SOQUIJ veut se renouveler grâce à l’IA
Delphine Jung
2017-07-10 15:00:00
Car le but final est d’« incorporer l’intelligence artificielle et le machine learning dans nos processus pour moderniser et optimiser SOQUIJ ». Pour l’instant, SOQUIJ diffuse pour les professionnels, les citoyens et les étudiants, des décisions des tribunaux judiciaires et parfois de certains tribunaux administratifs
Ce nouveau virage entre dans la volonté du CA de donner à SOQUIJ une nouvelle orientation, « en raison des enjeux qui touchent le milieu juridique », précise M. Lajoie.
Ces enjeux, il en compte deux principaux : « l’évolution du numérique, notamment l’émergence de start-up dans le milieu juridique. Je pense au modèle de CanLII, par exemple, qui est gratuit. Il n’y a pas que les médias qui sont frappés par le phénomène de la gratuité ».
En effet, avec l’avènement du numérique, de nombreuses ressources sont accessibles gratuitement pour tous. CanLII, par exemple, met aussi en ligne des jugements.
Un plan stratégique sur trois ans a ainsi été mis en place pour y répondre et a été présenté au partenaire de SOQUIJ, le ministère de la Justice. La Société compte livrer de nouveaux produits et services à valeur ajoutée, moderniser et optimiser ses opérations devenues obsolètes, et se diversifier.
L’objectif restant le même, à savoir apporter des solutions pour les différents créneaux visés par SOQUIJ, à savoir « le créneau judiciaire, juridique et administratif » et simplifier le droit pour tous.
Une « météo juridique »
Gilles Lajoie donne un exemple : « Nous travaillons sur un outil d’aide à la décision. J’appelle ça la « météo juridique ». Cela permettrait de donner des perspectives par rapport à une cause précise. On pourrait y trouver les causes parallèles, la probabilité en termes de durée, en fonction de l’endroit où la cause a été traitée, par quel juge, s’il y a des précédents, etc. ».
« On a déjà présenté le concept de cet outil d’aide à la décision à des cabinets d’avocats, à la magistrature. Ils ont tous souligné la plus-value qu’il pourrait leur apporter », ajoute-t-il.
Reste à la société de préciser la manière d’atteindre ses objectifs. Et pour l’y aider, elle reçoit l’aide d’Element AI, une compagnie qui transforme des travaux de recherche et de pointe en AI en applications transformatrices.
« L’entreprise a réalisé une analyse de nos processus pour voir comment on va pouvoir introduire l’IA. Ils vont nous dire ce qui est réalisable et ce qui est plus hypothétique, ou nous montrer d’autres possibilités auxquelles on n’avait pas pensé. Leur rapport va nous aider à déterminer une feuille de route », poursuit le directeur en assurant avoir été témoin d’un grand intérêt de la part des acteurs du milieu juridique concernant les bouleversements qu’entraînera l’IA.
Mais SOQUIJ n’infiltre pas un marché libre de concurrents. Ross Intelligence, Beagles ou encore le dernier né québécois, Redox, ont eux aussi flairé le filon de l’IA. En plus d’autres compagnies qui proposent parfois des services similaires à SOQUIJ.
« Je ne les vois pas vraiment comme des concurrents. Je viens du milieu du numérique et on y apprend à parler avec tout le monde, alors j’ai de bonnes relations avec les gens de CanLII et du CAIJ (Centre d’accès à l’information juridique, ndlr). On peut être complémentaire et combler les attentes de chacun de notre bord par rapport à la clientèle qu’on veut satisfaire.
Question financement, Gilles Lajoie compte sur les ressources à l’interne. « Nous n’en sommes qu’aux balbutiements, nous ne savons pas encore ce que l’IA implique », explique le directeur.