« Fuck you » lance un avocat en interrogatoire!
éric Martel
2019-07-30 15:00:00
Dans un jugement déposé le 3 juillet dernier, le conseil, présidé par Me Maurice Cloutier, a déterminé que l’avocat avait « manqué à ses devoirs d’agir avec dignité, honneur, respect, modération et courtoisie. »
Me Woloshen a plaidé coupable au seul chef dont il était accusé. Les deux parties proposaient une réprimande à l’avocat, proposition conjointe que le comité a acceptée.
Me Samy Elnemr syndic adjoint du Barreau du Québec, agissait à titre de plaignant dans le dossier, tandis que Me Woloshen était représenté par Me Donald Devine de Devine Schachter Polak.
Interrogatoire houleux
En 2017, Me Woloshen défend un groupe d’individus, à qui l’on reproche de ne pas avoir remboursé des prêts, lors d’un interrogatoire hors cour. Pourtant, le groupe assure avoir déjà remboursé ces prêts.
Me Halabi interroge l’un de ces défendeurs, Nikolaos Giannakopoulos.
L'interrogatoire est houleux. Giacomo Triassi, client de Me Halabi, multiplie « les expressions faciales et les grimaces ». Il intervient dans l’interrogatoire mené par son avocat, lançant en anglais « il est si bizarre, ce gars », au sujet de Nikolaos Giannakopoulos.
Me Woloshen lui répond : « mêle-toi de tes affaires. »
Les esprits s’échauffent. Nikolaos Giannakopoulos suggère à Giacomo Triassi de trouver un criminaliste, « parce que la falsification de documents et de signatures est une infraction pénale, Maître. Vous le savez très bien et vous ne pouvez pas l'aider. »
Me Woloshen, de répondre à son propre client : « Arrête ça. Jésus Christ! ».
Malgré ces distractions, Me Halabi poursuit son interrogatoire. Voyant que Nikolaos Giannakopoulos est distrait, il lui demande d’arrêter de regarder Giacomo Triassi.
« Non, mais tu devrais aviser ton client d’être sérieux lorsque tu fais des interrogations. C’est une cause très sérieuse pour la cour », rétorque Nikolaos Giannakopoulos.
« Message reçu, merci », indique Me Halabi, avant de poursuivre son interrogatoire. Insatisfait des réponses de Nikolaos Giannakopoulos, il lui pose les mêmes questions à répétition.
Au secours de son client, Me Woloshen tente de l’arrêter.
- Assez, c’est assez, indique-t-il.
- Comme vous l’avez dit, nous sommes dans une affaire sérieuse, réplique Me Halabi.
- Fuck you.
- C’est du respect, quand vous me dites ``fuck you¨`?, questionne plus tard Giaccomo Triassi. C’est du respect?
- Désolé, désolé, s’excuse Me Woloshen
- Je suis silencieux et tu me dis ``fuck you¨`? Vous êtes un avocat. Vous êtes un professionnel.
- Fils de pute, dit Giaccomo Triassi.
- Tu as copié ma signature, putain de gars, lui réplique Nikolaos Giannakopoulos.
C’est à ce moment que Me Woloshen craque.
S’en suivent des insultes entre le demandeur et le défendeur.
Me Halabi en a assez, et décide de mettre fin à l’interrogatoire. Me Woloshen l’en remercie.
Repentant
Lors de sa comparution devant le Conseil de discipline du Barreau, Me Woloshen a renouvelé ses excuses devant Giaccomo Triassi, se disant « embarrassé par sa propre conduite. »
Contacté par Droit-Inc, il a abondé dans le même sens. « Bien sûr que je regrette mes actes. On ne dit pas une chose pareil. J’avais beaucoup de choses dans mon assiette à ce moment-là, ce n’était pas une période facile. »
Tel qu’on peut le lire dans le jugement, sa soeur était très malade, et sa famille vivait « des situations difficiles. » Sa soeur a finalement rendu l’âme, en février dernier.
Me Woloshen s’est retiré de ce dossier, dans lequel il a été remplacé par Me Maxime Nault de Mathieu Kellner Avocat.
D’ailleurs, les demandes introductives d’instance de Giaccomo Triassi ont été rejetées en mars dernier.