Multi-Prêts avale Invis : les dessous d’une transaction
Céline Gobert
2016-10-27 15:00:00
« Ça a été une belle aventure! On ne croyait pas qu’on signerait 48 heures avant! » confie à Droit-inc l’avocat de 61 ans qui faisait face à l’équipe du cabinet Stikeman Elliott menée par Me Elizabeth Breen, et qui, pour sa part, conseillait la firme Invis.
En acquérant Invis, société fondée en 1989 et qui bénéficie d’une forte présence en Ontario et dans l’Ouest canadien, le Groupe Multi-Prêts est devenu un joueur majeur dans le domaine du courtage hypothécaire au Canada. La transaction a d’ailleurs fait augmenter le volume de prêts de la société à 22 milliards $.
« Aujourd’hui, le monde est découragé que les compagnies s’en aillent du Québec pour aller en Amérique, indique Me Warren. Là c’est le Québec qui acquiert une firme hors Québec, ça a une saveur canadienne comme on dit. Et c’est une très bonne nouvelle! »
Le poids des seniors
L’équipe de GBV, entourée par le VP Affaires juridiques à l’interne de Multi-Prêts, Sylvain Hétu et assistée par le cabinet Borden Ladner Gervais (BLG) notamment sur ce qui concerne les aspects des opinions dans les provinces hors Québec, n’est pas arrivée au coeur de cette acquisition par hasard. Les avocats avaient déjà pour client Luc Bernard lorsque ce dernier s’est porté acquéreur de Multi-Prêts.
« Il a pris le contrôle de la compagnie, a gardé certains actionnaires, des officiers et des postes en management, explique Me Warren. Avec cette deuxième transaction, il se porte acquéreur de Invis et prend plus de 50% de la part du marché du courtage hypothécaire. »
Si l’approche fut « de longue haleine » et au départ plutôt « timide », l’équipe signe rapidement une lettre d’intention. « On avance ensuite tranquillement dans le dossier, et après six mois de négociations environ, on se serre la main, résume l’avocat en charge. Ce que j’ai appris de cette transaction? C’est qu’un petit bureau de Québec peut aller se battre avec un grand bureau de Toronto! L’expertise dans une transaction compte beaucoup. Quand on négocie avec des avocats, on a plus de poids qu’un junior. »
En mode solution
Même si les « trucs » juridiques sont les mêmes, les avocats sont beaucoup plus impliqués qu’avant dans les transactions et beaucoup plus en recherche de solutions, explique Me Warren du haut de ses trois décennies d’expérience en transactionnel.
Selon lui, l’avocat doit être en mode solution, être un bon négociateur qui comprend bien les éléments de la transaction. « Ça prend une grande qualité d’écoute de ce que veut notre client, de ce que veut le vendeur, et ce pour trouver des solutions qui satisfont les deux parties. » Il faut également contourner de façon créative certains obstacles ou irritants du dossier, ajoute-t-il. « Par exemple quand on a un vendeur avec plein d’actionnaires, les intérêts de chacun d’entre eux peuvent varier, il faut donc trouver une solution qui va plaire à tout le monde. »
Est-ce de bon augure pour GBV? « Bien sûr! On se positionne de plus en plus à Montréal on vient d’ouvrir un bureau avec trois avocats dont un senior Me Marc-André Landry. Notre but est de rentrer dans le gros transactionnel. »
Il a été admis au Barreau du Québec en 1992. En 1980, il a obtenu un diplôme en droit notarial de la Faculté de droit de l’Université Laval et a été inscrit au Tableau de l’Ordre de la Chambre des notaires du Québec de 1981 à 1992.
Me Warren intervient dans la négociation, la rédaction et l’analyse d’offres d’achat et d’actes de vente d’actifs ou d’actions, la constitution de droits réels et l’examen de titres. Il possède aussi une solide expertise dans le domaine des conventions de prêts et de sûretés et des conventions d’actionnaires. On a souvent recours à ses services dans le cadre de l’organisation et de la restructuration d’entreprises.
Me Warren compte parmi sa clientèle plusieurs institutions du secteur de l’immobilier, du secteur bancaire ainsi que des entreprises issues des secteurs du capital de risque et de la haute technologie.