8 M$ pour un joueur de hockey tétraplégique

Agence Qmi
2016-02-03 13:15:00

« C’est très très gros (comme montant pour une blessure au hockey). Je n’ai jamais vu ça, et de loin», s’étonne Me Amélia Salehabadi Fouques, présidente de l’Association du droit du sport au Canada.
« C’est une victoire et une grande joie », s’est réjouie hier Anna Marzella, la mère du jeune paralysé Andrew Zaccardo. La famille a toutefois préféré ne pas commenter la situation davantage.
Andrew Zaccardo avait 16 ans lorsqu’il a disputé son dernier match de hockey à vie pour les Patriotes de Laval, de niveau midget AA, en 2010. Il ne s’est jamais relevé d’une mise en échec arrière faite par un de ses adversaires, une action pourtant formellement interdite selon le règlement de Hockey Canada.
« Pas une zone de non-droit »

Le jeune Ludovic Gauvreau-Beaupré, qui jouait pour le Royal de Montréal, a en effet foncé sur lui sans ralentir. Il a utilisé « son avant-bras pour le projeter contre la bande et a accentué son geste en sautant », commettant ainsi une «faute civile», précise le jugement rendu lundi.
« Le geste n’a rien d’accidentel » et est « délibéré », a tranché le juge, qui se base notamment sur une vidéo amateur filmée pendant le match. M. Gauvreau-Beaupré était non seulement conscient que la mise en échec par-derrière est proscrite, mais aussi qu’elle est « dangereuse ».
Le hockeyeur et la compagnie d’assurance Chartis sont donc solidairement condamnés à verser 8 M$ à M. Zaccardo et sa famille. Selon toute vraisemblance, c’est l’entreprise qui assumerait ce montant.
« Il s’agit du montant le plus élevé accordé au Canada pour une blessure reçue pendant un match de hockey », reconnaît Me Stuart Kugler, avocat de la victime et associé de la firme Kugler Kandestin.
« C’est un jugement important parce qu’il rappelle à tous les participants sportifs qu’ils doivent agir en personnes raisonnables et prudentes, sans quoi ils doivent en assumer les conséquences », estime Me Kugler.
Appel ?
Me Salehabadi prédit toutefois que la cause ira en appel. « Vous vous rendez compte, le précédent que ça fait? » lance l’avocate, qui est aussi présidente de LexSportiva.
Avant le début du procès, les deux parties s’étaient entendues sur la somme en jeu. Le juge n’avait donc qu’à déterminer s’il y avait responsabilité de la part du joueur en faute ou non, explique Me Kugler.
Ni la famille de M. Gauvreau-Beaupré ni leurs avocats n’ont souhaité commenter.