Entrevues

L’avocate péquiste qui n’a pas sa langue dans sa poche

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Delphine Jung

2018-12-05 14:35:00

Pour celle qui pourrait un jour être députée, le déclencheur a été le printemps érable de 2012, alors qu’elle n’était encore qu’au Cégep.
Si elle aime le droit, Me Frédérique St-Jean vit surtout pour la politique.
Si elle aime le droit, Me Frédérique St-Jean vit surtout pour la politique.
Me Frédérique St-Jean ne fait pas partie de ces politiciens qui parle à bâton rompu. C’est peut-être même ce qui lui a permis de se faire élire présidente du Comité national des jeunes du Parti québécois (CNJPQ) au printemps dernier.

Si elle aime le droit, la jeune femme de 25 ans vit surtout pour la politique. « J’ai toujours eu un intérêt pour la politique, mais aussi pour le droit international », explique-t-elle en prenant une gorgée de café.

Alors oui, le droit, elle aime ça. Mais surtout le droit constitutionnel, le droit municipal ou encore le droit de l’environnement. Tous ces domaines qui finalement, ont un lien très étroit avec la politique d’après elle.

D’ailleurs, c’est ce genre de droit qu’elle exerce dans le cabinet qui l’a engagée il y a un an, Bélanger Sauvé, après ses études en droit à McGill.

Pourtant, la femme de gauche ne l’a pas forcément choisi pour sa réputation en droit du travail, côté travailleurs. Elle y fait plutôt « à 60 % du litige civil et à 40 % du droit municipal ».

Dans sa famille, pas un avocat et encore moins de politiciens. « Ma famille n’est pas très politisée », précise-t-elle.

Dans les manifs étudiantes

Pour elle, l’élément déclencheur a été le printemps érable de 2012, alors qu’elle n’était encore qu’au Cégep. Elle manifeste, se pose des questions et ressent cet appel pour une société plus juste, dans laquelle tout le monde a un accès facile à l’éducation supérieure.

« Mais tout cela allait même encore plus loin. On s’opposait à l’austérité libérale », ajoute la jeune femme.

À l’époque pourtant, ce n’est pas le PQ qui gagne son cœur, mais Québec solidaire (QS). Jusqu’à ce qu’elle se rende compte qu’entre elle et les solidaires, le courant ne passe pas tant que ça.

« Je trouvais le PQ plus pragmatique, plus réaliste que QS. Puis j’ai toujours été souverainiste et il me semblait que le PQ était une meilleure option », dit-elle.

L’avocate veut donc aller plus loin et décide de « mettre la main à la pâte », et se présente pour devenir la présidente du CNJPQ.

« Je sentais que le moment était important, notamment avec l’approche des élections de 2018. Ce moment allait définir le Québec pour les quatre prochaines années et moi, je voulais sensibiliser les jeunes », raconte-t-elle, le visage animé.

Rejoindre les jeunes

Frédérique St-Jean se bat justement pour ramener les jeunes au PQ.
Frédérique St-Jean se bat justement pour ramener les jeunes au PQ.
Rejoindre les jeunes, les réconcilier avec la politique, c’est la mission que s’est donnée Frédérique St-Jean.

Une fois élue, la jeune avocate commence à rencontrer les figures du parti. Jean-François Lisée, Véronique Hivon, Paul St-Pierre Plamondon, Jean-Martin Aussant. Elle découvre avec enchantement leur implication « bénévole » comme elle aime le souligner.

S’il y en a une qui la marque particulièrement, c’est Véronique Hivon. Elle aussi avocate d’ailleurs. « Elle m’inspire beaucoup par sa façon positive de faire de la politique. Durant la course à la chefferie, j’étais toute gênée de lui parler, mais finalement, je me suis rendu compte qu’elle était une personne comme une autre », raconte-t-elle.

Plusieurs regrets

Durant l’été, la campagne bat son plein. Le soir du 1er octobre, les militants déchantent. Le PQ se retrouve avec 10 députés. Jean-François Lisée est défait.

Me St-Jean a plusieurs regrets. Le premier, c’est la manière dont le PQ a mis en avant l’environnement. Pour elle, il est passé à côté. « On avait un programme de 30 pages incroyable, mais personne n’en a vraiment entendu parler. On aurait dû mettre plus l’emphase dessus », croit-elle.

Autre sujet qui aurait mérité d’être plus mis en avant, c’est la rémunération des stages. « Le PQ s’est engagé à instaurer une loi qui donne un statut juridique aux stagiaires. Ça n’a pas été un engagement fort durant la campagne », dit-elle.

Et que pense-t-elle de la stratégie du PQ d’avoir un peu délaissé l’enjeu de la souveraineté lors de ces élections?

