L’analogie référendaire
Frédéric Bérard
2012-10-31 14:15:00
Pourtant, l’importance et le poids de celle-ci en terme de résonance constitutionnelle canadienne, ne fait ou devrait faire nul doute. Parce que toute percée du mouvement indépendantiste, nonobstant son emplacement géographique, risque d’être utilisée, notamment sur le plan politique, à des fins de confirmation de la pertinence de la thèse.
Cela dit, une analyse de la question indépendantiste écossaise pose le constat suivant : l’analogie entre celle-ci et son homologue québécoise se veut pour le moins hasardeuse. Il est à se demander si, ironiquement, il ne s’agit pas au contraire d’un précédent favorable à Ottawa. Trois éléments principaux amènent cette réflexion.
D’abord, l’idée de l’accord lui-même. Son échéancier, par exemple. Au plus tard à la fin de 2014. Vous imaginez Pauline Marois se lier ainsi les mains au profit d’un Stephen Harper bavant de satisfaction ? Pure lapalissade qu’en matière référendaire, le timing constitue le nerf de la guerre. Souvenons-nous, pour seul exemple, du concept de conditions gagnantes de Lucien Bouchard et ses multiples produits dérivés. Se commettre ainsi à même un échéancier équivaut à concéder à son adversaire un avantage stratégique considérable. Notamment celui de préparer le terrain. De voir venir l’opposant et ainsi se délester de l’effet de surprise. De saupoudrer abondamment l’électorat concerné de promesses, concessions ou purs «cadeaux» politiques, symboliques ou concrets.
Deuxièmement, la question référendaire. La consultation devra porter sur une question juste, facile à comprendre et susceptible de produire un résultat qui sera accepté et qui inspirera confiance». Aucune question possible ne pouvant porter sur une plus grande décentralisation ou autre forme de partenariat quelconque. Passant de la parole aux actes, le gouvernement écossais aurait déjà rendu public son l’ébauche préliminaire du texte envisagé : ''Do you agree that Scotland should be an independant country ?''. En termes de limpidité, plutôt loin des deux questions référendaires québécoises :
Ensuite, et ceci explique en fait le point précédent, jamais le gouvernement du Québec ou encore l’Assemblée nationale ont-elle envisagé quelconque intrusion du fédéral quant à la rédaction d’une prochaine question référendaire. En réponse à la Loi sur la clarté, laquelle prévoyait une forme de veto fédéral sur ladite question, l’Assemblée nationale répliquait par sa Loi sur l’exercice des droits fondamentaux et des prérogatives du peuple québécois et de l’État du Québec. L’article 3 de cette dernière :
À titre de comparaison, l’accord Londres-Édimbourg prévoit que le libellé sera préalablement soumis à la Commission électorale du Royaume-Uni. Un peu comme si le gouvernement du Parti québécois acceptait de faire approuver son projet de question référendaire par Élections Canada. Dream on.
En bref, force est de constater que le modus operandi britannique-écossais s’éloigne, à quasi-tout point de vue, de notre propre historique référendaire. Qu’il se rapproche plutôt, en termes d’essence, des conclusions du Renvoi sur la sécession du Québec : question claire portant directement sur l’indépendance et définie et/ou approuvée par l’ensemble des acteurs politiques. Le gouvernement québécois accepterait-il de se plier à de telles règles de jeu ? Poser la question...
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Guillaume T.
il y a 12 ansIl est effectivement intéressant de regarder me modus operandi qui diffère énormément. Il faut aussi se rappeler que le R-U agit bien différemment que Canada en terme de démocratie. Il est certain que le P.Q. n'accepterait pas ces termes, toutefois, je ne crois pas non plus qu'Harper avec son énorme respect de la démocratie accepterait de proposer une telle question au Québécois. Le Canada anglais et surtout les québécois anglophones n'accepterait pas que le gouvernement fédéral propose un tel référendum.
P.S. Simple précision voici la question que le fédéral a posé lors du référendum de l'accord de Charlottetown en 1992: «Acceptez-vous que la Constitution du Canada soit renouvelée sur la base de l'entente conclue le 28 août 1992»
Alors, je crois pas que le fédéral serait un bon gardien de la clarté si je me base sur ses propres questions lors de référendum, le R-U me semble plus crédible à ce sujet!!!
FB
il y a 12 ansMerci de votre commmentaire. Quant au fédéral, assez d'accord avec vous, notamment après avoir lu l'Accord de Charlottetown en entier !
FB
DSG
il y a 12 ansI haven’t looked at the Scottish referendum issue in a long time but if I remember correctly there are different forms of independence that will be tabled. And I think that all of them provide for different degrees of withdrawal of the English monarchy from Scottish culture. So my point is this: if the Scots can potentially abolish the English monarchy, why does Canada still hold on to that outdated and completely useless institution which many Quebecers see as a symbol of oppression? If we did away with the monarchy it would be a step in the right direction in avoiding another referendum here, n’est ce pas? I’m sure many people still have the image of that old hag Queen Elizabeth signing the 1982 Constitution Act surrounded by Trudeau and his lap dog Jean Chretien.
FB
il y a 12 ansIL s'agirait plutôt, dans les faits, d'un processus devant mener (ou pas)à une forme classique et complète d'indépendance, l'accord entre Édimbourg et Londres excluant toute forme de question relative à une plus grande décentralisation des pouvoirs, réels ou symboliques.
FB