Mes Rencontres du troisième type

Kerwin Myler
2010-03-22 10:15:00
Évidemment, à la fin de la session d'automne, bon nombre d'entre nous avaient ressenti un brin de jalousie à l'égard de nos collègues en droit des autres universités qui, eux, ont un parcours de trois ans, plutôt que trois ans et demi à faire. Nous prenions donc notre revanche, tout en sachant que nous aurions quand même une session de “retard” par rapport eux.
Mais, comme je me plais à dire à mes amis, en droit et ailleurs, la vie est ... longue!
C'est sûr qu'il faut en profiter, mais il ne faut pas non plus voir le parcours comme une course. Même chose pour la carrière, à mon humble avis.
C'est pour cela qu’hier justement, j'ai suggéré à un ami de retourner travailler au Parc Cypress Hills cet été, plutôt que de faire un choix plus axé sur “la carrière”.
Est-ce que j'ai commis un sacrilège ? Est-ce que je suis un élément subversif ?
Je crois que non. En tout cas, mon ami avait l'air réconforté dans son choix, et je suis sûr qu'il passera un été merveilleux comme park ranger et à taquiner la truite dans un ruisseau digne d'un film de Robert Redford.
Un été à savourer ...
Enfin, oui, j'ai dit que la vie est longue, mais c'est sûr qu'elle passe vite en même temps, d'où l'importance de vivre non seulement au présent, mais aussi de prendre le temps de se remémorer les petits événements de la vie, et même des fois ... les événements qui n'ont pas eu lieu.
Et c'est ce que je me permets de faire ici.
Il s'agit, en fait, de raconter mes rencontres du troisième type à la Faculté de droit de McGill, des petites affaires de rien que je ne vais pourtant pas oublier.
D'abord, un petit tour au café de la faculté à l'automne 2009. Je fais la file pour régler mon achat mais juste devant moi, il y a quelqu'un dans l'embarras: C'est le doyen Nicholas Kasirer qui n'a pas sur lui de quoi payer son café. Je ne manque pas de lui proposer un petit prêt, avec un grand clin d'œil en prime. Avec un peu de chance il se souviendra vaguement de moi si jamais je me retrouve à nouveau devant lui, vu qu'il est rendu maintenant à la Cour d'appel....
Deuxième moment savoureux, où cette fois-ci j'ai bien fait de me taire! Il y avait un conférencier invité d'Oxford qui parlait du droit de parole des victimes aux fins de la détermination de la peine, une conférence très intéressante, mais derrière moi pendant tout le long de la présentation il y avait deux personnes qui parlaient entre elles, et vraiment assez fort.
C'est à peine si je ne me suis pas retourné pour leur lâcher un gros chut de désapprobation! Mais finalement je me suis tu. Heureusement ! Quand est venue la séance de questions, une de ces deux personnes bavardes s'est levée pour s'adresser au conférencier. Celui-ci n'a pas manqué de la remercier en utilisant son nom. Il s'agissait d'un autre juge à la Cour d'appel ... que cette fois-ci je ne nommerai pas!

Amelia Salehabadi
il y a 14 ansSavoureux billet!
AS
Anonyme
il y a 14 ansJ'aime les chroniques de Kerwin. C'est comme s'il nous faisait sourire en passant, sans rien forcer, en s'excusant presque. Son texte est bien écrit, avec des restes de tournures anglophones qui rendent l'écriture un peu sexy. Il y a toujours une petite chute. Bref, un petit je ne sais quoi qui me plait vraiment.
Anonyme
il y a 14 ansbien amusant. life happens when you are making plans.
Me
il y a 14 ans>>> Celui-ci n'a pas manqué de la remercier en utilisant son nom. Il s'agissait d'un autre juge à la Cour d'appel ... que cette fois-ci je ne nommerai pas
So what? L'exigence du savoir-vivre est universelle.
Anonyme
il y a 14 ans>j'ai suggéré à un ami de retourner travailler au Parc Cypress Hills cet été, plutôt que de faire un choix plus axé sur “la carrière”.
Quand il faut se payer un aller-retour Québec-Alberta pour une situation pas vraiment mieux payé que la moyenne, la chose est davantage une occupation de riche qu'un travail.
"L'été c'est tellement bon quand t'as la chance
d'avoir assez d'argent pour voyager sans t'inquiéter
pour le fils d'un patron c'est les vacances
pour la fille du restaurant c'est les sueurs pis les clients"
- Heureux d'un printemps, Paul Piché
(oui, je sais... c'est une chanson de basse classe sociale)