Les étudiants en droit, tous démobilisés?

Daphnée Hacker-B.
2015-04-23 15:00:00

Dans sa missive, la jeune femme explique que les manifestations agressives et les saccages nuisent à la candidature des futurs juristes voulant être pris « au sérieux » par les grands cabinets. Est-ce que les autres étudiants de l’UQAM pensent la même chose ?
Les opinions sont très partagées. « Certains se positionnent toujours contre la grève de peur que ça paraisse mal, d’autres sont au contraire très engagés politiquement », répond une étudiante en droit, qui a préféré préserver l’anonymat. Par ailleurs, elle qualifie de « désolants » les propos contenus dans la lettre de sa collègue. « Je connais plusieurs avocats qui ont étudié à l’UQAM et qui réussissent très bien tant au privé qu’au public, car c’est une excellente faculté. Ce n’est pas une grève qui risque de saboter notre carrière », tranche-t-elle.
« Je suis convaincue que les grèves perpétuelles nuisent à notre formation et à notre crédibilité », réplique Sylviane Silicani, aussi étudiante en droit à l’UQAM. Selon elle, les étudiants en droit sont moins mobilisés politiquement puisqu’ils ont, contrairement à ceux d’autres facultés, un objectif clair de carrière et voient la grève comme un frein à leur avancement.
Mlle Silicani affirme qu’une majorité d’étudiants dans sa cohorte souhaitent se désaffilier de l'Association facultaire étudiante de science politique et droit de l'UQAM (AFESPED), qui est selon eux synonyme de votes favorables à la grève. Une réflexion est d’ailleurs en cours à ce sujet après la tenue d’un vote électronique en mars qui a révélé que 52 % des membres de l’AFESPED remettaient en question sa capacité à les représenter correctement. « Nous sommes environ 700 étudiants en droit contre 1600 en science politique, tous regroupés sous une association, disons qu’on n’a pas notre mot à dire », explique-t-elle.
« Centrés sur eux-mêmes »

Les étudiants en droit de Sherbrooke sont un peu plus « conservateurs » lorsqu’il s’agit de manifester, renchérit Sacha Morin, lui-même étudiant en droit dans cet établissement. Il rappelle qu’un vote de grève tenu en mars, pour une seule journée de débrayage, a été battu à 60 % et que plus de la moitié des étudiants en droit étaient présents. Si certaines facultés de Sherbrooke sont plus réceptives à la grève et à la mobilisation pour des causes politiques, ce n’est pas vraiment pas le cas pour la Faculté de droit, souligne le jeune homme.
Pas juste apathiques

Il observe qu’un grand nombre d’étudiants en sont souvent à leur deuxième baccalauréat, et plusieurs sont parents, avec toutes les obligations que ça implique. « Ils se sentent concernés par des enjeux, mais ils n’ont pas nécessairement le temps de s’impliquer dans un mouvement de mobilisation », ajoute-t-il.
Des quelque 1200 étudiants en droit, plus de 30 % participent aux assemblées générales, signe selon M. Guay de leur intérêt pour la politique étudiante. « Oui, les étudiants en droit sont peut-être moins revendicateurs que d’autres, mais ça ne veut pas dire qu’ils sont complètement désintéressés de ce qui se passe autour d’eux », conclut-il.