Du litige à la création numérique
Jean-francois Parent
2017-05-23 13:25:00
« J'ai commencé à faire de la vidéo sur YouTube voici trois ans, j'ai développé une audience et puis, des offres se sont manifestées », explique David Freiheit, qui a fondé avec son père, Mortimer Freiheit, le cabinet éponyme, voici deux ans. Me Freiheit père a été associé chez Stikeman pendant 43 ans.
Me Freiheit fils constate une niche intéressante lorsque Facebook, puis Emirates Airlines, entre autres clients, lui achètent certaines de ses vidéos diffusées sur le canal Viva Frei.
Près de 17 000 abonnés et 21 millions de visionnements plus tard, il quitte définitivement le litige. « J’ai réalisé que j'aimais tellement plus créer des œuvres originales que de me chicaner », explique l'avocat issue de la promotion 2005 à l'Université Laval.
L’avocat derrière le créatif
Luxy Media, qui l'avait approché à l'automne 2016, sera pour lui l'occasion de développer sa créativité. L'agence fait dans le conception et la gestion de campagnes marketing numériques, en plus de la vidéographie.
« La transition a été assez organique, relate le Barreau 2006. La vidéo, qui était un passe-temps au début, m'occupe à temps plein depuis l'an dernier. »
L'avocat n'est pas loin derrière le créatif au sein de l’agence. Car qui dit contenu dit droits d'auteur et de suite. « Le gros problème sur Internet concerne le respect des licences. Le « licensing » numérique est une industrie qui n'existait pas il y a 10 ans », explique David Freiheit, qui plaidait pour le compte de BLG jusqu'en 2010.
Dès qu'on affiche des contenus sur internet, celui-ci est susceptible d'être repris: publier quelque chose en ligne le rend susceptible d'être piraté ou volé.
Ce nouvel univers permet également la monétisation des contenus. D'où l'importance de la gestion des licences et des droits de reproduction.
« Lorsque des géants comme Facebook, Apple ou Google reprennent leurs contenus, tous les créateurs savent que s’ils veulent en tirer profit, il faut absolument passer par la gestion des droits. »
Accroître la présence virtuelle des cabinets
Au-delà de ces questions, David Freiheit est satisfait de pouvoir oeuvrer dans un domaine en pleine effervescence.
« Au plan du marketing, on vit dans une situation où l'on peut faire tellement plus pour une fraction de ce qu'il en coûtait avant, avec une portée incroyable ! »
Il est en position de constater l'important retard du monde juridique relativement à la chose numérique et au marketing: on n'attache pas d'importance au rayonnement numérique du cabinet. « Plus de 80 % de la navigation internet se fait sur des appareils mobiles », et pourtant rares sont les cabinets dotés d'un site web répondant à la technologie mobile.
Quant aux médias sociaux, on n'en parle même pas. « Un grand cabinet dont la page Facebook est laissée à l'abandon, ça ne fait pas sérieux. »
Peu de cabinets s'intéressent vraiment à leur présence virtuelle. « La création de contenus (pouvant être diffusés), dans le monde juridique, est un défi de tous les instants », observe-t-il.