Me Louis Bouthillier devant le Conseil de discipline

Agence Qmi
2015-03-02 14:05:00
Le dossier de Me Bouthillier, en lien avec le meurtre crapuleux de Raymond Ellis qui remonte à octobre 2005, traîne en longueur. Le syndic lui reproche d’avoir « tenté d’induire le tribunal en erreur » en demandant à la juge un ajournement sous de faux prétextes lors du premier procès des accusés en 2008.

Parjure
Sauf que Dragon avait changé sa version après que les accusés lui eurent donné 15 000 dollars. Pour le prouver, la police a donc planté dans sa cellule deux agents doubles se faisant passer pour des prisonniers afin de lui soutirer des aveux.
Pour laisser le temps aux policiers de mener leur opération, Me Bouthillier avait demandé à la cour une suspension de quelques jours pour préparer le témoignage de Dragon. Et il martèle n’avoir pas eu d’autre choix que de cacher qu’une opération policière se tramait. « Le problème, c’est que Dragon et les accusés communiquaient entre eux, a expliqué le procureur. En le disant à la cour, ça risquait de se retrouver dans les oreilles de Dragon .»
« Avec plus de 20 ans d’expérience à l’époque, j’aurais aussi pu étirer (le témoignage), mais je ne voulais pas faire perdre le temps à la cour, a-t-il dit devant les commissaires. En accord avec mes supérieurs, j’ai pris la décision de demander une remise.»
Improvisation
Mais le procureur le reconnaît, toute cette opération ressemblait à de l’improvisation. « Il fallait trouver un scénario pour corroborer les informations, a expliqué Me Bouthillier. On n’avait pas beaucoup de temps, on a innové, avec la police de Montréal. Dragon a d’ailleurs été accusé puis condamné pour parjures.»
Me Bouthillier a d’ailleurs ajouté que ce procès a été le plus difficile de sa carrière, en plus d’être celui où il a eu le plus besoin d’aide de ses collègues du bureau des procureurs. La juge Sophie Bourque avait finalement ordonné l’arrêt des procédures après avoir appris les manoeuvres du procureur, mais la cour d’appel avait ordonné un nouveau procès.
Au total, un mineur avait écopé de la prison à vie pour meurtre tandis que quatre autres individus avaient été condamnés pour homicide involontaire.
Le dossier de Me Bouthillier devant le Conseil de discipline du Barreau se poursuivra en mai.