Ottawa demandera un sursis d'urgence contre la libération d'Omar Khadr
La Presse Canadienne
2015-05-04 07:00:00
L'un des avocats de M. Khadr Dennis Edney a affirmé que le gouvernement Harper "ne respectait pas l'autorité de la loi". Il a accusé les conservateurs de gaspiller l'argent des contribuables canadiens "pour perdre du temps encore".
Le gouvernement du Canada n'a pas répondu aux demandes d'entrevues.
Le 24 avril, la Cour du banc de la Reine avait autorisé la libération de M. Khadr. La juge June Ross avait conclu que le détenu avait été jusqu'à maintenant un prisonnier exemplaire _ ce que les avocats du gouvernement n'ont pas nié _ et qu'il ne représentait pas de risque pour la sécurité du public.
Le gouvernement fédéral considérait toutefois que cette cour n'avait pas la compétence de statuer sur la question étant donné que le retour de M. Khadr de l'établissement de Guantanamo en septembre 2012 avait été effectué en vertu des traités internationaux de transferts des prisonniers.
Il martelait aussi que de lui accorder cette libération compromettrait les relations internationales et les obligations du Canada _ une position qu'a rejetée la juge.
Elle avait d'ailleurs convoqué une audience mardi après-midi pour déterminer les conditions de libération du détenu, qui devraient correspondre aux normes en vigueur; sauf qu'il sera aussi contraint à vivre avec M. Edney et sa femme Patricia.
Quelques heures après que le jugement est tombé, le gouvernement fédéral avait annoncé qu'il porterait la cause en appel contre celui qu'ils ont décrit comme un "terroriste sans remords". Or, le gouvernement n'avait pas précisé s'il tenterait d'empêcher sa libération en attendant que l'appel soit entendu.
Le prisonnier originaire de Toronto est actuellement incarcéré dans l'établissement à sécurité moyenne d'Innisfail, en Alberta. Il purge une peine de huit ans de prison que lui a imposée une commission militaire américaine, en 2010. Il est détenu depuis près de 13 ans, depuis qu'il a été retrouvé par des soldats américains en Afghanistan en juillet 2012, alors qu'il n'avait que 15 ans.
Mais malgré des jugements de tribunaux américains et l'avis juridique de plusieurs experts aux États-Unis, la section d'appel de la commission militaire n'a toujours pas entendu la cause, alors que Khadr terminera de purger sa peine en octobre 2018.
L'annonce de la Cour du banc de la Reine avait été chaudement accueillie par les sympathisants de M. Khadr, qui le voient comme un enfant-soldat et une victime. Ses détracteurs le perçoivent plutôt comme un djihadiste radicalisé.