Le hockeyeur tétraplégique ne touchera pas encore les 8 M $

Agence Qmi
2016-03-04 14:11:00

« Je n’ai pas de commentaires à faire», a lancé après un soupir la mère d’Andrew Zaccardo lorsque jointe au téléphone.
Plus de cinq ans après avoir quitté la patinoire pour une dernière fois, et sur une civière, M. Zaccardo devra encore attendre pour savoir s’il sera finalement dédommagé. Car selon les avocats de l’assaillant du hockeyeur, maintenir cette condamnation civile aura des répercussions graves pour ce sport en « créant un précédent menaçant la pérennité du sport de hockey, un sport robuste, rapide et physique pratiqué à travers le pays tout entier ».
M. Zaccardo avait à l’époque 16 ans et il évoluait pour les Patriotes de Laval, de niveau midget AA, quand il ne s’est jamais relevé d’une mise en échec arrière faite par Ludovic Gauvreau-Beaupré du Royal de Montréal, une action pourtant formellement interdite selon le règlement de Hockey Canada.
« Une patinoire de hockey n’est pas une zone de non-droit », a rappelé le juge Daniel W. Payette avant de condamner le fautif et sa compagnie d’assurance à dédommager M. Zaccardo.
Il devait savoir
Pour les avocats de M. Gauvreau-Beaupré, le juge s’est trompé en le condamnant à verser ce montant record. En fait, selon eux, M. Zaccardo devait forcément savoir qu’il pourrait se retrouver en chaise roulante lorsqu’il a embarqué sur la patinoire.
« Le juge (...) a commis une erreur de droit manifeste et déterminante en refusant de considérer que le risque d’une mise en échec, même contraire aux règlements, fait partie de la connaissance que le joueur avait des circonstances et, par conséquent, de l’acceptation des risques relativement à sa participation », peut-on lire dans l’avis d’appel.
D’autres erreurs du juge ont également été alléguées, comme le fait que M. Gauvreau-Beaupré a sauté sur son opposant, alors que selon la défense ce n’est pas le cas.
L’assureur ne veut pas payer
En plus de l’avis d’appel de Ludovic Gauvrau-Beaupré, la compagnie d’assurance du hockeyeur a elle aussi entamé des procédures distinctes pour éviter de verser un centime à M. Zaccardo.
« Chartis soumet que la demande en dommages contre elle devrait être rejetée, car elle n’est pas liée à une indemnisation résultant d’un geste exclu par le règlement », peut-on lire dans le document de cour soumis par Chartis Insurance Company of Canada.
Ainsi, il existe à ce stade-ci des procédures une possibilité où ce serait M. Gauvrau-Beaupré qui devrait lui-même débourser la faramineuse somme, qui serait la plus élevée jamais accordée pour une blessure sur une patinoire au Canada.
À titre d’exemple, une personne au salaire annuel de 50 000 $ après impôt aurait besoin de travailler 160 ans pour récolter un tel montant d’argent.
Considérant les délais pour monter le dossier de cour, il serait surprenant que l’appel soit entendu avant, au mieux, la fin de l’année.