Climat de peur entre les murs de l’UQÀM

Agence Qmi
2015-02-26 11:31:00

Comme plusieurs, il met en doute la légitimité du mandat de grève obtenu par son association mardi. Comme lui, plus de 400 étudiants ont signé des pétitions pour obtenir de la direction de l’université un référendum sur la légitimité de deux associations.
Les votes auront lieu le mois prochain et pourraient se solder par la disparition de l’Association facultaire des étudiants en science politique et droit (AFESPED) et de l’Association facultaire des étudiants en sciences humaines (AFESH).
Des étudiants cagoulés
« C’est un noyau hypermilitant qui convoque les assemblées de grève et en décide les règles », dénonce une étudiante en droit qui a préféré taire son identité. Comme elle, plusieurs ont peur de prendre la parole.
« Quand des gens cagoulés peuvent rentrer dans les cours en hurlant, éteindre les lumières et vous insulter, il faut éviter la confrontation », a confié une autre étudiante qui a requis l’anonymat.
Pour le Pr Julien Bauer, cosignataire avec 13 collègues d’une lettre dénonçant le climat de tension à l’UQÀM, les militants ont imposé « une atmosphère délétère » qui noie tout débat public.
Débat étouffé
À l’assemblée générale de l’AFESPED, mardi, le débat sur la pertinence d’une grève a été monopolisé par les voix favorables. Les rares interventions des sceptiques étaient ridiculisées.
Les grévistes, eux, étaient appuyés par des segments entiers de la salle qui agitaient les mains en l’air en signe d’approbation – les applaudissements étant proscrits.
Quiconque mettait en doute un débrayage était catégorisé comme étant favorable à l’austérité.
« Ce n’est pas un gouvernement majoritaire nouvellement élu qui va nous écouter parce qu’on ne va pas à nos cours. Il faut innover si on veut être entendus », a plaidé un étudiant de science politique. Ce à quoi une toute jeune étudiante a répliqué que la rue était la seule option. « Je veux me battre pour me sentir vivante, montrer que j’existe », a-t-elle dit.
Vote à main levée
Les modérateurs eux-mêmes jugeaient les arguments des sceptiques irrecevables et leur reprochaient de ne pas respecter les codes de procédure.
Dans ce contexte, plus de la moitié des participants à l’assemblée ont voté pour que la décision de faire la grève ou non soit prise par référendum électronique et non pas lors d’un vote à main levée. Mais cette proposition a été rejetée, car une telle demande doit obtenir la majorité des deux tiers, selon les règlements de l’association.
Les tribunaux appelés en renforts
Mettant en doute la démocratie estudiantine, un étudiant en droit de l’UQÀM a tenté d’obtenir une injonction pour empêcher la tenue mardi de l'assemblée générale de grève de son association.
David McLauchlan soutenait que ces assemblées « donnent lieu à du harcèlement et à des actes d'intimidation à l'encontre des opposants à la grève ».
Dans un tel climat, les opposants ne peuvent s’exprimer librement et se voient imposer une grève malgré eux, selon lui.
Judiciarisation
Rejetée par la Cour supérieure, cette requête ne fait pas l’unanimité, même chez les étudiants opposés à la grève.
« Oui, je regrette la manière dont l'assemblée générale s'est déroulée, mais je reste très opposé à la restriction des droits et libertés fondamentaux », explique Alexandre Luiggi.
Du côté de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), on dénonce « la judiciarisation d’un mouvement démocratique à la base ».
Kathryn
il y a 10 ansprécision: quand Alexandre a dit « C’est une honte pour un courant qui veut incarner le dernier rempart démocratique », c'est l'absence de référendum, qu'il visait et non spécifiquement le mandat de grève...
Luiggi Alexandre
il y a 10 ansJe tiens juste à préciser que dans mon témoignage à la presse, ce n'est pas la grève en soi que je considère comme honteuse mais le refus de tenir un référendum sur cette question alors que l'assemblée générale de grève ne représentait que 15 à 20% des étudiants représentés par l'association étudiante. Par ce refus nous avons discriminé les étudiants et étudiantes devant assumer, en plus de leurs études, un travail, une vie familiale ou les deux et ne pouvant passer 6 heures dans une assemblée de grève se tenant en pleine semaine d'examen, peu de temps après la tenue de précédente.
