Défendre le droit du public à l’information

Pierre-Karl Péladeau
2012-03-16 14:15:00
Tôt hier matin, les enquêteurs de la Sûreté du Québec sont débarqués à l’improviste chez Éric Yvan Lemay, un journaliste d’expérience du Journal de Montréal spécialisé dans le domaine de la santé, comme s’il s’agissait d’un criminel longtemps recherché risquant de fuir ou de se débarrasser d’éléments de preuves.

Cette perquisition est non seulement injustifiée, elle est carrément abusive. Nous contesterons vivement sa légalité.
Plus encore, nous considérons que cette perquisition est une attaque directe à l’endroit de la liberté de presse et du droit du public à l’information. C’est la troisième du genre en cinq semaines, commise par les autorités policières à l’endroit des médias du Québec.
Une fois, c’était déjà trop. Trois fois, c’est très inquiétant.
Nous sommes en droit de nous questionner s’il s’agit d’un message qu’envoie la Sûreté du Québec aux professionnels de l’information. Est-ce la manière dont les journalistes du Québec seront dorénavant traités par ce corps policier lorsqu’ils assumeront leur rôle d’informer le public ?
Ce qui s’est passé hier est un dérapage policier inacceptable. Il témoigne d’un flagrant manque de jugement.
Nous sommes une organisation de presse importante et responsable. Dans nos quarante-huit ans d’histoire, rien ne pouvait laisser croire aux policiers que nous allions faire disparaître des éléments de preuve. Nous avons toujours collaboré avec la justice tout en faisant valoir nos droits.
Mais qu’avons-nous fait au juste pour qu’un journaliste de carrière, reconnu pour sa rigueur et sa probité, mérite un tel traitement ? La réponse est simple : seulement notre travail.
Il m’apparaît essentiel de rappeler que les médias ont pour rôle d’informer les citoyens sur la gestion des administrations publiques. Toute limitation au plein exercice légal de cette mission aurait comme conséquence de réduire le périmètre de nos valeurs démocratiques si chères aux Québécois.
Qu’il s’agisse de l’administration des hôpitaux, de la transparence des comptes publics, des modalités liées à l’exercice du droit d’accès à l’information des citoyens ou de tout autre enjeu collectif, la direction de Quebecor Média continuera d’appuyer et de soutenir ses professionnels afin qu’ils puissent effectuer la noble tâche qu’ils ont dignement choisie.
Ce n’est pas la première fois que nous sommes victimes d’une tentative d’intimidation. Nous assurons nos lecteurs et le public de notre intégrité et de notre détermination à poursuivre le mandat que nous nous sommes fixé : informer en toutes circonstances.