« La souveraineté ne se limite pas à dire à quelle date tu vas faire un référendum. Il faut d’abord convaincre plus de 50 % de la population que le Québec doit devenir indépendant », analyse-t-elle en faisant référence à la volonté de Jean-François Lisée d’attendre un deuxième mandat pour faire un référendum.

Et la Charte des valeurs? L’avocate estime qu’on a tourné cette page, et laisse croire qu’elle n’a pas vraiment soutenu l’initiative.

Frédérique St-Jean ne pense pas non plus que le PQ est un « vieux parti ». Elle se bat justement pour y ramener les jeunes, car elle croit fondamentalement que l’avenir du parti passe par la jeunesse et que c’est elle qui doit redéfinir le projet du PQ.

Malgré la défaite, la jeune femme reste positive. Elle pense même un jour se présenter pour devenir députée. Pour atteindre cet objectif, le droit devrait l’aider. « Il m’a permis de comprendre le fonctionnement du droit constitutionnel, des prérogatives fédérales et provinciales, de la manière dont il faut encadrer les projets environnementaux », explique-t-elle.

Pas vraiment fan de la partisanerie, Frédérique St-Jean veut dépasser certains clivages pour penser plutôt au bien commun. « La partisanerie, ça n’aide pas forcément le système. Je suis capable de reconnaître que le Parti libéral a de bonnes idées lorsqu’il en a, et même lorsque la Coalition avenir Québec en a », dit-elle.
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16 commentaires
  1. Colbert
    Colbert
    il y a 5 ans
    Ministre pour le PQ
    Ministre ou député pour le P.Q., Juge à la Cour de l'Échiquier, Gérant de magasin Blockbuster, Sears ou Toys R Us, avocate chez Heenan Blaikie ou chez Guy et Gilbert, des choix inspirants...

  2. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Elle ferait mieux de joindre QS, puisqu'elle est danc ce camp
    "Et la Charte des valeurs? L’avocate estime qu’on a tourné cette page, et laisse croire qu’elle n’a pas vraiment soutenu l’initiative."


    La page n'est pas tournée pour la majorité des Québécois.

    Une autre option pour elle serait de travailler pour LaPresse, comme assistante de François Cardinal. Dans son texte d'opinion de ce matin ("Mais pourquoi fermer la porte ?"), ce dernier éructe:

    "La décision de réduire de près de 24 % le nombre d'immigrants au Québec est tellement paradoxale qu'on ne sait par quel bout commencer.

    Il y a le fait, par exemple, qu'un parti fier d'être « nationaliste » choisit de se battre avec Ottawa pour... diminuer encore un peu plus le poids démographique du Québec au Canada. Curieux."


    Le choix est donc simple: rejoindre les nationalistes soucieux d'une immigration intégrable (qui sont majoritairement à la CAQ, comme la Gazette et le Post l'ont remarqué), ou les pseudo-nationalistes de QS, qui sont pressés de noyer le Québec dans une immigration destructrice pour le tissu social, et qui sont les aliés objectif des fédéralistes.

  3. Me
    Bravo!
    Bravo chère consoeur!

    Bonne continuation et, évidemment, vive le Québec libre!

  4. DSG
    j’ai toujours été souverainiste
    The PQ? Does that still exist? I thought they were finished. Nevertheless, I wonder why a staunch separatist would go to McGill. I'm so anglo that I prefer my meats boiled yet McGill wanted nothing of me. I had to go to a French school where I was bullied and ostracized. They claimed that it was due to my character but I don't believe them. It was because I was English, for sure.

    • Me
      Response to DSG
      Dunno about your assessment. I am a Francophone who went to French school. I was bullied and ostracized and it was definitely because of my personnality. I was an arrogant little jerk. I learned from it and most people consider me to be a good guy. Based on some of your previous posts, you may want to question the root of your being bullied

    • AC
      Some things you don't learn at uni
      Like sarcasm and irony.

    • DSG
      It was really tough
      I really did try to make friends. I would tell people I wanted to be friends with where I would hide the books in the library that contained the best jurisprudence. I would notify them before formatting the hard drive in the computer lab so that no one else could use it after I finished. I showed them how to reconnect the photocopiers I disconnected so that they could make photocopies. It just didn't make any sense to me that people still didn't want to be my friend. It's because I'm English, for sure.

    • Me
      to DSG
      They just failed to appreciate your rather twisted sense of humour I suppose.

  5. Pirlouit
    Pirlouit
    il y a 5 ans
    Ô Canada
    François Cardinal est en service commandé. Pas très compliqué de comprendre qu'on préfère être un peuple moins fort démographiquement qu'une plus grosse masse de gens multiculturalisés, ghettoïsés et sans histoire. Il y a le reste du Canada pour ça.

