Examen du Barreau : couler sans se cacher

Andréanne Moreau
2021-02-16 15:00:00

« Je vous partage que j’ai coulé parce qu’il n’y a aucune honte. Kamala Harris, Hillary Clinton, John F. Kennedy, Michelle Obama, Franklin D. Roosevelt ont tous « coulé » leur Barreau. Si cet échec me permet de faire partie de leur club, je vais l’accepter. En attendant, je range mon suit et je ressors les sweatpants », écrit-elle sur LinkedIn et Facebook.
Dans les minutes qui suivent, les commentaires et réactions d’appui se multiplient. « Je ne m’attendais tellement pas à ça! C’était toute une vague d’amour et ça me motive vraiment pour le deuxième essai en mars », raconte la jeune femme de 25 ans.
Parmi les messages reçus, plusieurs lui ont confié en privé avoir eux aussi coulé à leur première tentative et avoir été torturé par cet échec pendant des années. « Ça m’a confirmé que j’ai bien fait d’en parler. J’espère que mon message a pu aider au moins une personne à ne pas se décourager, soutient-elle. Il y a tellement de détresse psychologique chez les étudiants ces temps-ci, on n’a pas besoin d’avoir honte en plus. »
Le Barreau, pas une finalité
L’examen du Barreau est souvent perçu comme le point culminant des études en droit, le grand objectif qui vient boucler ces années de travail et d’effort. « C’est ce qu’on apprend pendant tout notre baccalauréat. Le Barreau, c’est le but ultime. Mais je ne l’ai jamais vu comme ça », fait valoir Anne-Florence Béland.

Dans l’intervalle, elle a commencé à travailler comme adjointe juridique pour un petit cabinet de Québec, Bernatchez Plamondon Avocats. Elle s’est fixé comme objectif de faire croître l’entreprise, organisant des cocktails et se chargeant du marketing.
La firme, qui comptait alors seulement deux avocats et elle-même, emploie maintenant 15 personnes. Mme Béland y occupe désormais la fonction de directrice des opérations et est chargée de la comptabilité, des ressources humaines et de toutes les activités courantes, en plus de faire de la recherche pour certains dossiers.
« Cette expérience m’a montré que plusieurs autres métiers passionnants existent dans le domaine. Si jamais je ne réussis pas la reprise des 8 et 10 mars, je serai déçue, mais pas effondrée. Je trouverai mon bonheur dans le droit quand même, juste autrement », confie-t-elle.
Toutefois, jusqu’aux examens de reprise, hors de question pour elle de baisser les bras. Elle étudiera davantage, refera les exercices pratiques et consacrera toutes ses énergies à un seul objectif : ajouter fièrement le titre de Maître à sa signature.