JuriGo: 5 ans de révolution juridique
Sophie Ginoux
2023-11-09 15:00:00
Rappelons qu’à l’origine, l’idée de créer une plateforme Web assistée par l’IA pour aider les justiciables à trouver plus facilement un juriste, d’une part, et pour simplifier le développement d’affaires des avocats et notaires, d’autre part, semblait un peu folle. Mais contre toute attente, le cofondateur et PDG de JuriGo Me Philippe Roberge avait vu juste avec ses associés en droit, en technologies de l’information et en marketing.
JuriGo a, depuis cinq ans, fracassé tous les records: les 10 000 références personnelles ou corporatives validées en 2020 ont grimpé à 35 000 en 2021, 70 000 en 2022 … et se préparent à franchir le cap des 100 000 en 2023 !
Parallèlement, plus de 500 cabinets, soit des milliers de professionnels, utilisent régulièrement la plateforme pour trouver des clients. Quant à la visibilité de JuriGo, elle est devenue aussi importante qu’Éducaloi, un exploit en soi.
« Ces chiffres en disent long sur la performance de notre entreprise, mais aussi sur sa pertinence dans l’écosystème juridique. Notre objectif est de devenir un moteur incontournable de référencements juridiques, et nous sommes en bonne voie d’y parvenir! » s’exclame Me Roberge, qui a vu son équipe gonfler d’1 à 12 employés.
La croissance continue au Québec
Au sein de JuriGo, on souhaite garder le caractère visionnaire qui constitue la marque de commerce de l’entreprise.
Dans cette optique, l’équipe travaille à l’accroissement du volume des dossiers qu’elle gère, afin de toujours mieux répondre aux besoins des justiciables et des avocats. Il faut d’ailleurs savoir que toutes les données reçues sur la plateforme sont analysées par un moteur d’intelligence artificielle, puis par un opérateur qui valide toutes les demandes avant qu’elles ne soient référées aux juristes.
« Nous voulons aussi aller chercher des dossiers de litige plus importants (plus de 100 000 dollars) auprès de clients corporatifs. C’est un marché intéressant pour nos partenaires, et de ce fait pour nous », ajoute l’entrepreneur.
JuriGo prend d’assaut l’Ontario
Les choses bougent également pour JuriGo en Ontario, où l’entreprise a saisi au bond l’amendement des règlements administratifs concernant la pratique juridique pour y lancer une version adaptée de sa plateforme.
Auparavant limité aux détenteurs d’un permis L3, qui pouvaient exercer des mandats à titre de « conseillers juridiques canadiens », l’Ontario permet en effet dorénavant aux avocats québécois qui maîtrisent la common law et qui sont dotés d’un permis L1 d’offrir tous les types de services juridiques sans permission préalable.
Sur ce marché très prometteur – plus vaste, populeux, fortuné et flexible que le marché québécois – JuriGo s’est doté de deux développeurs hors-pair: Me Valérie Black Saint-Laurent, une avocate qui dispose d’un double barreau québécois et ontarien, ainsi que Me Alexis Falanga-Duchesneau, expérimenté en pratique privée.
« Je suis convaincu qu’une bonne partie de la valeur de toute entreprise est liée aux talents qui la composent, explique Me Roberge. Ce sont ces talents qui ont assuré le succès de JuriGo, alors je ne doute pas que ces deux experts percent le marché ontarien… puis le reste du Canada! »
Une mission commerciale et sociale
En fondant JuriGo, Me Philippe Roberge et ses associés ne voulaient pas seulement être à la tête d’une entreprise rentable. « On voulait aussi aider les gens à avoir accès à la justice, sous toutes les formes », dit l’avocat entrepreneur.
Cette seconde mission, branchée sur l’humain, a été menée tambour battant au cours des cinq dernières années, tout d’abord avec la production, jusqu’à maintenant, de plus de 300 articles rédigés par des diplômés en droit sur une grande variété de sujets: problèmes d’impôts, calcul de la pension alimentaire, immatriculation d’une entreprise, contrat de vie commune, rénoviction illégale, permis d’études ou de travail, syndicats de copropriété, retrait d’une offre d’achat, troubles de voisinage, vices cachés, erreur médicale, médiation successorale, etc.
Des contenus accessibles et fiables particulièrement précieux pour les personnes qui cherchent des ressources juridiques, notamment lorsqu’elles n’ont pas facilement accès à des avocats.
« Nous avons d’ailleurs été approchés par l’UDM et le MIFI pour que ces contenus soient utilisés à des fins pédagogiques auprès des nouveaux arrivants sur le sol québécois, de manière à ce qu’ils disposent de bases en droit ici. C’est très gratifiant de savoir qu’on peut leur être utiles », indique Me Roberge.
JuriGo s’implique aussi activement auprès de Juripop, qui prend en charge des personnes aux revenus limités, mais trop importants pour bénéficier d’aide juridique. JuriGo réfère de nombreux justiciables à l’organisme gratuitement pour qu’on puisse les aider.
Enfin, étant donné que JuriGo est une plateforme très active, elle a réussi à accumuler énormément de données qui pourraient s’avérer très utiles au Ministère de la justice. « Avec ces données, il est possible, sans violer des renseignements personnels, de dresser un portrait assez fiable de la demande et de l’offre juridiques au Québec, confirme Me Roberge. Par exemple, l’offre en services juridiques est-elle suffisante en Abitibi? Jusqu’à maintenant, il était difficile de le savoir. »
En l’espace de cinq ans, JuriGo a par conséquent réussi à révolutionner le domaine de la référence et du développement d’affaires juridiques, mais cette petite entreprise a aussi montré qu’elle pouvait faire briller le talent québécois hors de nos frontières et avoir un impact social positif. Un bilan éloquent qu’il nous tarde de refaire d’ici cinq autres années, alors que JuriGo aura peut-être, qui sait, conquis toute l’Amérique du Nord!