Le Canada rural en manque d'avocats
Marie Pâris
2013-10-08 14:10:00
Ceux qui exercent doivent parfois renvoyer plusieurs clients par semaine par manque de temps. “C’est un vrai danger pour l’accès au système judiciaire”, déplore Me Gurevitch, l’ancien président de l’Association du Barreau Canadien en Alberta, avocat à Grande Prairie.
Selon Michael Litchfield, manager du projet Rural Education and Access to Lawyers Initiative (REAL), qui vise à amener plus de jeunes dans les cabinets ruraux, l’âge moyen d’un avocat en Colombie-Britannique est de 48 ans, et peut aller jusque 52 ans dans certains endroits.
Dans la province, 57% des avocats exercent à Vancouver, et environ 50% à Toronto pour l’Ontario.
75% des étudiants visent une grande ville
Que ce soit pour le nombre de restaurants ou pour la scène culturelle, 75% des étudiants en droit espèrent travailler plus tard dans une grande ville. C’est d’autant plus difficile pour les cabinets de campagne que “les grandes firmes des métropoles sont bien mieux organisées en matière de recrutement”, laissant peu de visibilité aux autres, explique Me Gurevitch.
Par ailleurs, les jeunes diplômés ne sont pas prêts à s’installer tout de suite. Pour Me Sean Rowell, qui a embauché Me Crocker dans son cabinet Perry and Co., “trouver un candidat peut être relativement simple, mais trouver un candidat qui veut rester à long terme devient très compliqué”.
Et pourtant, Toronto, Calgary ou Vancouver comptent beaucoup plus d’avocats qu’il n’y a de places disponibles. En Ontario, 15% des finissants en droit ne trouvent pas de cabinet pour faire leur stage de formation professionnelle.
Une meilleure qualité de vie
Pourtant, exercer dans un cabinet de petite ville a de vrais avantages pour les jeunes avocats, “pas toujours conscients de l’opportunité d’exercer une pratique généraliste ou de la possibilité de passer rapidement associé”, insiste Me Gurevitch.
Me Crocker, une jeune avocate partie exercer à plus de mille kilomètres au nord de Vancouver, assure qu’à ce stade de sa carrière, elle a beaucoup plus de responsabilités que ses anciens camarades d’université: “Je suis responsable de dossiers, je les gère seule.”
Dans les petites villes, la paye serait souvent plus élevée et les horaires de travail comparables à ceux des avocats fonctionnaires. La position sociale serait aussi plus gratifiante: les avocats jouent un rôle important dans la communauté, et deviennent souvent préfet ou maire.
Sans parler de la qualité de vie. Les coûts moyens sont réduits, le marché immobilier plus abordable. Et, point non négligeable, on passe beaucoup moins de temps dans les transports en commun. Autant de bonnes raisons de combler les déserts juridiques.
Alors, convaincus?