Mes pronostics pour l’élection : victoire à l’arrachée du PLQ
Ryan Hillier
2018-10-01 14:40:00
Un électorat divisé
En effet, si les principales maisons de sondage ne sont pas d’accord sur tous les points, elles semblent s’entendre sur deux sujets, notamment en raison de chaude lutte à laquelle se livrent la Coalition Avenir Québec et le Parti libéral du Québec : d’une part, le gouvernement élu sera probablement minoritaire et, d’autre part, il sera presque certainement mené par l’un de ces deux partis.
Depuis quelques jours, la CAQ de François Legault et le PLQ de Philippe Couillard reçoivent effectivement chacun la faveur d’environ 30 % des Québécois, alors que les deux partis souverainistes, le Parti Québécois de Jean-François Lisée et Québec Solidaire, dirigé par Manon Massé, se partagent grossièrement l’autre 40 % des intentions de vote (avec quelques miettes allant au NPDQ, le Parti vert et le Parti conservateur).
Un vainqueur ''in extremis''
S’appuyant notamment sur la popularité de la CAQ auprès des électeurs francophones (elle qui récolte près de 35 % des intentions de vote au sein de ce segment de population contre seulement 20 % pour les Libéraux), la majorité des sondeurs d’opinion et politologues tendent à prédire que le parti de François Legault récoltera le plus de sièges à travers la province suivant le dépouillement de ce soir, certains se permettant même de projeter une majorité caquiste. Or, il y a trois facteurs qui me poussent à croire davantage à une victoire à l’arrachée du PLQ :
1-La « prime à l’urne » libérale
Selon cette théorie de l’ancien premier ministre Robert Bourassa, les électeurs libéraux se font souvent plus discrets avec les sondeurs et réservent leur décision pour l'isoloir. Vu l’impopularité actuelle du PLQ et de certains de ces candidats vedettes dans les médias, cette fameuse « prime » pourrait particulièrement se faire sentir cette année.
2- Le vote non-francophone
Comme à chaque élection, le PLQ a une fois de plus dominé dans cette catégorie de l’électorat, se situant à plus ou moins 70 % dans les intentions de vote. Comme il y a 37 comtés à travers le Québec où le bassin d’électeurs est composé d’au moins 25 % de francophones, le succès des troupes de Philippe Couillard auprès de ce segment de la population pourrait s’avérer particulièrement bénéfique au PLQ.
Considérant le nombre important de courses serrées à travers les circonscriptions du Québec, le vote non-francophone fort en faveur des Libéraux pourraient bien faire mentir les résultats de sondages locaux menés en cours de campagne, lesquels sont plus souvent qu’autrement basés sur de très petits échantillons d’électeurs.
3- Les aînés s’activent, mais les jeunes s’abstiennent
Alors que les Québécois et Québécoises de plus de 55 ans tendaient à favoriser la CAQ au moment du déclenchement des élections, la majorité des sondeurs confirment un retour en force du PLQ auprès de cet électorat depuis la mi-campagne. Or, historiquement, les électeurs plus âgés exercent en plus grande proportion leur droit de vote que la population en général, une réalité qui, considérant la tendance précitée, favorisera les Libéraux encore cette année.
Les jeunes de 18 à 34 ans sont, de leur côté, généralement moins enclins à aller voter; cela dit, cet autre phénomène ne risque pas d’affecter de façon importante la lutte à laquelle se livrent la CAQ et le PLQ. En effet, c’est plutôt Québec solidaire qui risque d’en subir les plus graves conséquences, sa récente montée dans les intentions de vote étant principalement le résultat d’une hausse des appuis de jeunes électeurs à son égard.
Je me permets donc la projection de sièges suivante, tout en soulignant que, puisque les résultats des sondages sur lesquels je m’appuie pour en venir à cette conclusion se trouvent à l’intérieur de la marge d’erreur, cette élection pourrait virer tant aux Libéraux qu’aux Caquistes :
PLQ : 52
CAQ : 48
PQ : 20
QS : 5
Un après-bal haut en couleurs
Advenant l’élection d’une minorité de députés du PLQ ou de la CAQ, le suspens post-élections pourrait s’avérer encore plus important que celui que nous connaîtrons pendant la soirée électorale.
Le (très) récent exemple des élections générales au Nouveau-Brunswick, où les Conservateurs ont remporté un siège de plus que les Libéraux, alors que ces derniers ont largement triomphé en terme de vote populaire, pourrait être source d’inspiration pour les partis du Québec.
En effet, que le PLQ remporte ou non le plus grand nombre de sièges ce soir, nous pouvons nous attendre à ce que le premier ministre sortant, Philippe Couillard, demande rapidement au lieutenant-gouverneur l’opportunité de solliciter l'appui de la majorité de l’Assemblée nationale pour se maintenir au pouvoir, conformément à la tradition parlementaire. Et c’est alors que le Québec se retrouverait plongé dans un véritable thriller politique.
Le PLQ arriverait-il diriger le parlement à la pièce, en négociant avec les partis d’opposition chaque élément de son programme? Ou bien, réussirait-il à négocier une entente avec le PQ et/ou QS lui permettant de continuer à gouverner? Plus improbable encore, ces mêmes partis accepteraient-ils de collaborer avec la CAQ pour mettre fin au « règne » libéral des dernières années? Seul l’avenir nous le dira.
D’un point de vue strictement idéologique, les politiques du PQ et de QS sur le plan « identitaire » se rapprochent un peu plus de celles du PLQ que de celles de la CAQ. Par contre, vu de l’angle socio-économique, les propositions de la CAQ attireraient peut-être davantage les deux partis souverainistes ; mais encore là, le programme de centre-droite de François Legault se trouve à des années lumières des valeurs fondamentales au cœur des engagements progressistes de Jean-François Lisée et Manon Massé.
Cela dit, dans une telle optique, l’on pourrait s’attendre à ce que tout gouvernement de coalition ou d’alliance, qu’il découle d’un accord à court ou moyen terme, soit le résultat de calculs davantage stratégiques qu’idéologiques.
Alors, qu’attendez-vous? Aux urnes, citoyens !
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