Un avocat connu victime d'un usurpateur sur Internet
Radio -Canada
2020-01-21 14:15:00
Le site Internet d'un avocat prétendant s'appeler François Tremblay utilise à plusieurs reprises la photo de l'avocat, en s'appropriant même des éléments de sa vie.
Par exemple, le site fait mention de la médaille du Conseil du Barreau de Québec décernée à François Tremblay en septembre 2012.
« On sait très bien que c'est le public qui va être fraudé. Je ne sais pas pourquoi il fait ça, si ce n'est que pour de la fraude, évidemment », déplore Guy Bertrand, qui se dit révolté par la situation.
Le texte est identique à celui publié sur le site de Guy Bertrand, à l'exception de son nom qui a été modifié.
Le faussaire s'adjoint également plusieurs avocats associés au célèbre plaideur de Québec.
« La personne s'est servie de mon pédigrée pour dire que (...) ça faisait 30 ans que je fais du droit de l'immigration, alors que je n'en fais pas du tout », s'inquiète l'avocat Michel Gauron.
« Dans le domaine du droit, la réputation est relativement importante », explique pour sa part l'avocat Maxime Robitaille-Gallichan. « Il y a une certaine crainte de mon côté que ces individus utilisent notre image, nous dupent et transmettent des informations au public qui sont erronées. »
Le site Internet frauduleux indique que les bureaux de François Tremblay se trouvent dans un immeuble de l'avenue McGill College, à Montréal.
Il y a bien un dénommé François Tremblay à cette adresse, mais il travaille pour la firme d'avocats DLA Piper.
Ce dernier n'a pas donné suite à notre demande d'entrevue au moment de publier.
Rien de drôle, dit le vrai Guy Bertrand
Chose certaine, l'avocat de Québec ne trouve pas l'affaire amusante et il lance un avertissement à celui qui s'amuse avec son identité.
« L'article 403 du Code criminel prévoit pour la supposition de personne qui fraude à l'identité jusqu'à 10 ans de prison. C'est quand même sérieux. Ce n'est pas une blague », prévient-il.
Le site contient même un terminal pour des paiements par carte de crédit.
Selon un expert en cybersécurité, la démarche a toutes les apparences d'une tentative frauduleuse.
« Il va gagner en publicité, il va gagner la confiance des clients potentiels, pour ainsi permettre facilement à ces clients-là de donner de l’information sur le faux site », explique Steve Waterhouse, ancien officier de sécurité informatique au ministère de la Défense et chargé de cours à l'Université de Sherbrooke.
Steve Waterhouse constate par ailleurs que le faux site est hébergé par un hôte français et qu'il est opérationnel depuis fin novembre.
Guy Bertrand a également alerté le Barreau du Québec.
« Il y aura au minimum des vérifications qui seront faites qui pourraient mener à une enquête. Les enquêtes sont confidentielles jusqu'à la publication de leurs conclusions », indique la porte-parole du Barreau, Martine Meilleur.
Si le faussaire n'est pas avocat, des procédures au civil pourraient être enclenchées, estime l'ordre professionnel.
Informée de la situation, l'entreprise qui héberge le site frauduleux, OVHcloud, dit prendre « très à cœur la sécurité et la confidentialité des données hébergées par (leurs) clients ». Le site frauduleux n'était plus accessible lundi.
« Si une utilisation frauduleuse ou un contenu illégal est relevé, nous disposons d'une plateforme d'alerte animée par une équipe internationale d'experts qui traite quotidiennement tous les signalements de comportements illégaux, explique le porte-parole d'OVHcloud, Guillaume Gilbert. (...) La suspension d'un site internet fait partie de cet éventail de mesures. »