Procès diffusé en direct: le Québec n’est «pas rendu là»

Agence Qmi
2014-03-04 12:25:00

«Il faudrait d’abord que ce soit discuté en comité par les juges en chef de la Cour du Québec, de la Cour supérieure et de la Cour d’appel, afin d’en évaluer les impacts. Mais la diffusion d’un procès en première instance où l’on entend des témoins et des victimes, je ne pense pas qu’on soit rendu là», a-t-il ajouté.
D’un point de vue personnel, le juge Pidgeon dit craindre «le danger (pour les médias) de verser dans le sensationnalisme». «Ça me fait peur, a-t-il commenté. Le fait de devoir venir témoigner à la cour est déjà intimidant pour les témoins et les victimes.»
Le printemps dernier, le juge Pidgeon avait annoncé que la magistrature québécoise avait décidé, pour maintenir «le décorum et l’ordre», d’interdire aux journalistes d’utiliser le réseau social Twitter dans les salles de cour pour livrer des comptes-rendus instantanés.
La seule fois où des caméras de télévision sont entrées dans une salle d’audience, c’était le 15 mars 2000, à Québec, devant la Cour d’appel. Le juge Pidgeon y siégeait.
On avait tenté l’expérience alors que deux proches des Rock Machine contestaient leur condamnation pour un meurtre commis durant la guerre des motards. Il s’agissait de débats en droit entre avocats et juges et M. Pidgeon relate que l’intérêt fut mitigé.
Le criminaliste montréalais Richard Dubé y était lui aussi. C’est lui qui avait plaidé la cause des motards. Mais selon lui, il est «évident» que les tribunaux québécois devront réévaluer leur position et ouvrir leur salle aux technologies de l’information.
«Je pense qu’on se dirige vers ça, a-t-il avancé lundi. La justice est publique. Ça se fait dans d’autres pays. Je comprends qu’il y a une crainte que ça devienne un spectacle. Il faut donc trouver le moyen pour protéger les témoins et s’assurer qu’ils s’exprimeront librement en cour.»