Entrevues

Une avocate réinvente le concept de shopping

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Apolline Caron-ottavi

2019-05-10 14:40:00

L’une des plus belles réussites de sa vie serait de continuer sa carrière d’avocate tout en développant ce projet. Droit-inc lui a parlé!
Me Annette Nguyen a fondé en juin 2018 le Shwap Club.
Me Annette Nguyen a fondé en juin 2018 le Shwap Club.
Me Annette Nguyen travaille depuis 2012 chez l’agence média Newad, spécialisée en affichage publicitaire intérieur. Elle y occupe le poste de Responsable du développement des partenariats corporatifs depuis 2016.

En parallèle de sa carrière, elle a endossé cette année un nouveau rôle : celui d’entrepreneure. Elle a fondé en juin 2018 le Shwap Club, une boutique de shopping nouveau genre située à St-Henri, où les clientes peuvent échanger des vêtements plutôt que les acheter.

La boutique ouvre pour l’instant 17 heures par semaine, les mercredi et vendredi soirs et les samedi et dimanche après-midis. De nouvelles boutiques devraient ouvrir.

L’avocate - très relax - a pris le temps de rencontrer Droit-Inc pour nous expliquer sa double vie.

Droit-Inc : Quel est le concept du Shwap Club ?

Le concept du Shwap Club ? Une boutique d’échange de vêtements pour femmes.
Le concept du Shwap Club ? Une boutique d’échange de vêtements pour femmes.
Me Annette Nguyen : C’est une boutique d’échange de vêtements pour femmes. Le concept est tout simple : les participantes payent des droits d’entrée et nous soumettent des vêtements qu’elles n’utilisent plus mais qui sont en excellent état. On les trie et chaque morceau qu’on accepte leur donne le droit de prendre un morceau de leur choix. Elles peuvent amener un pull ou un t-shirt et repartir avec une robe ou des chaussures…

Comment est né ce projet ?

Une amie a lancé le groupe « Une année sans shopping » qui a eu beaucoup d’adeptes très vite. Mais une année sans shopping c’est long ! Comme alternative les femmes pensaient faire une soirée d’échanges de vêtements. J’ai organisé ça en avril avec une boutique éphémère et il y a eu beaucoup plus de monde que prévu. Ça m’a permis de monter un plan d’affaires, que j’ai pitché à la fondation Montréal-inc pour une bourse. Le projet a été retenu à titre de promoteur. J’ai pitché le 5 juin, et j’ai ouvert la boutique le 9 !

Par ailleurs vous êtes avocate. Parlez-nous un peu de votre pratique.

Je suis Barreau 2012. J’ai fini mon bac de droit en 2010, puis j’ai travaillé comme conseillère en mode pour la compagnie Groupe APP. En 2012, j’ai fait un stage chez Newad et j’y suis depuis. Depuis trois ans, mes responsabilités ont beaucoup changé. Je suis toujours avocate mais je suis en développement de partenariats corporatifs, donc je voyage à travers le pays pour rencontrer nos partenaires, qui sont des collèges ou des universités.

Le coin chaussures !
Le coin chaussures !
Vous aviez donc déjà travaillé dans la mode. Quelle est votre vocation de départ ?

C’est une super histoire. Je sortais avec un garçon quand j’avais 14 ans qui me répétait « c’est cute que tu veuilles faire avocate mais tu seras pas capable ». Donc c’est devenu un grand défi ! J’ai arrêté de voir mon parcours comme un choix de carrière mais plutôt comme des choses qui m’animent. J’aime entreprendre des projets, avec de la stratégie, des négociations, des objectifs.

Chez Newad ou au Shwap j’ai des partenaires, je fais du service à la clientèle, à la vente… J’ai aussi travaillé chez Billie Boutique pendant que j’étudiais au Barreau, et une de mes boss chez Newad était une cliente de la boutique, c’est comme ça que je l’ai rencontrée et que je suis entrée chez Newad. Tout se connecte !

Pourquoi avez-vous eu envie d’entreprendre quelque chose en parallèle de votre carrière d’avocate ?

Au début, j’ai fait ça par plaisir. J’ai vu qu’il y avait une demande par rapport à la décroissance, l’environnement, le fast fashion, ce sont des enjeux qui m’appelaient. C’est dans l’air du temps d’encourager une consommation plus responsable. J’ai cette chance d’être à Newad qui est une super belle boîte parce que mes employeurs m’encouragent dans mes projets, ils sont au courant, j’en parle tout le temps et j’arrive à être moi-même.

Il y a donc une philosophie du Shwap Club…

Je positionne vraiment ce projet comme une alternative au shopping traditionnel : c’est écologique, économique et communautaire. Les femmes se retrouvent entre elles, avec des valeurs de partage, c’est très relax. C’est un projet de coeur, je le fais par conviction. Le Shwap Club me ressemble : tout est usagé, même les meubles… je n’aime pas trop la consommation, ça fait des années que je m’habille en seconde main et j’en suis fière. C’est une philosophie et c’est très libérateur.

Le projet a toujours été axé sur les vêtements de femmes ?

Oui, exactement. Les mecs s’habillent assez mal, merci, s’il fallait que je passe à travers les vêtements qu’ils ne veulent plus, je ne pense pas que le concept tiendrait ! Mais par contre je vais ouvrir une boutique pour enfants au printemps. C’est un marché différent et je n’ai pas d’enfants donc c’est un peu plus compliqué de trouver la formule mais ça va se faire.

Est-ce que les deux emplois se concilient bien ?

Oui, ça se fait bien, même si je me ramasse à faire les mêmes heures qu’en grand cabinet, ce que je n’ai jamais voulu ! Mais ça se complète. À Newad j’ai une structure, des collègues pour partager des idées, je travaille beaucoup dans mon bureau, sur un ordinateur. Et après je cours au Shwap Club, je trie des vêtements, je rigole avec les clientes…

Ça fait appel à des talents différents mais ça correspond à plusieurs aspects de ma personnalité que j’aime. Autant chez Newad qu’au Shwap Club, ce que je fais me ressemble beaucoup. Les deux me permettent de vivre une certaine authenticité.

Un concept validé par les clientes de la boutique qui propose de nombreuses pièces !
Un concept validé par les clientes de la boutique qui propose de nombreuses pièces !
Et qu’est ce que chaque métier apporte à l’autre ?

Chez Newad, je constate que je suis très entrepreneure dans ma façon de travailler, j’ai des objectifs et je suis assez libre de proposer la façon dont je vais les atteindre. Le droit m’a donné une certaine crédibilité pour monter le Shwap Club, et une confiance en moi aussi. Il y a beaucoup de choses qui se partagent entre les deux.

Comment voyez-vous l’avenir ?

J’ai des employées magiques, mais j’espère que je vais pouvoir embarquer aussi d’autres gens dans mon projet, parce qu’avec la deuxième boutique je ne vais plus y arriver seule. Ce serait une des plus belles réussites de ma vie, un exploit, de pouvoir continuer ma carrière d’avocate tout en développant ce projet en parallèle.

Pas question de choisir donc ?

Il n’a jamais été question de faire un choix, je veux tout avoir ! À Newad, j’ai des employeurs très humains et avec beaucoup d’expérience donc j’apprends beaucoup, on me pousse à faire des choses que je n’aurais pas pensé faire dans ma vie. Après sept ans dans cette boîte, je continue d’apprendre tous les jours, c’est très valorisant. Il y a plein de beaux défis.
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