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D’immigrant à associé directeur

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Dominique Tardif

2015-10-21 14:15:00

Cette semaine, Me Dominique Tardif, de ZSA, s’entretient avec Me Shahir Guindi, l’associé directeur du bureau montréalais d’Osler...
1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier ou une autre profession ? Était-ce tout réfléchi ou plutôt un ‘accident de parcours’ ?

C’était plutôt un accident ! Il n’y avait pas d’avocat dans la famille, et je n’en connaissais par ailleurs aucun. Aimant beaucoup les mathématiques, j’ai donc commencé par des études en commerce. J’ai cependant rapidement réalisé que les mathématiques ne prenaient pas une place aussi grande que je l’avais imaginé dans la discipline, et que les cours ne m’apportaient pas, le défi auquel je m’attendais. J’ai donc fait des applications en génie électronique, en actuariat et en droit ….et la lettre d’acceptation de la Faculté de droit de McGill est arrivée la première !

Le droit représentait pour moi quelque chose de nouveau qui, un peu comme les mathématiques, impliquait aussi des exercices de logique. J’y ai trouvé le défi recherché et n’ai jamais voulu en sortir par la suite !

2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière ?

Me Me Shahir Guindi est l'associé directeur du bureau montréalais d’Osler
Me Me Shahir Guindi est l'associé directeur du bureau montréalais d’Osler
Mon plus grand défi est survenu lorsque j’ai quitté mon ancien cabinet, où j’avais travaillé pendant dix ans, pour me joindre à Osler. Ayant laissé mes clients et contacts derrière, il me fallait rebâtir ma pratique.

J’avais, entre ces deux cabinets, tenté ma chance à l’interne en me joignant à Zero-Knowledge, une société d’internet à haute croissance qui avait pour objectif de faire un premier appel public à l’épargne sur le Nasdaq. Cela représentait tout un défi à l’époque… jusqu’à l’éclatement de la bulle internet, où les compagnies de ce type ont subi une forte décroissance et éprouvaient des difficultés de financement.

Le défi n’y étant donc plus au quotidien, j’ai cherché autre chose. Moi qui aimais travailler avec plusieurs clients et rencontrer différentes personnes de différents secteurs et pays, j’ai joint Osler à Montréal peu après son ouverture.

Tant dans le cas de Zero-Knowledge que d’Osler, mon choix était motivé par mon esprit entrepreneurial. Chez Osler, il s’agissait de participer à la croissance d’un tout nouveau bureau. Ayant laissé mes clients à mon ancien cabinet, il me fallait repartir de zéro, ce qui n’allait pas de soi, étant né en Egypte de parents enseignants et n’ayant aucun réseau d’affaires ou de gens d’influence au Canada et au Québec sur qui compter !

3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit ?

Si j’avais une baguette magique, je ferais en sorte que le monde du droit puisse offrir à nos enfants les mêmes opportunités que celles que nous avons eues. Entrer en pratique est aujourd’hui plus difficile que cela ne l’était dans les années 70, 80 et 90. Les choses ont bien changé, qu’il s’agisse de la réalité du marché, des demandes des clients, de l’impact de la technologie, de la pression ou du fait que certains services juridiques deviennent des ‘commodités’.

La pratique du droit est de moins en moins une profession et devient de plus en plus une ‘business’. C’est évidemment une réalité à laquelle il faut s’adapter, mais qui me fait néanmoins me demander si la profession accueillera la prochaine génération avec la même générosité qu’elle nous a accueillis. Il n’en demeure pas moins que les avocats qui excellent, sont imaginatifs et créatifs et travaillent fort, auront l’appui de leurs clients, de beaux mandats et une carrière excitante, et ce, qu’ils soient homme ou femme, minorité visible ou non.

4. Quels commentaires avez-vous à formuler quant à la perception qu’a le public de la profession ?

Malheureusement, les avocats sont parfois perçus comme ne prenant soin que d’eux-mêmes, alors qu’ils rendent pourtant des services de grande valeur à leurs clients et au marché en général. L’accessibilité à la justice demeurant un problème important pour monsieur et madame Tout-le-monde, le fait pour eux de ne pas y avoir accès, au même titre que quelqu’un en moyens, fait évidemment souffrir la perception du public à l’endroit de la profession.

5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et souhaitant réussir comme vous ? Quel est « le truc » pour passer d’un statut d’immigrant sans contact d’affaires à celui d’associé directeur d’un bureau de cabinet national ?

Il faut travailler fort et ne pas craindre de demander le support de ses clients et collègues. Il faut aussi penser non seulement au droit, mais à la « business » du droit. Nous sommes non des avocats qui rendent des services légaux mais aussi des gens d’affaires, et nous nous devons de penser comme des propriétaires d’entreprise. Si j’étais, par exemple, propriétaire d’un dépanneur, je me demanderais quel produit acheter, comment le vendre, à quel prix le facturer, si je dois rénover ou non mon magasin, etc. Le même processus s’applique en droit : je suis un avocat, mais aussi un avocat entrepreneur.

J’ajouterais aussi que je suis un homme de foi et d’église, et que je crois être là où je suis aujourd’hui grâce à Dieu.

En vrac…

Dernier bon livre qu’il a lu – Les Misérables (auteur : Victor Hugo).

Son dernier bon film est….toujours celui qui rend ses quatre fils et sa famille heureuse, tout simplement!

Sa chanson fétiche – Stairway to Heaven (Led Zeppelin).

Ses expressions ou dictions préférés – "All things happen for the best" et "The night is coming".

Son péché mignon – Les mille-feuilles

Son restaurant préféré – 40 Westt (Route Transcanadienne).

Le pays qu’il aimerait visiter – l’Inde.

Le personnage historique qu’il admire le plus – Moïse.

S’il n’était pas avocat, il serait…médecin

Me Shahir Guindi est l’associé directeur du bureau de Montréal d’Olser et un ancien membre du comité de direction du cabinet. Sa pratique porte principalement sur les fusions et acquisitions, le financement d’entreprises, le capital d’investissement privé et le capital de risque (notamment pour le compte de sociétés du secteur des technologies et des sciences de la vie). Il représente de nombreux fonds d’investissement privé dans le cadre de leurs placements et aliénations de portefeuille, de même que des entreprises et des courtiers en valeurs mobilières relativement à des opérations de financement d’entreprises.

Me Guindi possède une expertise approfondie en matière de création de fonds d’investissement privé transfrontaliers et de fusions et acquisitions transfrontalières. Il siège au conseil d’administration de la Banque de développement du Canada et de plusieurs autres sociétés. Il a été coprésident de Réseau Capital (association de l’industrie du capital d’investissement privé et du capital de risque du Québec) entre 2010 et 2013.

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2 commentaires
  1. KLL
    Lawyer
    Je crois sincèrement que le secret du succès se trouve à la dernière phrase de cet article et je cite : "...je suis un homme de foi et d’église, et que je crois être là où je suis aujourd’hui grâce à Dieu." Amen.

  2. Avocat
    Avocat
    il y a 9 ans
    Avocat
    Évidemment, pour chaque associé d'un grand cabinet il est extrêmement tabou d'appeler sur son nom le cabinet antérieur. Même chose dans les biographies ou les communiqués de presse à l'embauche.

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