Au revoir, Me Dunton!
Florence Tison
2020-10-14 15:00:00
« Juriste émérite, praticien apprécié de ses collègues et de sa clientèle, Me Dunton se distinguait par son flegme légendaire, son humour unique et son ouverture à la culture du Québec », souligne son cabinet.
« Pour tous les gens qui l'ont connu, c'est une grande tristesse », souligne son partenaire Me Jean-Jacques Rainville, en entrevue avec Droit-inc. « On perd d'abord la personne phare de notre réorganisation en 1988. C’est quand même un deuil pour toute l'organisation! »
Né à Montréal en 1933, Me Dunton a étudié en droit à l’Université McGill avant d’être admis au Barreau en 1957. Il a entamé sa carrière au cabinet Lafleur, Brown, Pitcher, Boulton & Lamb. Il a ensuite joint le contentieux de la Canadian International Paper Company, en 1960, où il a travaillé avec L’Honorable Gerald LeDain, ancien associé du cabinet et juge de la Cour suprême du Canada.
En 1965, Me Dunton retourne à la pratique privée en se joignant au cabinet Riel, LeDain, Bissonnette, Vermette & Ryan, le futur Dunton Rainville.
C’est au sein de ce cabinet qu’il rencontre l’actuel président de Dunton Rainville Me Jean-Jacques Rainville, alors qu’ils planifient la fusion de leurs cabinets.
« Je m’en souviens très bien! indique Me Rainville. Je pense que c’était la même personne qu’il a été toute sa vie : beaucoup de flegme, beaucoup d’humour, et qui était un francophile. C’était une personne très ouverte sur le monde. Il a été le premier à s'équiper à l'introduction des ordinateurs et est toujours resté à la fine pointe. »
Me Rainville se rappelle d’ailleurs qu’à l’arrivée des montres Swatch sur le marché, Me Dunton en a aussitôt arboré une au brillant bracelet orange, « alors que ça tranchait avec le conservatisme (du milieu du droit). Orange, rien de moins! » rigole le président de Dunton Rainville.
L’intérêt de Me Dunton pour les technologies se transposait dans sa pratique. Parmi les gros contrats en haute technologie qu’il a supervisés se trouve notamment l’achat d’un immense ordinateur de la Californie par le Québec à la fin des années 1980.
Au cours de sa longue carrière, il a également représenté et conseillé une importante clientèle composée d’entreprises internationales du secteur des pâtes et papiers, des télécommunications, des technologies de l’information, du génie, de la finance et de la comptabilité.
La création de Dunton Rainville
C’est à partir de 1988 que le cabinet adopte comme principale dénomination Dunton Rainville. Me Rainville se souvient très bien de la conversation ayant précédé ce « défi », qu’il dit être l’un de ses plus beaux souvenirs avec Me Dunton.
« (Me Toupin, Me Dunton et moi,) on prenait un grand engagement tous les trois ensemble pour tout notre avenir : un acte de confiance mutuel pour tous les trois », se rappelle avec émotion le président du cabinet.
Dans cette réunion historique comme dans toute situation, qu’elle soit stressante ou non, Me Dunton gardait une patience, une écoute et un calme impressionnants. Des qualités qui ont déteint sur tous ses collègues, et particulièrement sur Me Rainville.
« Il m'avait enseigné à garder mon calme même dans des situations très adverses », souligne le président de Dunton Rainville.
« Quand il y avait une situation tendue, il avait toujours un moyen de la détendre avec humour sans avoir à hausser le ton. Il n’avait pas une agressivité inutile; ça ne faisait pas partie de sa vie. Quand il était très fâché, il disait : “ Jean-Jacques, je pense que cela est vraiment inconvenant ”. Ça voulait dire : “ Jean-Jacques, ça va pas du tout ”! »
Me Dunton s’est officiellement retiré des activités de son cabinet en 2011, mais était déjà plus effacé depuis quelques années. Il a notamment été maire de la ville de Hatley (1996-2003), où il s'était installé avec son épouse dans les années 1990.
Soulignons aussi que Me Dunton était tout un musicien. Il s’est produit à plusieurs reprises au Metropolitan Opera de New York avec le Chœur St-Laurent, et également en compagnie du Chœur de l’OSM à la Place des arts. Ces dernières années, il s’était mis au bowling sur gazon.
Malgré sa retraite, Me Dunton ne manquait pas de faire ses visites et d’envoyer des mots à ses anciens collègues, jusqu’à tout récemment.
« On va s’ennuyer de son humour », glisse Me Rainville.
« Chaque fois que Jaime venait au bureau, il y avait toujours un moment où on lui laissait la parole. Il avait toujours les bons mots pour détendre l'atmosphère et s'assurer que les gens allaient travailler ensemble, et ça, c'est certain que ça va nous manquer. »
Jaime W. Dunton laisse dans le deuil son épouse Marjorie Lee (Sooky) Black; ses enfants Betsy Wilson (Ron Wilson) et Tom Dunton (Margaret Hamilton); ses beaux-enfants Geoffrey, Cym and Sally Gomery et leurs conjoints Louise Bunn, Pierre-Alain Bachecongi et Shawn Scromeda; ses petits-enfants Rob, Kate, Rory, Sasha, Rupert, Sarah, Madeleine, Charlie et Edward, ainsi que bien des amis et membres de sa famille.