Refusé en droit… et multimillionnaire!
éric Martel
2019-07-16 15:00:00
Selon ce gazouillis de l’ex-dragon, il s’agit de la seule faculté de droit à l’avoir admis, en 1986.
Merci à la seule faculté de droit qui m’a donné une chance em 1986. https://t.co/2AcKnzkCFx
— Mitch Garber (@mitchgarber) 27 juin 2019
Est-ce vrai?
« Oui, et c’est une très belle et longue histoire », confie-t-il à Droit-Inc, en direct de l’Italie, où il s’est rendu pour les affaires… et des vacances.
Après avoir complété un baccalauréat en relations industrielles à l’Université McGill, Me Garber souhaitait étudier en droit afin de devenir avocat, et éventuellement pratiquer au Québec.
Il a donc soumis une application à l’Université McGill, l’Université de Montréal et l’Université de Sherbrooke.
Il a finalement été admis dans ces deux dernières universités, sous une condition bien précise: réussir un examen de français.
« Je n’ai pas passé. Montréal et Sherbrooke ont retiré leurs offres, et je me retrouvais sans autre option », raconte-t-il.
Mais ça, c’était avant d’avoir postulé à la faculté de droit civil de l’Université d’Ottawa, où aucun examen de français n’est requis lors de l’admission. Même s’il envoie son application sur le tard, la faculté ottavienne l’accepte.
« C’était définitivement le début d’une longue histoire! », lance-t-il en riant.
L’hommage ultime
Une longue histoire qui l’amène à obtenir un doctorat honorifique de son alma mater en droit, et dernièrement, l’hommage ultime: l’Ordre du Canada.
« C’est difficile de mettre un mot sur les émotions que ça m’amène, verbalise Me Garber. Quand j’ai étudié en droit, ce n’était pas pour gagner des prix. En fait, je n’y aurais jamais cru. Je n’étais pas un étudiant très fort. »
À la faculté de droit, il explique qu’il se classait rarement parmi les élèves les plus forts. Il faut dire que le fait qu’il n’était parfaitement bilingue, alors qu’il suivait des cours en français, ne l’aidait certainement pas.
« Quand je lisais des jurisprudences, il fallait que je le fasse plus lentement que mes collègues, et probablement à plus de reprises », explique-t-il.
N’empêche, l’homme d’affaires avoue qu’il excellait en plaidoirie. Son talent l’amène à s’implanter dans le domaine du jeu, et à représenter Loto-Québec au sein du cabinet de son parrain, Me Modern « Cookie » Lazarus de Lazarus Charbonneau.
« J'avais une pratique très mixte, en droit commercial et matrimonial. J’ai beaucoup aimé plaider. C’est vraiment en plaidant une requête ou un procès que je me sentais le plus confortable. »
« Je suis avocat »
Aujourd’hui, même si cela fait déjà 20 ans qu’il ne pratique plus le droit, il se présente toujours comme un avocat.
« Quand on me demande ce que je fais dans la vie, je dis que je suis avocat. C’est important pour moi et c’est un statut que j’apprécie beaucoup, explique-t-il. C’est pour cela que je paie toujours mes cotisations. »
Il faut savoir qu’à la base, il croyait réellement passer toute sa carrière dans une toge.
Mais en 1997, son amour des affaires le rattrape. Deux de ses amis, Joel Leonoff et Rory Olson, le convainquent de fonder une filiale à Total.net, leur entreprise.
« Et avec le temps, cette partie de l’entreprise est devenue la partie la plus importante », raconte-t-il.
Par la suite, son parcours l’a amené à devenir président de PartyGaming, Playtika et de Caesars Interactive entertainment. Nul besoin de mentionner qu’aujourd’hui, la pratique du droit ne lui manque pas!
De toute manière, le Barreau 1990 a pu garder la pratique du droit dans son quotidien, puisque son épouse est Me Anne-Marie Boucher, l’une des avocates fondatrices du cabinet BCF…
L’importance du Barreau
Aujourd’hui, le Président du Cirque du Soleil est très occupé. Entre la mise sur pied d’un nouveau spectacle sur glace, et même une expansion en Chine, Me Garber garde son oeil sur la ville de Seattle, qui accueillera une nouvelle équipe de hockey en octobre 2021, dans laquelle il a investi.
Montréalais d’origine et anciennement partisan des Canadiens, il n’a qu’un souhait: voir le Canadien remporter une Coupe Stanley d’ici là.
« Ils ont deux ans! Ils peuvent gagner la Coupe en 2020 ou 2021, mais après, je ne célébrerai plus pour eux! » lance-t-il en s’éclatant de rire.
Sur une note plus sérieuse, l’ex-dragon s’estime très chanceux de se retrouver dans une situation où il peut contrôler entièrement sa vie professionnelle, même s’il doit composer avec un agenda qui déborde.
« Je ne fais rien que je n’aime pas, ou que je ne veux pas faire. J’ai une passion pour les affaires, surtout tout ce qui touche les grosses transactions, à des milliards de dollars. J’adore cela. »
Alors, à la lecture de ces lignes, vous ressentez l’envie d’abandonner vos études en droit et l’obtention de votre Barreau pour vous lancer en affaires?
Pas si vite.
« Je pense que pratiquer donne une autre formation que ce que l’on peut apprendre à l’école. Ça permet de gagner de la maturité. Les jeunes d’aujourd’hui peuvent parfois manquer de patience. Ils veulent faire de l’argent dès maintenant. Donne-toi plutôt la chance d’apprendre en pratique, de rencontrer plusieurs types de personnes » , conclut-il.