S.O.S Avocats en détresse!

Julien Vailles
2016-05-18 15:00:00

En effet, les demandes d'assistance reçues par le Programme d'aide aux membres du Barreau du Québec (PAMBA), un service d'aide et de consultation notamment pour les problèmes de stress et d'épuisement professionnel (« burn out ») vécus par les avocats, ont en effet grimpé en flèche dans les dix dernières années, indique l'enquête Déterminants du stress et de la détresse psychologique chez les avocat(e)s membres du Barreau du Québec.
Selon Me Marie-Christine Kirouack, directrice générale du PAMBA, cette augmentation des demandes s'explique par la forte concentration d'avocats de moins de dix ans d'expérience (environ un tiers) et de femmes (plus de 50%) au sein du Barreau du Québec. Ceux-ci ont davantage tendance à faire appel aux services du programme que les autres.
Malgré tout, on dénote une augmentation généralisée des demandes d'aide, même chez les hommes et les avocats plus âgés. Et ce phénomène est en augmentation non seulement au Québec, mais dans tout le pays, assure Me Kirouack.
Fait à noter, de nombreux avocats ont fait l'objet de menaces de violence physique. « C'est comme si une barrière était tombée », relate Me Kirouack. Pour la première fois, c'est comme si c'était devenu acceptable d'appeler son avocat pour lui dire qu'on va lui "casser la gueule" », déplore-t-elle.
Comment expliquer ces chiffres?

Me Kirouack ajoute que la profession a beaucoup changé dans les dernières années. L'arrivée du Nouveau Code de procédure civile en janvier 2016, par exemple, est une importante source de stress.
Mais surtout, l'avènement des nouvelles technologies est le facteur le plus important; les avocats ont aujourd'hui des téléphones intelligents qui les suivent partout, ce qui n'était pas le cas il y a dix ans, remarque Me Kirouack.
Réaction du Barreau du Québec

On s'interroge aussi sur le clivage entre les études et la réalité qui est parfois difficile à surmonter. Le Barreau repense ainsi la manière de présenter le stage de la formation professionnelle, notamment quant à sa durée, confie à Droit-inc Me Prémont. Le CA du Barreau a d'ailleurs adopté une résolution visant à promouvoir les stages rémunérés, ajoute-t-elle.
Rappelons qu'il n'existe présentement aucune obligation de rémunérer les stagiaires du Barreau, le stage étant obligatoire pour obtenir le titre d'avocat.
Des pistes de solutions

« Les patrons ont aussi leur part de responsabilité », croit-il. Selon lui, il est nécessaire d'appuyer ses avocats dans ce genre de situation et même de s'investir financièrement pour obtenir pour eux l'accompagnement requis.
Au Barreau, on suggère de revoir le mode tarifaire basé sur le modèle des heures facturables, grande source de stress, en établissant par exemple des nouveaux modèles de conventions d'honoraires.
Pour la suite des choses, le Barreau assure être bien conscient du problème et déploie le maximum d'outils pour y remédier, conclut la bâtonnière.