Suspension de la bâtonnière: le fil des événements
Rene Lewandowski
2015-07-07 15:30:00
Tout commence le 30 juin 2015.
À midi, la bâtonnière Lu Chan Khuong accorde une entrevue téléphonique au journaliste de La Presse, Philippe Teisceira-Lessard. La coordonnatrice aux communications du Barreau, Martine Meilleur, assiste à l’entretien téléphonique, comme c’est souvent le cas lors de rencontres avec les médias.
Au cours de l’entrevue, le journaliste demande à Me Khuong si elle a déjà eu des démêlés avec la justice et si elle a été récemment accusée de quoi que ce soit. Il lui demande aussi si elle a déjà bénéficié du programme de déjudiciarisation. « L'incident est dans la sphère privée », lui répond-elle.
Après la rencontre, selon nos informations, Martine Meilleur envoie un message à la Directrice générale du Barreau, Me Lise Tremblay, pour l’aviser qu’il y a eu une question problématique du journaliste et qu’il va falloir gérer tout cela.
Au retour du lunch, vers 14 heures, la DG Lise Tremblay et la Secrétaire de l’Ordre, Me Sylvie Champagne font part à Me Khuong du fait qu’elles ont convoqué le conseil d’administration pour 16 heures la journée même afin que la bâtonnière nouvellement élue s’explique sur les événements et les questions posées par le journaliste. Selon La Presse, ce serait la bâtonnière qui aurait convoqué d'urgence la réunion.
Au cours de ce CA extraordinaire, un CA ultra secret où tous les participants ont un devoir de confidentialité vu la nature des informations qu’elle s’apprêtait à leur partager, Lu Chan Khuong raconte au CA sa version des faits, indique une source. Elle explique notamment qu’elle a choisi la voie de la déjudiciarisation sur les conseils de son avocat, Jean-François Bertrand. La réunion téléphonique se termine vers 17 heures.
Après cette réunion, Me Bertrand, reçoit un appel du journaliste de La Presse, qui veut vérifier qu’il était bien l’avocat de Me Khuong lors des événements survenus au magasin Simons de Laval. Me Bertrand confirme d’ailleurs à La Presse avoir conseillé à l’époque à sa cliente d’opter pour la déjudiciarisation.
Me Khuong rappelle le journaliste en soirée, tel que mentionné dans l’article de La Presse du 30 juin 2015. Elle lui rapporte sa version des faits. Le journaliste lui demande ce qui s’est dit durant cette réunion du CA extraordinaire.
Personne, outre les membres du CA, la direction générale et le service des communications du Barreau n’était au courant de cette réunion extraordinaire, ni du fait que Me Khuong avait fait appel à Me Bertrand durant les événements d’avril 2014.
Mercredi 1er juillet 2015
À 10 heures, le 1er juillet, le CA se réunit de nouveau, mentionne une autre source. Qui l’a convoqué ? On ne le sait pas. Mais dans les minutes qui suivent la réunion, le CA appelle Me Khuong pour lui indiquer que sa démission était demandée. Elle refuse sur le champ.
Le CA se réunit une troisième fois, mais sans la bâtonnière. À la suite de cette réunion, le CA rappelle Me Khuong pour lui indiquer qu'une décision a été prise et qu’elle lui sera communiquée à 15 heures.
À 14 heures 41, le 1er juillet 2015, La Presse annonce que le CA du Barreau du Québec a suspendu la bâtonnière. Considérant l’heure de publication, le média a donc eu connaissance de cette information avant même la principale intéressée…