La juge Gibeault prise dans les eaux!

Alors que des milliers de Québécois ont vu leur maison inondée, une juge à la retraite revient sur son expérience, marquée par la solidarité de son voisinage… et une bonne intuition.

Lorsqu’on lui demande comme ça se passe, la juge Nicole Gibeault lance un franc « ça va… considérant la situation ». Elle semble donc garder le moral. Il faut dire que sa maison a été épargnée par les inondations qui touchent le Québec.

Sa résidence est érigée à environ 200 ou 300 pieds de la rivière des Outaouais, dans la municipalité de Luskville, à une trentaine de kilomètres de Gatineau.

Cette région a beaucoup souffert. À Gatineau, par exemple, 443 propriétés et 794 personnes ont dû être évacuées. Au total, ce sont 146 municipalités québécoises qui ont été touchées par les inondations.

Ses voisins, les pieds dans l’eau

La juge Gibeault, qui a pratiqué à la Cour du Québec, chambre de la jeunesse, a senti que les choses pouvaient mal tourner dès la mi-avril.

« Mi avril, j’avais déjà fait appel à des ouvriers pour monter une petite digue en sac de sable autour de ma résidence. Il doit y en avoir au moins 4 000 tout autour de moi. Je sentais que la fonte des neiges allait être différente. Il y avait des gros blocs de glace sur ma propriété, ce n’était pas normal, dit-elle. C’était comme un sixième sens.»

À cette époque, ses voisins la taquinent à ce sujet d’ailleurs. « Ils me disaient en plaisantant que j’exagérais… mais finalement, je ne suis pas fâchée d’avoir été prudente. »

Aujourd’hui, ils ont les pieds dans l’eau. « On a tenté de les aider, mais la montée est venue d’un coup dans la nuit, on n’a rien pu faire. Ils ont été évacués », dit-elle.

Insulaire… malgré elle!

La juge Gibeault vit désormais sur une sorte de petite île, avec un accès qu’elle a réussi à préserver à la rue. « Mais je dois passer au dessus des digues, précise-t-elle. Quelqu’un doit être en permanence à la maison pour surveiller la pompe. Même si la rivière n’est plus menaçante, l’eau tente de s’infiltrer dans la moindre fissure, alors il faut l’attraper avec la pompe pour la remettre dans son lit. »

Elle tient en tout cas à souligner l’incroyable solidarité qui s’est manifestée lors de cette lourde épreuve. « Des bénévoles inconnus sont arrivés par dizaine pour donner un coup de main, pour sauver ce qu’on pouvait encore sauver. La mobilisation a été très rapide », explique-t-elle.

Résidente de la région depuis plus de 30 ans, Nicole Gibeault n’a jamais vu l’eau monter à ce niveau là. « La deuxième année après mon arrivée, l’eau s’était avancée, mais pas autant », précise-t-elle.