TLP
il y a 10 ansSans vouloir dénigrer l'UQAM, vous saviez dans quoi vous vous embarquiez en choisissant cette faculté de droit. Vous n'avez que vous-mêmes à blâmer puisque vous auriez pu entrer à Sherbrooke ou Laval avec les notes requises pour entrer à l'UQAM.
Faut vivre avec les conséquences de ses choix maintenant (et OUI je fais référence à ce que vous dénoncez dans votre message et pas spécifiquement à la grève parce que c'est exactement ainsi que ça s'est passé la dernière fois également).
Anonyme
il y a 10 ansDonc, si quelqu'un est admis à l'UQAM, il devra se taire à jamais et ne pas dénoncer des situations scandaleuses "puisqu'il savait dans quoi il s'embarquait''?
SVD
il y a 10 ans"Sans vouloir dénigrer", c'est pas mal un équivalent à "No offense but"...
C'est très simpliste de dire qu'une personne aurait tout aussi bien pu choisir une université qui se trouve à 200, 300 km sans penser que peut-être, peut-être, il ou elle a des raisons de rester dans la région de Montréal, ou qui l'empêche de déménager près de 4 ans à l'extérieur de la région (bac + barreau, pour ceux qui s'interrogent sur le 4 ans).
Luiggi Alexandre
il y a 10 ansJe trouve assez choquant votre message, surtout sur un site internet qui réunit des acteurs du droit. Il y a là une forme de ségrégation envers l'université du Québec à Montréal que je trouve injustifiée. Beaucoup ont choisi cette université pour l'esprit critique qui la compose, pour les échanges enrichissants qui y sont entretenus envers des acteurs des différents métiers du droit, pas simplement la vision classique qui consiste à avoir les meilleurs notes et accéder aux meilleures cabinets.
A l'UQAM vous rencontrez des personnes qui travaillent dans des centres communautaires, qui pratiquent le droit international, qui partent en mission à l'étranger mais aussi des personnes qui occupent des places importante dans des grands cabinets et qui gagnent de nombreux concours de plaidoirie.
Si vous pensez que les gens doivent être catalogués en fonction de l'université qu'ils choisissent, si vous pensez que le droit, la pensée juridique doit être uniforme, si vous pensez qu'un ou une bonne avocate est simplement quelqu'un qui connait son code civil par cœur, alors nous ne pratiquons absolument pas le même droit et n’avons pas la même vision de la profession.
Anonyme
il y a 10 ansIl pourrait aussi refaire une année de Cégep, augmenter ses notes et faire son droit ailleurs.
CD
il y a 10 ansIl est impressionnant de voir tous ces gens qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Il est complètement illogique de prétendre que l'étudiant qui choisit l'UQAM pour faire des études en droit sait dans quoi il s'embarque et doit vivre avec les conséquences. Comme quoi il faudrait tout accepter sans broncher parce qu'on a privilégié cette université au lieu d'une autre. Et oui, j'ai bien dit "privilégié" cette université au lieu d'une autre. Candidate à la Maîtrise, j'avais les notes pour entrer à l'Université Laval et l'Université de Sherbrooke (j'ai fait mon Bac à Sherbrooke d'ailleurs, et je ne me sens pas supérieure aux autres pour autant, contrairement à certains). J'ai toutefois choisi l'UQAM, car elle offre un programme de maîtrise bi-disciplinaire qui répond totalement à mes intérêts et besoins au niveau professionnel. De plus, je ne pouvais déménager, ayant un emploi à Montréal. J'estime toutefois que certaines diplômés en droit se croient au-dessus de tout le monde tout simplement parce qu'ils ont étudié dans une université qu'ils jugent "meilleure" que l'UQAM. Pourtant, leurs propos démontrent un manque de sens critique criant. Peut-être devraient-ils élargir un peu leurs horizons.
CD
il y a 10 ansJe suis entièrement d'accord avec vous. J'ai fait mon Baccalauréat à Sherbrooke et je suis maintenant candidate à la maîtrise à l'UQAM. Je trouve mon passage à l'UQAM des plus enrichissants grâce à cet esprit critique et à ces échanges qui font tomber nos oeillères de juriste ou d'avocat "classique".
