Vent debout pour les fournisseurs alternatifs
Jean-Francois Parent
2019-07-17 14:15:00
Au Canada seulement, le tiers des contentieux d’entreprises utilisent les services de fournisseurs alternatifs pour le litige ou la recherche.
Que ce soit pour la gestion de la conformité, la gestion de la preuve électronique ou la simple analyse contractuelle, les services juridiques plus cléricaux sont davantage confiés aux boutiques spécialisées dans ces aspects du travail juridique.
En fait, le rapport annuel sur les tendances des contentieux d’entreprises de Thomson Reuters relate que 25 % des sociétés vont accroître la part des services achetés auprès des fournisseurs alternatifs… aux dépends des grands cabinets, constate le rapport ''2019 ALSP Industry Trends''.
Routinier ou complexe
Le marché des services juridiques se composent de deux segments principaux, le travail routinier, et le travail complexe. Le travail routinier est de plus en plus délaissé par les cabinets, leurs clients n’étant plus disposés à payer le gros prix pour le travail de recherche ou d’analyse de documents.
L’avantage réside évidemment dans les coûts : et comme les grands cabinets sont davantage réticents à revoir leurs prix à la baisse, cela alimente d’autant l’exode vers les plus petites firmes et les fournisseurs de services.
Alors que le contrôle des coûts est de plus en plus exigé des affaires juridiques, ces dernières hésitent davantage à payer le plein tarif des grands cabinets pour des tâches plus cléricales.
D’où l’essor des fournisseurs alternatifs, dont on prévoit une croissance annuelle de 25% dans les prochaines années.
Mais il y a plus : le rapport Thomson Reuters relève également que les contentieux exigent de plus en plus que les cabinets avec lesquels ils traitent utilisent, eux aussi, des fournisseurs alternatifs.
Autre corollaire de cet engouement : de plus en plus de parts de marchés sont occupées par les grandes firmes comptables, comme KPMG et Deloitte.
EY Law a récemment racheté de Thomson Reuters les actifs de Legal Managed Services, pour justement pousser son avantage concurrentiel sur ce terrain… et sur celui des grands cabinets.
Car les Big Four ont tout ce que les grandes études n’ont pas : une marque mondiale, des entrées dans les salles de conseil du monde entier et, surtout, la capacité d’investir dans la technologie.
Tout n’est pas perdu pour les cabinets cependant, conclut Thomson Reuters: d’abord, de plus en plus de contentieux d’entreprises insistent pour que les cabinets avec lesquels ils font affaires aient recours eux aussi aux services de fournisseurs alternatifs.
Certains cabinets proposent ainsi des services de gestion des fournisseurs alternatifs, et y ont recours eux-même.
Enfin, les cabinets eux-mêmes ont beaucoup à apprendre des fournisseurs alternatifs quant aux façons de mesurer, de documenter et de démontrer aux clients comment réduire les coûts, et sur quoi.