Portrait

Les péripéties d’une adjointe juridique

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Céline Gobert

2013-05-23 15:00:00

Découvrez le parcours de cette jeune juriste, devenue adjointe juridique au Québec. Les réalités du terrain ? Les challenges quotidiens ? Le stress ? Elle dit tout à Droit-Inc.
C’est le 9 avril 2009 qu’Emmanuelle Kartner a débarqué au Québec, fatiguée d’un Paris éreintant. Pour celle qui a aujourd’hui 32 ans, Montréal lui paraissait plus tranquille.

« Quand je suis venue en vacances ici, je trouvais que la vie était plus cool, les gens plus sympa et plus polis, il y avait plus d’espace pour tout le monde, le métro était propre…»

Sans enfant, elle tente alors l’aventure…

En France, elle a occupée le poste de rédactrice juridique chez Harvest, une maison d’édition, puis de juriste dans une banque privée au Luxembourg.

« À Montréal, je n’ai pas forcément eu l’opportunité de trouver un poste dans le droit. J’ai cherché et j’ai postulé mais souvent on me disait que je n’avais pas vraiment de connaissances juridiques du milieu montréalais, ou du droit fédéral», explique la jeune femme qui possède un DESS juriste d’affaires, une maîtrise en droit des Affaires ainsi qu’une licence en droit des contrats.

C’est ainsi qu’elle a fait son entrée, le 3 janvier dernier, à la Chambre de la sécurité financière. Elle y assiste le Président et chef de la direction ainsi que la Vice-présidente aux affaires juridiques et corporatives. Et ce, à titre d’adjointe juridique.

Ses challenges ?

1 – Savoir gérer l’agenda du boss

En France, Emmanuelle Kartner a occupée le poste de rédactrice juridique chez Harvest
En France, Emmanuelle Kartner a occupée le poste de rédactrice juridique chez Harvest
« Ce sont des agendas extrêmement chargés avec des réunions qui se suivent les unes après les autres. Faut pas faire courir le PDG à droite à gauche, il faut tout bien organiser pour rendre ses journées les plus faciles et agréables possibles.»

Aussi, Mme Kartner prépare les documents de ses conférences, ses Powerpoint, fait des relectures, propose des améliorations, gère les invitations, les avis de convocation.

« Ce qui est difficile, c’est la prise d’initiatives. Parfois je vais vouloir tenter quelque chose, faire quelque chose à ma manière, puis on va me dire ‘ ah non, ça le fait pas’, et à l’inverse, parfois on va vouloir que je sois plus proactive… Il faut trouver l’équilibre… »

2 – Jouer sur plusieurs tableaux

Même chose, avec les courriels du big boss.

« Il faut bien connaître les interlocuteurs, on ne s’adresse pas à tout le monde de la même façon».

L’une de ses plus grandes responsabilités fut, dit-elle, de la «prise de note dans de grosses rencontres où 35 personnes prenaient la parole». Il lui a fallu avec un «laptop», noter les informations le plus vite possible.

« Il ne faut pas écrire de bêtises car, après, c’est distribué à tous les participants de la réunion.

Si l’on a écrit un truc tout croche, la crédibilité en prend un coup !»

3 – Travailler en équipe

Pour Mme Kartner, ce qui est difficile c'est la prise d'initiatives
Pour Mme Kartner, ce qui est difficile c'est la prise d'initiatives
« Lorsqu’on travaille à la Direction Générale, on a des interactions avec toutes les autres divisions, on est un peu là où se passe l’action, là où l’on prend des décisions», explique l’adjointe.

De sa place privilégiée, Mme Kartner est en première ligne : elle a accès à l’information, aux dessous de l’entreprise, et … à certaines réalités.

« À la Direction générale, on est comme le dernier maillon de la chaîne dans la production des documents. Une fois, je me suis retrouvée à courir après des documents, la veille d’une grosse rencontre».

Ils n’avaient pas encore été produits par les directions.

« Je me retrouvée toute seule jusqu’à 21heures à lancer les photocopies. Là, on se sent un petit peu seule. »

4 – Ne pas se laisser emporter par les émotions

Certaines adjointes d’expérience lui ont donné de bons réflexes, confie-t-elle.

« Lorsque l’on travaille dans le sillage de quelqu’un qui est très occupé, il ne faut pas prendre les humeurs de façon trop personnelle, et il faut essayer d’anticiper ses besoins.»

Le stress ? Il fait partie intégrante de son travail !

« Cela peut être un traiteur qui n’arrive pas alors qu’on a des personnes qui attendent pour manger… Un traiteur qui n’arrive jamais même ! …Car y’a la grève étudiante… On court dans la première boulangerie, les gens ont faim, ils ne comprennent pas et ils s’en foutent qu’il y ait la grève des étudiants au centre ville et que le livreur ne soit pas passé. Cela tombe souvent sur l’adjointe, qui doit dire que la bouffe n’arrivera pas donc là faut savoir réagir vite. »

5 – Savoir faire preuve d’autorité

Selon Mme Kartner, lorsque l’on travaille dans le sillage de quelqu’un qui est très occupé, il ne faut pas prendre les humeurs de façon trop personnelle
Selon Mme Kartner, lorsque l’on travaille dans le sillage de quelqu’un qui est très occupé, il ne faut pas prendre les humeurs de façon trop personnelle
Dans son précédent travail, elle a connu quelques difficultés à travailler avec d’autres adjointes femmes.

« Quand on est à la Direction Générale, on est la ‘voix du boss’, au début quand je m’adressais à l’adjointe d’un directeur, j’étais très gentille, je disais ‘s’il te plaît’ etc, puis je n’avais pas de réponses tout de suite.»

Elle a alors compris qu’il fallait qu’elle apprenne à s’affirmer.

« J’ai compris que les gens devaient se rendre compte que c’était urgent quand il voyait s’afficher mon numéro.»

En effet, le problème du boss devient vite... SON problème !

« On a besoin des autres adjointes, c’est comme une pyramide, elles sont là pour nous aider, nous procurer des documents dont a besoin, donc faut savoir les ménager, avoir de bonnes relations avec, mais parfois quand ça va pas assez vite, faut savoir faire preuve d’autorité.»

Pour « se défouler après une grosse journée», Mme Kartner s’entraîne plusieurs fois par semaine, et fait de la gym intensive.

Enfin, pour se détendre elle n’hésite pas à savourer un bon film d’horreur entre amis, comme Evil dead. Ou encore un bon concert, tel le groupe Bloc Party.
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