    Sinon un francophone à McGill ... d'un côté on ne devrait pas encourager ce système universitaire anglophone qui nous concurrence mais de l'autre c'est bon de connaître de ses rivaux.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Bêtise quand tu nous tiens...
      "grosse masse de gens multiculturalisés, ghettoïsés et sans histoire"

      Euh, elle remonte exactement à quand l'histoire du peuple québécois? Parce qu'il semble que la majeure partie des immigrants sont issues de civilisations dont il est fait mention dans des ouvrages datant du Moyen-Âge ou même de l'Antiquité. C'est qui, qui parlait des Québécois ou même connaissait ce peuple avant le 17ème-18ème siècle?

      Après, vous vous étonnez qu'on ne vous prenne pas au sérieux quand vous êtes maîtres dans l'art de formuler des arguments incongrus. Ça pense que de s'imaginer supérieur à ceux qui ne sont pas comme eux et à faire du révisionnisme historique, c'est la marque d'un peuple souverain. Mouais!

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      l'Histoire du peuple québécois
      "Euh, elle remonte exactement à quand l'histoire du peuple québécois?"


      L'histoire du peuple québécois remonte à l'arrivée ici de colons français, dont les descendant ont défrichés les terres cultivables qu'on cultive encore aujourd'hui, et à qui on est redevable d'une très grande partie de la richesse d'aujourd'hui (qui est mal partagée au sein de ce peuple, et exposées à des pillages de toutes sortes).

    • Pirlouit
      Pirlouit
      il y a 5 ans
      D-
      @Bêtise quand tu nous tiens : en tout cas je ne suis pas celui qui a besoin d'insulter les autres pour essayer de convaincre. Ça nous en dit long sur la force de votre argumentation.

      Le reste de votre commentaire est plutôt surprenant. Je ne répéterai pas ce qu'une personne vous a déjà expliqué mais si vous ne considérez pas que 400-500 ans constituent de l'histoire, il y a un problème. On n'a pas à rougir parce que le premier homme de Cro-Magnon n'est pas né sur notre territoire.

      Je ne parlais pas des cultures étrangères de chaque immigrant mais plutôt de cette espèce de culture neutre et vide qui se créé justement par le mélange des cultures refusant d'adopter celle de la terre d'accueil. Quand on colonisera une planète on verra mais pour le moment on est au Québec et il y a une obligation morale sinon à adopter cette culture et cette histoire, au-moins à la respecter.

      Quant au révisionnisme historique, vous ne savez manifestement pas ce que c'est. Comparer deux histoires n'en est pas. Réécrire ces histoires le serait, mais ça n'a même pas été abordé ici.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      re D-
      Pirlouit, n'essayez pas de parler d'histoire à un jeune, à moins qu'il démontre un début d'ombre de connaissance minimale en la matière.

      Ou franchement, évitez de faire référence à quoi que ce soit qui ne peut pas être résumé en deux paragraphes de style Wikipedia gros maximum.

      Ils ne connaissent rien. EUH-RIEN.


      Et c'est peut-être aussi bien comme ça.

      Ceux qui connaissent des bribes de notre histoire glanées dans les quelques heures de cours au secondaire se sont fait dire, en un mot comme en mille, qu'on étaient les nullards de l'univers, et que sil y a quelque chose de bon dans notre société, c'est grâce aux aborigènes et aux immigrants post-1915. (Tout de même étrange que tant de gens vendraient leur mère pour s'établir précisément ici, faudra qu'un charmant millénial vienne me l'expliquer).

      Sinon, la joke du "révisionnisme" de votre interlocuteur(trice) est bien bonne. Me semble que lorsqu'on est né avec un ordi dans les maisn, le minimum serait de savoir comment "googler" la signification d'un terme.

  6. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    NO WONDER
    "Frédérique St-Jean se bat justement pour ramener les jeunes au PQ." Se battre, c'est le bon mot! Nous ne sommes même pas capable de rallier le peuple autour de causes urgentes et universelles comme par exemple la santé de notre planète. Il me semble qu'il n'est pas difficile de comprendre pourquoi les jeunes n'en ont rien à foutre de la souveraineté du Québec. Contrairement aux babyboomers, les jeunes ont compris que la souveraineté de la province n'est pas la solution à la faim dans le monde, au cancer, aux gaz à effet de serre ou à la mondialisation.

  7. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    C'est un ingrédient de base essentiel de la lutte contre la mondialisation
    Sans contrôle sur les leviers de l'état, nul combat possible contre la mondialisation.

  8. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    re No wonder
    Et voici un AUTRE millénial qui oublie un beau gros 20 ans d'histoire (ie la génération X).

    Excusez du peu.

    Mais passons.

    Vous dites: «Contrairement aux babyboomers, les jeunes ont compris que la souveraineté de la province n'est pas la solution à la faim dans le monde, au cancer, aux gaz à effet de serre ou à la mondialisation.»

    Je dis: la plupart des jeunes ont probablement appris à l'école ou par eux-mêmes l'existence du sophisme du faux dilemme, dont votre commentaire est un parfait exemple.

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