Devenir associée, est-ce encore possible ?

Question

Bonjour,

Je suis avocate dans un cabinet national et je n’ai pas été invitée à devenir associée cette année. On ne m’a pas non plus promis quoique ce soit pour le futur. Comme il y a peu de femmes associées chez-nous, je me dis que le cabinet n’envisage probablement pas de me nommer, alors je me demande s’il y a des cabinets dans lesquels les femmes sont mieux perçues?


Réponse

Chère lectrice,

Je commencerai par vous souligner que votre non invitation au statut d’associé n’a peut être aucun lien avec le fait que vous soyez une femme. Tout comme le fait qu’il y ait peu d’avocates associées au sein de votre cabinet peut s’expliquer de plusieurs façons. Ceci étant dit, je suis conscient que certains cabinets sont encore dirigés par la gente masculine, mais c’est heureusement de moins en moins le cas.

Gente masculine ou non, les cabinets n’ont plus comme seul critère d’accession à l’association, le fait d’avoir plus ou moins sept années d’expérience dans leur giron. Aujourd’hui il faut que l'avocat(e) démontre qu’il ou elle pourra développer une clientèle ou entretenir celle du cabinet, en plus d'exceller en droit bien évidemment. Il s’agit de critères quand même assez subjectifs et par conséquent sources de frustration pour plusieurs.

De par votre question, je comprends que vous avez environ 7 à 8 années d’expérience. Sachez que vous n’êtes pas la seule à vous retrouver dans une situation ou vous voyez le statut d’associé s’éloigner, aussi bien du côté des hommes que des femmes. Lorsque vous avez débuté votre stage, la règle non écrite était qu’après 7 ou 8 années de loyaux et épuisants services, vous vous accèderiez au Saint-Graal de la profession. Vous avez investi votre énergie et vos week-ends dans le projet, mais les temps ont changé ainsi que ladite règle. On ne vous a jamais rien promis donc il est difficile de faire valoir un droit. Alors que faire ?

Premièrement, il faut aller à la source afin de savoir ou vous vous situez dans l’organigramme de vos supérieurs. Peut-être que votre analyse est complètement erronée et qu’ils envisagent de vous inviter l’an prochain. Si ce n’est pas le cas, vous aurez la chance d’obtenir des indications sur ce que vous devriez améliorer ou encore ce qu’on vous reproche. S’il n’y a rien que vous puissiez faire et que les dès sont jetés, vous devez vous poser la question suivante : est-ce que c’est si important pour moi de devenir associée ?

En vous posant cette question, vous vous demanderez ce que vous voulez réellement. Vous devrez sortir votre nez de votre feuille de temps ou de vos dossiers, et regarder ce qui se fait ailleurs. Peut-être que cette réflexion vous amènera à revoir vos objectifs de carrière. Dans le cas contraire, dites-vous qu’il vous faudra encore attendre quelques années. Dans votre cabinet cela vous prendra un certain temps pour convaincre les décideurs de changer d’avis à votre sujet. Dans un autre cabinet, ils vous demanderont de faire vos preuves avant de rejoindre officiellement leurs rangs. Il n’y a malheureusement pas de solution miracle.

Je ne réponds pas précisément à votre question parce que j’aimerais vous inciter à la mettre de côté. Je ne crois pas que la recherche d'un cabinet où les femmes sont mieux perçues soit, la solution du problème. Je crois que vous devriez plutôt vous poser les questions suivantes :
- où en suis-je comme juriste ?
- qu’est-ce qui me démarque de mes collègues ?
- mon expérience est-elle exportable vers un autre cabinet ou un autre type de pratique ?
- quel environnement me faut-il pour être heureuse et où puis-je le trouver ?

Si vous arrivez à la conclusion que c’est comme associée dans un cabinet que vous serez la plus heureuse. Armez-vous de patience et travaillez sur ce qui vous démarque de vos collègues.

Je termine en vous souhaitant d’atteindre vos objectifs et je me permets de vous souligner que si vous êtes nommée un jour associée d’un cabinet, ce sera le moment de faire avancer la cause des femmes et notamment dans l’accès au statut d'associée. Il est beaucoup plus facile de faire changer les choses lorsqu’on les revendique pour autrui, que pour soi-même.

Bonne semaine à tous.

La Question au Recruteur

Chaque semaine, le recruteur juridique Me Pierre Arcand répond à une question posée par vous, chers lecteurs.

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Sur l'auteur

Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.