En solo dans le monde techno
Daphnée Hacker-b.
2013-01-08 14:15:00
« Aujourd’hui, je ne peux simplement plus concevoir l’idée de retourner dans un grand bureau, j’étais prêt à tourner la page! » lance Me Michel Généreux, confortablement assis dans la chaise de son nouveau bureau aux murs vert lime, situé sur la rue Notre-Dame.
Comme l’explique l’homme qui a été plus de 20 ans au sein de grandes firmes, ce n’est pas un geste impulsif, mais bien le fruit d’une réflexion mûrie.
Même si cela ne fait que quelques semaines qu’il a lancé son cabinet boutique Généreuxlégal, le téléphone sonne régulièrement et les journées sont bien remplies.
« Je me suis spécialisé dans un créneau, c’est pour ça que je suis certain que mon cabinet va bien fonctionner », indique-t-il.
Son créneau, c’est celui des transactions commerciales liées aux technologies de l’information (TI), un domaine en constante évolution.
« Toutes les entreprises, qu’elles soient en pâte et papiers, en fabrication de produits ou en services bancaires, ont besoin de services informatiques et de logiciels numériques spécifiques. » Et surtout, rappelle-t-il, les industries ont besoin d’un expert pour s’assurer d’effecteur les bonnes ententes avec les fournisseurs.
Et puis, il faut bien le dire, l’entregent et la détermination sont des atouts nécessaires pour pratiquer en solo.
« L’expertise c’est une chose, mais il faut aussi une personnalité dynamique pour percer et maintenir une bonne clientèle. C’est ça qu’il faut quand on se retrouve à être notre propre patron. »
Une découverte bostonienne
Mais d’où vient cet intérêt pour cette niche spécialisée des TI? « C’est de la faute aux Américains! » dit-il en riant.
Après avoir fait ses premières années de pratique chez Stikeman Elliot, en litige commercial, Me Généreux se décide à réaliser un rêve d’enfance : vivre aux États-Unis.
Grâce à son barreau du Massachusetts, il déniche un poste dans un important cabinet de près de 500 avocats, Testa Hurwitz & Thibeault, qui n’existe plus aujourd’hui.
C’est là qu’il touche à plusieurs dossiers liés aux TI, dont le tout premier recours collectif déposé au Massachusetts en rapport au « fameux bogue » de l’an 2000.
« Après Silicon Valley, Boston est l’une des plus importantes villes en technologies de l’information. Mon cabinet était en charge de litiges de grande envergure, c’était très formateur. »
Mais pour des raisons familiales, l’aventure américaine ne dure que deux ans. C’est toutefois un bagage riche en expérience qu’il ramène au Québec… et surtout, un coup de foudre pour les TI.
« Quand je suis revenu chez Stikeman, à Montréal, j’ai retrouvé avec bonheur mes anciens collègues en litige commercial, mais j’ai vite senti le désir de consacrer ma pratique aux TI, et j’ai rapidement joint l’équipe du droit des affaires. »
Le chemin vers la spécialisation
C’est en 2002 que l’opportunité de développer une expertise plus poussée se présente avec l’ouverture d’un bureau d’Osler à Montréal.
« J’ai rencontré Shahir Guindi, maintenant associé directeur du bureau, qui à l’époque était responsable de monter un groupe en TI commercial. »
Après trois ans, il devient le premier associé « in-grown ». Le travail va bon train. Il se penche sur des dossiers volumineux, se forme énormément… mais ne développe pas sa clientèle.
« J’ai eu comme priorité de me bâtir une expertise avant de trouver des clients, mais en 2009, j’ai senti que le temps était venu. »
Il quitte Osler pour Heenan Blaikie, où il met sur pied le département des TI. Voilà, il est enfin senior en TI.
« J’avais confiance en ma connaissance et j’ai pu développer une belle clientèle et en même temps former de jeunes avocats dans le domaine. »
Aujourd’hui, il regarde son parcours qui l’a mené dans cette petite pièce où les boîtes sont encore à vider, et il est en paix avec son choix.
« Ma pratique en solo va me permettre d’adhérer à mon plan d’affaire, qui convient à mes objectifs ». En effet, avec les années accumulées dans de grandes firmes, le besoin de se sentir autonome semble être la voie vers le bonheur pour cet avocat déterminé.
« Je pense que je vais être plus heureux, que je vais avoir plus de succès. C’est un grand saut si tu n’es pas certain de ta manœuvre, mais j’ai le goût et la confiance pour le faire », conclut-il.
Michel Généreux sur les raisons qui l'ont poussé à se mettre à son compte et sur ce que ça implique :