Prêt à quitter l’Université pour le Parlement

Emeline Magnier
2015-10-01 11:15:00

Le juriste de 53 ans détient une maîtrise en droit du Yale Law School ainsi que d’un doctorat en droit de l’Université Oxford.
D'où vient votre engagement politique ?
Quand j'étais plus jeune pendant mes études de droit, j'étais militant au Parti Libéral. J'ai finalement laissé la politique de côté pour suivre ma carrière en droit et j'étais tanné des chicanes internes entre Chrétien et Turner.
Je me suis réengagé il y a deux ans, attiré par le renouvellement du parti sous Justin Trudeau pour son style rassembleur et collaboratif. Pour les personnes avec de l'expérience comme moi, c'est important d'être avec un chef qui sait écouter. La politique du parti représente beaucoup de mes valeurs, dont l'engagement social, la prudence fiscale et l'ouverture vers l'immigration, étant moi-même un fils d'immigrés. Et puis je suis tanné de Harper ! J'ai vu les coupures dans le milieu universitaire et de la recherche, et ça me déplait beaucoup.
Quels sont selon vous les plus grands enjeux de la campagne nationale ?
Nous mettons l'accent sur les changements et la façon dont on peut l'incarner. Nous voulons notamment développer de façon massive les infrastructures pour créer de l'emploi et laisser des effets durables pour nos enfants et petits-enfants. Il faut aussi rééquilibrer le budget, avoir une politique adaptée pour la classe moyenne et agir pour l'environnement.
Et au niveau de votre arrondissement ?
Il faut aussi développer les infrastructures. Dans LaSalle-Verdun, il y a des milieux défavorisés. Si on peut relancer l’emploi avec des constructions et toutes les retombées qui en découleront, ça va aider beaucoup de personnes. Nous devons aussi protéger l’aqueduc et les cours d’eau, peut-être faire un parc national avec le Canal de Lachine et favoriser les activités sur l’eau. Je voudrais également attirer les économies d’innovation dans la circonscription et collaborer avec des start-ups. Nous avons des espaces bien équipés pour les accueillir et travailler pour l’avenir.
Si vous êtes élu, vous quitterez donc l'enseignement ?
Oui je prendrais congé, McGill a une politique très ouverte et généreuse. Je quitterais avec regret, je suis très heureux à l'Université, les étudiants et les collègues me manqueront, j'aime beaucoup l'ambiance. C'était une carrière de rêve mais c'est une période de ma vie où c'est le temps de rendre.
Être professeur en droit, ça doit aider pour remplir les fonctions de parlementaire ?
C'est sûr ! J'ai un sens fort de la primauté du droit. C'est un avantage pour rédiger et réformer les lois, une connaissance normative est toujours très utile. Ça aide aussi à améliorer ses arguments et rend très alerte aux urgences.
Selon vous, qu'est ce qui serait à revoir en matière de justice fédérale ?
Il faut revoir le processus de sélection des juges. Il a été instauré par Irwin Cotler mais pour les nominations des derniers juges, la procédure n'a pas été transparente. Il faut laisser les élus poser les questions aux candidats.
Que pensez-vous des récents épisodes entre gouvernement et la Cour suprême ?
Nous avons une tradition forte au pays de juges et de cours indépendants, ça fait partie de la scène normative. Ils interprètent et façonnent les lois d'une certaine façon. Le gouvernement doit respecter ce rôle là ce qui n'a pas toujours été le cas, comme en matière pénale par exemple. Il faut des interactions respectueuses qui participent à l'amélioration de la société canadienne.