Anonyme
il y a 10 ansJe comprends donc que vous n'avez jamais été un juriste ou avocat "classique" ni "tout court". Bref, vous ne savez pas de quoi vous parlez et tentez de faire la promotion d'un programme mal-aimé, en vain!
Kathryn
il y a 10 ansPlusieurs choisissent l'UQÀM en fonction de sa flexibilité quant aux horaires et choix de cours. J'vous assures que plusieurs ont un dossier académique exemplaire, pouvant satisfaire aux exigences d'admission même de McGill....
Un parent qui travaille 5 jours /semaine ne pourra JAMAIS faire ses études en droit à L'UdeM ou à McGill puisque les horaires sont restrictifs. Hélas, c'est possible de les faire à l'UQÀM.
J'ai choisi l'UQÀM en raison de sa flexibilité, il est normal de dénoncer ce qui nuit à cette dernière.
TLP
il y a 10 ansEn effet, si quelqu'un choisi l'UQAM, il a effectivement de bonnes raisons (pour lui/elle).
Ça ne change pas que: C'est assez clair où la majorité des étudiants logent et que ça reste un choix. Si quelque chose "t'empêche" de déménager de Montréal c'est parce que tu fais le choix de faire passer ces choses-là(probablement à juste titre)"avant".
J'hésite à dire "avant tes études" parce que je suis convaincu qu'ils reçoivent une éducation aussi bonne à l'UQAM qu'à UL ou Sherby notamment.
TLP
il y a 10 ansEn effet, il est officiel que certains ont les notes pour entrer où ils veulent et optent pour l'UQAM. Chaque faculté a ses avantages/ ses désavantages. Mon but n'était pas d'entrer dans un débat sur ça, ni de casser du sucre sur le dos de l'UQAM.
J'ai seulement de la difficulté a me sentir désolé pour ce que vous vivez parce que ça faisait partie des possibilités lorsque vous avez fait ce choix-là.
Est-ce une raison pour ne pas dénoncer tout ce qui se passe? Non, ce ne l'est pas, je suis parfaitement d'accord avec vous. Toutefois, rendu là, c'est un peu prêcher dans le désert malheureusement..
TLP
il y a 10 ansD'un côté, je peux comprendre que vous soyez "autant" sur la défensive puisque l'UQAM se fait tellement attaquer par rapport à sa faculté de droit (à juste titre ou non).
De l'autre, je ne sais pas trop d'où sort tout ça parce que je n'ai aucunement abordé les points que vous soulevez. L'UQAM a clairement PLUSIEURS points positifs (à part des étudiants de l'UQAM, qui peut se "targuer" d'avoir appris Droit des affaires avec Paul Martel?), mais ce n'est pas le sujet du débat ici alors il est inutile d'essayer d'imaginer ce que je peux penser par rapport à tout ça (de toute façon, vous faites fausse route).
Je n'ai soulevé que l'UN des points négatifs par rapport à l'UQAM qui est d'ailleurs le sujet du débat ici. J'IMAGINE que si vous avez choisi l'UQAM, vous aviez des bonnes raisons de le faire et que "pour vous" les points positifs pesaient beaucoup plus que les négatifs. Malheureusement "le bon vient avec le mauvais" et on va bientôt entrer dans le mauvais.
Je vous souhaite ardemment que tout ça ne dure pas et que cela vous cause le moins de problèmes possible.
GBS
il y a 10 ansLa "grève des études" imposée est une aberration.
On force ceux qui ne veulent pas le faire à s'associer à un groupe qui veut la faire, en violation de leurs droits fondamentaux.
De plus, contrairement aux syndicats, il n'existe pas de fonds pour compenser l'étudiant de ses études manquées.
Finalement, la grève ne vise pas l'institution d'enseignement, mais plutôt le gouvernement.
En gros, une minorité houleuse empêche les autres de recevoir une éducation pour nuire à l'État. C'est une prise d'otages.
Je n'ai rien contre le boycott, mais je pense que ceux qui veulent la grève devraient respecter l'opinion de ceux qui n'en veulent pas, et les laisser étudier.
Isabelle
il y a 10 ansJe ne peux concevoir une seule excuse valable qui justifierait que les votes de grève se tiennent à main levée.