À quel moment quitter pour un congé de maternité?

Question

Bonjour,

Je viens tout juste de débuter un nouvel emploi. Cependant, mon conjoint et moi désirons avoir un enfant éventuellement. Combien de temps dois-je rester afin que ce soit "acceptable" de quitter pour un congé de maternité, que je réduirais disons à 6 mois?

Merci.


Réponse

Chère lectrice,

Il n’y a malheureusement pas de période « acceptable » ou standard qu’il est préférable de laisser écouler avant un départ en congé de maternité car tout dépend des circonstances, du type d’emploi occupé et des attentes de votre employeur.

Vous avez décroché « La Job », le poste qui vous identifie comme la prochaine VP de l’entreprise. Le cabinet est allé vous chercher parce qu’ils ont une grosse transaction ou un procès longue duré à l’agenda pour la prochaine année. Vous vous êtes vendue en entrevue comme une travailleuse acharnée qui ne compte pas ses heures. On vous a choisie parce que c’est vous qu’on voie pour donner le coup de barre nécessaire à l’organisation. Il n’est pas certain que l’annonce de votre maternité sera bien reçue. Même si vous attendez 2 ans.

D’un autre côté, si vous faites partie d’un groupe de plusieurs juristes se partageant une charge de travail, l’interchangeabilité des gens en place rendra la nouvelle beaucoup plus facilement gérable pour votre employeur. Vous pouvez vous mettre au « travail » dès aujourd’hui.

Je vous présente les extrêmes, vous êtes sûrement quelque part entre les deux.

Habituellement, annoncer qu’on est enceinte durant la première année d’un nouvel emploi peut laisser croire que vous avez choisi cet emploi justement parce qu’il accommodait bien vos projets. Est-ce le cas ? Oui ou non, la réponse n’a pas d’importance. On parle de perception et c’est souvent difficile voire impossible à gérer. Alors attendre une année n’est pas une mauvaise idée. De surcroit, ça vous permettra de vous investir à fond dans votre nouvel emploi et de faire vos preuves ce qui facilitera votre retour au travail.

Il y a une autre chose qui est difficile à gérer, je peux vous en parler pour l’avoir vécu. C’est le moment où vous tomberez enceinte. À moins de faire partie des rares couples de chanceux, dame nature risque de contrecarrer vos plans en vous faisant soit patienter, soit une surprise. Alors c’est bien de planifier mais vous pouvez vous permettre certaines extravagances avec votre échéancier.

Ce qui est possible de gérer, néanmoins, c’est une transition agréable pour votre employeur (ça dépend toujours de son ouverture mais à l’impossible nul n’est tenu). Annoncez la nouvelle le plus tôt possible afin qu’il soit en mesure de vous remplacer adéquatement. Pendant ou après les trois premiers mois ? C’est très personnel mais habituellement les employeurs comprennent qu’on attende que les trois premiers mois soient passés. D’un autre côté, bien des employés ne peuvent pas cacher la situation et vous ne voulez pas que votre employeur l’apprenne par la bande.

Au moment de l’annonce et par la suite, soyez pro-active en proposant des mesures transitoires, proposez d’aider à trouver votre remplaçant, mettez en place de mesures ou politiques favorisant le transfert de dossiers, etc… Dans le fond, le secret c’est de ne pas donner à votre employeur l’impression que vous lui balancez quelque chose dans sa cour en lui disant : « voilà arrange-toi avec ça, moi je suis enceinte ».

Pour ce qui est de réduire votre congé de maternité à 6 mois, il s’agit encore de cas par cas, mais ne faites pas l’erreur d’assumer qu’un congé de 6 mois sera moins préjudiciable à l’entreprise qu’un congé de 12 mois. Il est quasiment impossible de trouver un remplaçant de qualité à l’extérieur de l’organisation en lui offrant un contrat de 6 mois. Offrir un contrat de 12 mois peut habituellement permettre de vous remplacer par quelqu’un de qualité. Il faut vraiment vous asseoir avec votre employeur pour voir s’il désire vous remplacer, auquel cas un congé de 12 mois est la norme, ou bien s’il désire « survivre » à votre absence en mettant des dossiers en attente et en redistribuant les urgences à vos collègues. Dans le dernier scénario, un congé plus court sera souhaitable.

Un dernier conseil : Pensez-y bien avant d’offrir l’option 6 mois à votre employeur. Ce pourrait être la solution facile pour lui mais cela surtaxerait vos collègues pendant votre absence, et vous en auriez pour une longue période à votre retour avant de pouvoir voir la couleur de votre bureau. Considérant que votre poupon ne sera pas totalement autonome à six mois, un retour dans le rush n’est pas toujours une bonne idée.

J’espère que ma réponse vous aidera et bonne chance dans ce qui sera, sans doute, le plus beau projet de votre vie.

Pierre Arcand


La Question au Recruteur

Chaque semaine, le recruteur juridique Me Pierre Arcand répond à une question posée par vous, chers lecteurs.

La Question au Recruteur de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes pour autant qu’elles concernent votre carrière de juriste.


Sur l'auteur

Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.