Bastarache

Pauline Marois demande à Charest de torpiller la commission Bastarache

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La Presse Canadienne

2010-06-18 16:21:00

Le premier ministre Jean Charest devrait torpiller la commission Bastarache, selon la chef péquiste Pauline Marois.
Elle estime que cette commission n'a plus aucune crédibilité, ni raison d'être, depuis que son président, le juge Michel Bastarache, a choisi de ne pas entendre l'opposition officielle, formée par le Parti québécois (PQ).

"Nous demandons que M. Charest mette fin à cette comédie d'erreurs", en mettant la clé dans la porte de la commission, a dit Mme Marois, vendredi, en point de presse, devant le parlement.

Elle a soutenu que sa formation politique avait agi "de façon très honnête et de bonne foi" en déposant une demande de témoigner devant la commission. Comme cette requête a été refusée, il est temps de mettre fin à la farce, selon elle.

"Nous avons voulu y être. Nous pensions que c'était légitime, c'était fondé, et Me Bastarache en a décidé autrement", a-t-elle ajouté, déplorant qu'aucun des intervenants invités à témoigner devant la commission ne viendrait faire contrepoids aux arguments du gouvernement.

Jour après jour, la légitimité de la commission, chargée de faire la lumière sur les allégations de trafic d'influence dans la nomination des juges proférées par l'ex-ministre de la Justice Marc Bellemare, ne cesse d'être mise en doute.

Le ras-le-bol de Mme Marois fait écho aux nombreuses critiques entendues ces dernières semaines, notamment des autres partis d'opposition.

La veille, le chef de l'Action démocratique, Gérard Deltell, revendiquait que les travaux de la commission soient suspendus, le temps qu'on examine plutôt la question en commission parlementaire.

Mercredi, le député de Mercier, porte-parole de Québec solidaire, Amir Khadir, disait quant à lui en être rendu à considérer que l'exercice était futile.
Malgré cela, le gouvernement n'a pas l'intention de céder aux pressions.

Le porte-parole du gouvernement dans ce dossier, le ministre Claude Béchard, a dit vendredi, lors d'un entretien téléphonique, que le véritable problème des péquistes c'est "qu'ils n'ont jamais vraiment voulu être entendus" par la commission.

Il réfute donc tous les arguments de Mme Marois, en estimant que de toute façon, en vertu de n'importe quel scénario, son parti aurait pris "tous les moyens pour ne pas y aller".

Et non seulement M. Béchard refuse de blâmer le président de la commission, pour son choix de ne pas entendre l'opposition officielle, mais juge-t-il que c'était le seul à sa disposition dans les circonstances.

Car pour mener à bien son mandat, Me Bastarache doit rester sur le terrain juridique et éviter le champ miné de la politique, a-t-il fait valoir.

"Son rôle, à la limite, c'est d'être carrément, peut-être, bête politiquement, mais ultra-compétent au niveau juridique", selon lui.
Il en va de sa crédibilité, plaide M. Béchard.

Si l'opposition officielle s'est vue refuser le privilège de témoigner, ce ne fut pas le cas du gouvernement, qui y sera représenté, tout comme le premier ministre Charest et le Parti libéral du Québec (PLQ).

Les témoins doivent être entendus à compter de la mi-août.

Le premier ministre Charest avait mis sur pied la commission quand l'ex-ministre Marc Bellemare, en poste à la Justice entre 2003 et 2004, avait affirmé avoir subi des pressions de collecteurs de fonds du PLQ pour favoriser certaines nominations de juges.

M. Bellemare a dit quant à lui qu'il refuserait de se prêter au jeu et de témoigner devant la commission Bastarache.

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1 commentaire
  1. Cynik
    Un dindon de plus dans la farce
    Personellement, j'ai toujours trouvé Pauline Marois semi-hystérique - et son attitude ne modifie pas trop mon jugement...

    Oui, l'opposition devrait être entendue lors de la commission Bastarache - par exemple: comme le PQ était au gouvernement durant les années 2000-2003, ils auraient un intérêt à témoigner du processus de nomination des juges à l'époque. Mais non, la position en audition adoptée par le PQ c'était de plaider de laisser à ce parti le droit de "jouer son rôle d'opposition".

    Évidemment que Bastarache allait refuser! C'est un ancien juge de la Cour Suprême pour l'amour du Ciel, s'il y a bien une catégorie de personnes férue en théorie du droit constitutionnel et fondamental, il en fait partie: le rôle d'opposition se joue à l'Assemblée Nationale, pas aux tribunaux!

    Franchement, c'est décevant que personne au PQ n'ait pensé une seconde à cette évidence - c'était un argument qui n'avait aucune chance de l'emporter au plan juridique! En théorie, je suis d'avis que l'opposition aurait du avoir le droit de participer à la Commission Bastarache, mais ils auraient du soutenir leur demande par d'autres motifs.

    Tel mon pseudonyme, je me demande s'il ne s'agit pas d'une manoeuvre calculée. Sachant pertinemment que l'argument serait rejeté mais que personne dans la population lambda ne lirait effectivement pourquoi, Marois à beau jeu de hurler à la magouille et aux complots libéraux en transportant ça sur l'arène publique.

    Honnêtement, non seulement je trouve ça cheap shot mais en plus ça ne va sans doutes pas générer les résultats qu'elle voulait obtenir. Elle aurait probablement eu plus d'effet si elle avait effectivement participé à la commission, parce que en se scellant à l'extérieur, elle ne pourra plus rien influencer.

    Et nous savons tous déjà comment ça va se terminer. Ça va coûter des millions de dollars, ça va durer longtemps et rapidement le public va s'en lasser pour passer à autre chose. Puis, quand ça sera moins chaud, Bastarache va pondre un rapport qui va blanchir Charest,le PLQ et le gouvernement: non, personne n'a fait preuve de favoritisme. Il va y avoir un joli paper trail officiel, plein de gens qui vont témoigner et Bastarache utilisera de sa libreté d'appréciation des faits pour juger fiables et crédibles les preuves de l'indépendance et de l'impartialité du système judiciaire. Personne n'a pensé au fait que si vraiment il y a un trafic d'influence dans le processus de nomination des juges, Bastarache pourrait être impliqué jusqu'au cou ? Même s'il ne l'est pas: simplement à cause de son historique personnel il est impossible de balayer tout doute à cet effet.

    Et de même d'ailleurs pour le personnel de la commission.

    Sed quis custodiet ipsos custodes?...

    Au pire du pire, une ou deux têtes vont tomber si le public a besoin de sang. Big deal. Rien ne va changer.

    Une vaste blague quoi.

    Le PQ n'est qu'un dindon de plus dans la farce...

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