L’IA, une utilisation genrée
Didier Bert
2024-04-09 13:15:21
Les avocates de l’aide juridique utilisent moins l’IA que leurs confrères avocats…
L'intelligence artificielle (IA) pourrait jouer un rôle crucial dans la réduction du fossé judiciaire aux États-Unis, mais les avocates semblent être plus lentes à adopter ces technologies révolutionnaires.
Une étude menée par Berkeley Law met en lumière une différence significative de l'utilisation de l'IA et selon le genre dans le domaine juridique, rapporte Reuters.
L'IA offre un potentiel considérable pour améliorer l'accès à la justice, en particulier pour les Américains à faible revenu, souligne l’étude. Les avocats de l'aide juridique ayant eu accès à des outils d'IA tels que ChatGPT-4, CoCounsel et Gavel de Berkeley ont signalé une augmentation de leur productivité, selon le Center for Law and Technology de l'Université de Californie à Berkeley.
Pourtant, malgré ces avantages évidents, l'étude souligne un écart notable entre hommes et femmes dans l'adoption de ces outils.
Dans l'ensemble, seuls 21 % des avocats de l'aide juridique interrogés utilisaient déjà l'IA. Cependant, ce chiffre masque un déséquilibre frappant : les hommes étaient trois fois plus susceptibles que les femmes d’utiliser l'IA dans leur travail. Une constatation particulièrement préoccupante étant donné que 75 % des avocats de l'aide juridique sont des femmes.
Cet écart de genre s'est toutefois réduit lorsque les avocats ont eu accès à l'IA dans le cadre de l'étude, ce qui souligne le besoin crucial d'une promotion active et d'un soutien ciblé pour encourager l'adoption de ces technologies par toutes les avocates.
Le rapport de l'étude de Berkeley recommande aux entreprises d'IA et aux organisations de services juridiques d'être proactives dans la promotion de l'utilisation de la technologie, en mettant un accent particulier sur l'encouragement des avocates à s'engager avec ces outils.
De plus, il souligne l'importance de rendre ces technologies abordables et de fournir une assistance adéquate pour leur utilisation efficace. En effet, l'accès à la justice reste un problème majeur aux États-Unis, avec 92 % des besoins juridiques civils des Américains à faible revenu non satisfaits, selon la Legal Services Corporation.
Les participants à l'étude de terrain de Berkeley ont utilisé l'IA pour une variété de tâches, allant du résumé d'avis de tribunaux à la rédaction en passant par la recherche juridique.
Cependant, malgré l'intérêt pour ces technologies, de nombreuses préoccupations subsistent quant à la précision des résultats produits par l'IA, ainsi qu'à la protection de la vie privée et à la confidentialité des données.
Les participants ont souligné la nécessité de vérifier et de corriger le travail généré par l'IA, ce qui souligne le besoin continu d'une supervision humaine dans l'utilisation de ces outils.
En somme, bien que l'IA présente un potentiel prometteur pour réduire le fossé judiciaire aux États-Unis, son adoption par les avocates reste en deçà de son plein potentiel.
Pour réaliser les avantages complets de ces technologies, il est crucial de prendre des mesures pour encourager une adoption plus large et plus équitable, en mettant un accent particulier sur l'inclusion des femmes dans cette transformation numérique du domaine juridique.