Retards des trains de banlieue : une demande d'action collective est déposée
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Radio -Canada
2018-07-26 15:40:00
![La demande d'action collective a été déposée vendredi dernier par l'avocat James Duggan](https://gvm.nyc3.digitaloceanspaces.com/store/uploads/public/di/article/22992__James_Duggan.jpg)
À tel point qu'exo ne peut plus garantir la ponctualité.
La demande d'action collective a été déposée vendredi dernier par l'avocat James Duggan au nom de tous ceux qui ont utilisé le train de banlieue dans les trois dernières années.
Les documents de cour dénoncent l'historique d'exo, dont le service – déjà « mauvais », selon les termes utilisés – aurait empiré l'hiver dernier et dans les deux derniers mois.
Me Duggan, qui est lui-même un usager du train de banlieue, craint aussi des perturbations et des annulations de départs encore plus fréquentes au retour des vacances estivales.
« Je serai couvert, bien sûr, mais ce n'est pas moi le plaignant, précise-t-il. Ce sera Marie-Hélène Desaunettes, qui est également avocate – très compétente et réputée, d'ailleurs –, mais qui est aussi une utilisatrice frustrée par le mauvais service d'exo; elle fournit en outre un bel exemple de l'impact que ce mauvais service peut avoir sur la vie de famille, quand il faut être à la maison à une certaine heure et qu'on n'y est pas, qu'on rate son bus et qu'on doit appeler son partenaire pour venir nous chercher. »
La demande d'action collective indique que le « mauvais service » d'exo a causé des préjudices et des dommages à la plaignante, et ce, pendant plusieurs années, soit bien avant les changements de nom qui ont fait passer l'Autorité métropolitaine de transport (AMT) au Réseau de transport métropolitain (RTM), puis à exo, en mai dernier.
La balle est maintenant dans le camp de la Cour supérieure du Québec, qui devra juger si la demande d'action collective est suffisamment étayée pour être admissible. Le cas échéant, d'autres personnes pourront s'y joindre, souligne Me Duggan.
« La compensation pourrait servir à rembourser ceux qui ont perdu des heures de travail payées, qui ont dû se tourner vers d'autres modes de transport comme le taxi, qui ont dû appeler un ami pour les dépanner ou qui ont dû utiliser leur propre véhicule alors qu'ils avaient payé pour prendre le train de banlieue, illustre Me Duggan. Notre demande couvre tous ceux et celles qui ont subi des dommages par la faute de l'AMT, du RTM et d'exo. Et le système québécois inclut par défaut tous les utilisateurs visés par la demande. En d'autres mots, si le recours collectif est autorisé, tous ces gens-là seront couverts. »
L'avocat explique que sa demande exige d'exo que tout soit mis en oeuvre pour améliorer son service.
Il laisse aussi le soin au tribunal de déterminer l'ampleur des dommages, si sa demande est acceptée.
Ponctualité défaillante
Les dernières statistiques de ponctualité pour la ligne de Deux-Montagnes – la plus achalandée – parlent d’elles-mêmes : depuis que les travaux du REM empiètent sur les voies, on est loin de l’objectif de 95 % de trains à l’heure que s’est fixé exo pour l’ensemble de son réseau. De 97,5 % pour la semaine du 15 au 23 juin, la précieuse ponctualité s’est faite plus rare : 74,3 % entre le 1er et le 7 juillet, puis 71,3 % la semaine suivante – un taux qui remonte un peu au coeur de l’été, à 88,9 % entre le 15 et le 21 juillet.
« C’est clair : à ce point-ci, vu les contraintes avec lesquelles on fonctionne, on ne peut pas garantir la ponctualité », admet la porte-parole d’exo Caroline Julie Fortin, qui précise que son organisation doit composer avec une voie en moins depuis plusieurs semaines.
« On travaille pour avoir des trains à l’heure, ajoute Jacques Coulombe, directeur des opérations et de la planification des trains d’exo. On a enlevé quatre départs de l’horaire pour nous permettre de gérer la voie simple », précise-t-il.
En effet, une voie double permet normalement de faire circuler les trains dans les deux directions. Il y en avait 12,33 kilomètres sur la ligne de Deux-Montagnes; le REM en a fait perdre 2,75 kilomètres.
« On communique avec nos clients aussitôt qu’on a des renseignements; on est là pour les informer », répètent les responsables d’exo. Un agent de liaison avec le service à la clientèle est d’ailleurs présent au coeur du centre d’opération et de surveillance, à quelques pas de la gare Centrale. Il voit en temps réel les plaintes et les commentaires qui fusent sur les réseaux sociaux. Et ils sont légion.
Yves Racine peut en témoigner : il est administrateur du groupe Facebook « Mouvement Train Deux-Montagnes ».
« Il y a des mères de famille qui veulent organiser des manifestations dès septembre, parce qu’elles sont vraiment exténuées. Il y a des gens qui pensent à déménager, à acheter une voiture... S’il y a un recours collectif, je suis certain que beaucoup vont y participer. »
Le risque pour le futur REM de perdre des clients est bien réel, selon le président de Trajectoire Québec, qui milite pour des transports publics de qualité. « Quand une personne quitte le transport collectif, c'est très difficile de la ramener, explique François Pepin. Une fois qu'elle a choisi un autre mode – surtout l'automobile –, c'est une perte pour le transport collectif et pour la société en général. »
CDPQ-Infra (responsable du projet du REM) et exo assurent marcher main dans la main pour assurer le meilleur service possible. Toutefois, pour les six années à venir, l’échéancier du REM risque de dicter la qualité du service de trains de banlieue – en particulier sur sa ligne la plus empruntée.