nos questions.
Une porte-parole de l'avocat nous a écrit par courriel : « Le cabinet McCarthy Tétrault a pour politique de ne jamais commenter les dossiers de ses clients. Par ailleurs, le cabinet et ses avocats agissent évidemment toujours dans le plus grand respect des règles, et ce, qu’elles régissent la profession juridique ou l’ensemble de ses activités. »
Le cabinet du ministre de l’Environnement s’explique
![Le ministre québécois de l'Environnement, Benoit Charette. Photo : Radio-Canada.](https://gvm.nyc3.digitaloceanspaces.com/store/uploads/public/di/article/24283__Le_ministre_qu%C3%A9b%C3%A9cois_de_l_Environnement%2C_Benoit_Charette_Photo__Radio-Canada.jp.jpg)
Son directeur des communications Jean-Benoit Villemaire n’est « pas sûr que la question a été posée » aux lobbyistes de Sayona quant à leur conformité.
« Ce n’est pas à nous de vérifier. C’est leur responsabilité, explique le porte-parole du ministre. On présume de la bonne foi des gens. »
Dans les formations que les élus reçoivent, ils sont sensibilisés à l’importance de « demander au lobbyiste de s’inscrire ou de couper court à la conversation », explique le porte-parole du commissaire au lobbyisme, Daniel Labonté.
En entrevue à Radio-Canada, Benoit Charette affirme qu'aucun interlocuteur d'entreprises n'influence sa prise de décision : « J'ai un mandat de protection de l'environnement, avec le souhait de notre gouvernement d'avoir le cadre réglementaire le plus prévisible possible. Ce mandat n'est pas affecté par les interlocuteurs. »
Départ du BAPE dans la controverse
Quand il était à la tête du BAPE, Pierre Renaud a supervisé une quarantaine de commissions d’enquête, notamment pour le projet de barrage de la Romaine ou de la mine Malartic, en Abitibi.
Il a été congédié de la présidence de l'organisme en octobre 2012 par le gouvernement péquiste de Pauline Marois.
Sept mois après son congédiement, Pierre Renaud avait causé la controverse en devenant conseiller pour Mine Arnaud, qui souhaitait exploiter une mine d'apatite à Sept-Îles. Le projet avait été soumis à l'examen du BAPE.
Pierre Renaud est aussi président d’une société minière et maire d’une municipalité opposée aux mines
![Pierre Renaud est maire de Lochaber-Partie Ouest, en Outaouais. Photo : P199 (domaine public).](https://gvm.nyc3.digitaloceanspaces.com/store/uploads/public/di/article/24283__Pierre_Renaud_est_maire_de_Lochaber-Partie_Ouest%2C_en_Outaouais.jpg)
Dans le même temps, Pierre Renaud est maire de Lochaber-Partie-Ouest, en Outaouais, depuis novembre 2017. Le mois suivant son arrivée en poste, la municipalité de 900 habitants avait voté une résolution pour que tout son territoire soit exclu de l’exploitation minière « afin de maintenir la qualité de vie ».
De 2001 à 2007, Pierre Renaud a été vice-président de Conservation de la nature, un organisme financé notamment par des grandes sociétés pétrolières.
Le président de Sayona rencontre des élus sans être inscrit comme lobbyiste
Le président de Sayona Mining, l’Australien Dan O’Neill, a fait le voyage en Abitibi-Témiscamingue à au moins trois reprises depuis 2018. Il a rencontré des élus à cette occasion. Le 23 janvier 2019, il a été vu aux côtés des maires de La Motte et d'Amos pour inaugurer les bureaux de l’entreprise.
Le cabinet du ministre de l’Environnement Benoit Charette confirme au moins une rencontre avec le président au sujet du projet. M. O’Neill n’est pas inscrit comme lobbyiste au registre québécois.
« Même si une personne est inscrite comme présidente d’une compagnie, elle doit aussi être enregistrée dans la liste des lobbyistes », précise le porte-parole du commissaire au lobbyisme, Daniel Labonté. Même s’il n’est pas canadien.
Le 27 février 2019, Sayona a diffusé un communiqué pour publiciser la tournée régionale de son président, en Abitibi-Témiscamingue, « qui visait à rencontrer les acteurs et décideurs locaux à propos du projet Authier ».
« M. O’Neill a pu rencontrer et discuter directement avec le maire de La Motte, des élus régionaux, ainsi que des groupes locaux et des acteurs économiques », lit-on dans le communiqué.
M. O’Neill n’a pas répondu à nos questions.
CFF
il y a 5 ansJe ne comprends pas d'où vient toute cette fumée alors qu'il ne semble y avoir aucun feu.
So what, l'avocat a une expérience très pertinente dans un domaine, se fait mettre dehors pour des raisons purement politique, et se recycle de l'autre côté de la médaille.
Ça se voit constamment de la part des criminalistes (bien que leur qualité d'avocats soit débattable), qui passent de la Couronne à la défense ou vice-versa, et personne n'en fait des articles.
Qui plus est, la loi sur les lobbyistes est complètement ridicule. Il s'agit de leur avocat. Voulez-vous que nous nous inscrivons pour chaque client qui nous demande d'intéragir avec une municipalité ou autorité gouvernementale quelconque? On travaille pour nos clients, et déontologiquement nous sommes déjà dans l'obligation de dévoiler le client que nous représentons afin de ne pas induire la partie adverse en erreur.
La partie suivante de l'article semble juste confirmer le ridicule admis à demi-mots de cette règlementation :
>Le cabinet du ministre de l’Environnement Benoit Charette confirme au moins une rencontre avec le président au sujet du projet. M. O’Neill n’est pas inscrit comme lobbyiste au registre québécois.
>« Même si une personne est inscrite comme présidente d’une compagnie, elle doit aussi être enregistrée dans la liste des lobbyistes », précise le porte-parole du commissaire au lobbyisme, Daniel Labonté. Même s’il n’est pas canadien.
Il est PRÉSIDENT de la compagnie. Vous pensez sincèrement qu'il ne va pas prêcher pour sa paroisse?
Bientôt, on va y aller à la "Occasional Cortex" et demander un permis pour que les vaches puissent péter...