Double surprise pour la Justice

Avocate de 42 ans, Me Stéphanie Vallée fait son entrée au gouvernement par la grande porte. La députée libérale de Gatineau est la nouvelle ministre de la Justice, responsable de la Condition féminine et de la région de l'Outaouais.

Bien des observateurs et membres de la communauté juridique et politique ont été surpris par cette nomination, alors que beaucoup - dont Me Bertand St-Arnaud, ministre de la Justice sortant - pressentaient la nomination de Me Gilles Ouimet, ancien bâtonnier du Québec, à cette haute fonction de l'État.

Non seulement il ne sera pas ministre de la Justice, mais il ne sera pas ministre du tout! « Nous sommes tous humains. Quand on fait de la politique, il faut accepter qu'on ne peut pas tous jouer sur le premier trio », a-t-il déclaré au Courrier Laval.

Rappelons que lors de la course à la chefferie du parti libérale en 2012, Me Ouimet avait soutenu Pierre Moreau, arrivé en seconde position derrière l'actuel premier ministre.

Parmi les 26 ministres nommés par Philippe Couillard, Me Vallée fait partie des 8 femmes à accéder à un ministère, des 15 nouvelles recrues à faire leur entrée au gouvernement et des 10 ministres qui ne sont pas des élus de la grande région de Montréal.

Un agenda bien rempli

Sur son bureau, les dossiers chauds ne manquent pas et la tâche est rude: suivi de la commission Charbonneau, législation sur la neutralité religieuse de l'État, encadrement des accommodements et lutte contre l'intégrisme sur la base des travaux du comité présidé, d’ailleurs, par Me Ouimet.

« Vous devrez (…) poursuivre les travaux favorisant l'accès à la justice et compléter la réforme de la procédure du Code civil, en mettant l'accent sur les modes alternatifs de résolution des conflits », lui a indiqué le chef du gouvernement hier lors de la cérémonie d'assermentation, rapporte La Presse.

Quelques heures après l'annonce de sa nomination, Me Vallée recevait déjà l'appui de la Bâtonnière du Québec qui lui demandait de se commettre rapidement sur les questions de l'accès à la justice, l’informatisation de la justice, l’éducation juridique et le Sommet de la justice. « Nos interventions seront faites, comme par le passé, dans le respect de l’indépendance de l’Ordre et de sa mission de protection du public », a souligné Me Johanne Brodeur.

Une élue surprise

Élue depuis 2007, Me Vallée en est à son quatrième mandat de députée pour la circonscription de Gatineau. Lors des élections générales du 7 avril dernier, elle avait obtenu son meilleur résultat depuis son arrivée en politique avec 61,6% des votes, devançant largement le candidat péquiste qui n'avait recueilli que 17,5% des suffrages.

« Je suis surprise, car je n'avais jamais eu des majorités aussi grandes que ça, comme le faisait mon prédécesseur, Réjean Lafrenière. Je suis aussi surprise de l'ampleur de la victoire de notre parti dans l'ensemble de la province.», avait-elle alors déclaré à La Presse.

Me Vallée a occupé les fonctions d’adjointe parlementaire à la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport et à la ministre de la Famille d'avril 2007 à novembre 2008 et a été adjointe parlementaire au premier ministre sous Jean Charest entre 2009 et 2012.

Elle a également siégé sur différentes commissions, telles que la Commission de la santé et des services sociaux, Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité, et Commission de la culture et de l'éducation ce qui faisait dire à certains qu'elle serait en charge de la Famille et des Aînés ou de l'Emploi et de la Solidarité.

Liaison entre le droit et la politique

Sa formation d'avocate l'aura certainement aidée à accéder directement à un des plus gros ministères. Membre du Barreau du Québec depuis 1995, Me Vallée a exercé en pratique privée dans le cabinet qu'elle a lancé avec son conjoint en matière civile, familiale et criminelle et intervenait aussi comme médiatrice familiale.

En entrevue avec Droit-inc à l'occasion des élections de 2012, elle se décrivait comme une femme hyperactive pour qui il est impensable de « rester assise dans son salon» , intéressée à la politique depuis ses 18 ans.

Elle expliquait alors qu’elle considère la politique et le droit comme intimement liés, les deux disciplines impliquant, selon elle, des qualités similaires. « On est proches des gens, on doit être à leur écoute, il ne s’agit pas juste de les rencontrer mais de pousser les dossiers, de bâtir des argumentaires. Assurément, les deux fonctions se ressemblent. »

Souhaitons-lui du courage et de la détermination!