À l'Ouest, toute !

Comme la plupart des avocats se lançant en solo, Me Linda Jensen désirait plus de temps, de liberté, de flexibilité.

En 2007, alors que ses deux enfants sont en bas âge, elle décide de quitter le cabinet McCarthy Tétrault où elle exerce à Montréal depuis 2002, date d’obtention de son Barreau du Québec, pour se lancer en solo et créer Services conseils Juridica Inc.

« J’aimais beaucoup mon cabinet et mes collègues, mais je voulais trouver un équilibre entre le travail et la famille. Me lancer en solo est un pas concret que j’ai décidé de faire… et je ne l’ai jamais regretté », déclare Me Jensen.

Aujourd’hui, elle propose ses services en tant que recherchiste aux cabinets et conseillers internes chez les corporations. Cela inclut la recherche de la jurisprudence, doctrine, législation.

« Mes services sont exclusivement destinés aux avocats. Je fais également beaucoup d’analyse, de rédaction de documents, de procédures, des mémoires d’appels, des notes de services destinés aux clients éventuels », précise-t-elle.


En 2011, elle effectue un autre grand saut: elle déménage en Alberta et passe alors le Barreau de cette province, ce qui lui offre un double bassin de clients : deux provinces, deux juridictions, common law et droit québécois.

« Il y a des différences, en matière de droit substantif, mais mon approche, elle, ne l’est pas. Je gère un cabinet virtuel, et quels que soient les clients, tout est affaire de réseautage. »

Selon elle, il faut savoir inspirer confiance, surtout lorsque le travail se fait à distance.

Conquête de l’ouest

Pour cela, elle participe à des activités de réseautage, des conférences, des comités, qui lui permettent d’avoir des interactions avec des avocats à qui elle peut dévoiler ses compétences, expliquer son expérience.

« Il faut qu’ils sentent que je suis une personne expérimentée, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. »

Son site internet, également, en plus d’un réseau déjà existant, lui permet de s’attirer rapidement une clientèle.

« C’est une façon essentielle d’exposer ce dont je suis capable. D’ailleurs, j’ai aussi déposé une annonce sur Droit-Inc… », confie-t-elle.

Du coup, sa clientèle se compose d’anciens collègues qui ont lancé leur propre cabinet, et qui connaissent déjà la fiabilité de son travail, mais aussi du bouche à oreille, de grands cabinets, ou d’avocats internes.

Même si les échéances sont parfois serrées, elle ne reviendrait en arrière pour rien au monde.

D’autant plus qu’il y a de plus en plus de ressources électroniques, et pas qu’en jurisprudence, qui lui facilitent la tâche.

« En majorité, ce sont des cabinets de petites et moyennes tailles. Je constate que de plus en plus d’avocats sont intéressés, ils recherchent- pour certains dossiers- la valeur que possède une recherchiste par sa compréhension des questions de droit. »

Mais ce n’est pas tout…

Si Me Jensen attire le client, c’est aussi parce qu’elle applique des tarifs réduits par rapport aux grands cabinets. Tarifs qu’elle préfère ne pas mentionner mais qui, dit-elle, « sont attractifs pour le client ».

« Cela peut être dispendieux d’embaucher quelqu’un à temps plein. J’offre une aide ponctuelle, sur la base d’un mandat encadré et défini. Et je vais à la rencontre du client. »

À 42 ans, cette ancienne rédactrice technique pour des compagnies informatiques a trouvé dans la pratique solo un développement de carrière, qui n’était pas possible auparavant.

« Le droit offre toujours un défi à relever, il mêle deux de mes intérêts : l’analyse et la vie des gens. »

Mélange de rigueur et humanité donc pour cette avocate optimiste qui croit à l’expansion de sa pratique.

« Les cabinets sont en quête d’alternatives dans leur façon de procéder en matière de recherche, d’assistance. De plus, la pratique en solo est de plus en plus acceptée. J’espère que cela va continuer ! »