Jeunes, avocats, et développeurs!

Daphnée Hacker-B.
2014-11-12 15:00:00

Il y a quelques mois, l’avocate, qui se spécialise en droit de l’emploi et du travail, a décidé de mettre sur pied le Club des jeunes développeurs. Le but : soutenir les avocats novices dans le développement d’un carnet de contacts. « Quand j’ai été nommée associée, beaucoup de jeunes collègues m’ont approchée, ils voulaient avoir des conseils… Je me suis dit qu’il fallait aider la relève », explique-t-elle.

« Je travaille déjà très fort sur une panoplie de dossiers, il est parfois difficile de trouver du temps pour penser au développement de mon réseau. Mais je sais que c’est incontournable dans mon cheminement», fait-elle valoir. Celle qui a passé le Barreau en 2011 reconnaît que le fait de posséder un carnet de contacts bien garni est un élément « très important » pour accéder au statut d’associé.
« Il ne faut pas juste des rainmakers »
Pour la recruteuse juridique Caroline Haney, une initiative comme celle du Club des jeunes développeurs est excellente. « C’est bien de soutenir les jeunes avocats pour les aider à percer… Mais ça témoigne aussi de la dure réalité des cabinets d’aujourd’hui : si tu n’as pas un gros carnet, tu ne seras jamais associé », lance-t-elle.

Depuis une dizaine d’années, la majorité des juristes se retrouvent à devoir remplir un rôle « hybride », observe-t-elle, alors que certains sont bien plus talentueux dans l’un des deux rôles.
Me Haney a récemment assisté à une série de conférences de l’Association du barreau canadien, qui visait à repenser la structure des cabinets. Une présentation proposait notamment de s’inspirer du modèle des cabinets comptables.
« Dans les firmes comptables, deux types de parcours sont possibles ; il y a l’associé, dont le travail se concentre sur les clients, et le directeur, dont la pratique est plus axée sur la compétence et le calibre, explique-t-elle. Pourquoi ne pas implanter une telle façon de faire en droit? »
Les cabinets se réveillent

Exemple de projet qui permet aux juristes de développer une nouvelle clientèle, le cabinet Dentons, à Montréal, a lancé au début de l’année le programme Start-up. Gérer par une équipe de jeunes avocats et d’associés, le but du service est d’offrir un soutien juridique à taux réduit et des heures de consultations gratuites aux jeunes entrepreneurs.
Les avocats Scott Rozansky et Samindat Pathmasiri, tous deux des Barreaux 2007, sont très impliqués dans le programme. « C’est passionnant de travailler avec des jeunes qui ont des idées porteuses, et ça nous permet en même temps de développer une clientèle qui grandit avec nous », explique Me Rozansky. Si les premières années avec ces clients ne sont pas forcément « payantes », Me Pathmasiri considère qu’à long terme, l’investissement en vaut la chandelle.

Les deux avocats incitent ainsi les plus jeunes à s’impliquer dans la communauté entrepreneuriale, autour de laquelle gravitent bon nombre d’investisseurs, de cadres et de sociétés de capital de risque. « Des évènements comme FounderFuel, le 2 décembre prochain, permettent de découvrir les Google et Facebook de demain, mais aussi d’étendre son réseau. Il faut sortir du bureau », affirme Me Pathmasiri.