Le procès de la justice

Jean Barbe/Agence Qmi
2011-06-13 13:15:00
L’affaire Bertrand Cantat, l’affaire DSK, la corruption dans le milieu de la construction, les enveloppes brunes des maires, le méga procès des Hell’s, la saga de l’amphithéâtre de Québec… Toutes ces affaires ont en commun des gens de pouvoir qui s’estiment au-dessus des lois, ou qui cherchent à les contourner…

La classe politique s’en remet de plus en plus aux tribunaux pour ne pas avoir à trancher dans les grandes causes qui pourraient leur faire perdre une partie de l’électorat. Mais ça ne l’empêche pas de vouloir se servir de la justice pour gagner des points dans les sondages. Le méga procès des Hells, dont 31 membres ont été libérés à cause de l’engorgement du tribunal, ne prouve pas la faillite de notre système judiciaire, mais plutôt celle d’un gouvernement qui voulait se faire du capital politique en montant un gros show de boucane plutôt que de laisser les procureurs faire leur job.
C’est de ça, dont a marre l’électorat. Cette quête du profit personnel ou politique au détriment de la justice pour tous a des relents de pourriture. Qu’ils ne viennent pas s’étonner ensuite qu’on lève le nez sur eux.
À chacun sa peine
John Grisham est, depuis La Firme (1991), le maître des best-sellers judiciaires. Je l’aime bien, moi, j’avoue. J’ai lu de lui, l’an dernier, ses « Chroniques de Ford County », un recueil de nouvelles pas du tout judiciaire, et très bien tourné, plein de compassion et d’amour pour tous ces laissés pour compte de l’Amérique à deux vitesses…
J’avais beaucoup moins apprécié sa tentative lamentable (et invraisemblable) de roman jeunesse : « Théodore Boone, enfant et justicier ».

Le gouvernement canadien, qui s’inspire de plus en plus des pratiques états-uniennes, joue aussi cette carte d’une justice particulièrement sévère, implacable pour se gagner des votes. Le roman de Grisham fait particulièrement froid dans le dos quand on pense qu’un jour la justice d’ici pourrait ressembler à celle de là-bas.
Nous avons dormi au gaz, nous avons laissé faire. Notre cynisme de citoyen a laissé le champ libre aux détourneurs de justice et aux démagogues politiques. Nous en paierons chèrement le prix, vous verrez. En fait, c’est déjà commencé.
Pendant qu’on se déchire pour un amphithéâtre, faut-il le répéter, des gens ont faim, d’autres meurent, et beaucoup, beaucoup n’ont plus grand espoir d’un avenir meilleur. N’est-ce pas là, au fond, le vrai crime?