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Les avocats victimes d’une nouvelle concurrence ?

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Céline Gobert

2015-10-14 15:00:00

L’émergence de nouveaux concurrents fait perdre des parts de marché à des cabinets d’avocats. Qui sont-ils ? Est-ce une menace pour les membres du Barreau ?
Les avocats victimes d’une nouvelle concurrence ?
Les avocats victimes d’une nouvelle concurrence ?
Il s’agirait des clients eux-mêmes, des fournisseurs de services juridiques ou quasi juridiques qui ne sont pas des cabinets d’avocats, et enfin, des cabinets d’avocats non traditionnels, selon l’étude Law Firms in Transition menée par cabinet Altman Weil aux États-Unes et analysée par Miren Lartigue dans la Lettre Des Juristes D'affaires.

« Les plus grands concurrents viennent toujours de l’extérieur, et le marché a subi en 2015 un nombre assez significatif d’assauts pour ébranler le statu quo instauré par les cabinets d’avocats », expliquent les consultants d’une étude, réalisée en début 2015 auprès de 797 cabinets d’avocats américains, visant à analyser les évolutions du marché du droit des affaires et les forces émergentes qui provoquent ces transformations.

Les services juridiques des entreprises : Selon les cabinets d’avocats interrogés, les services juridiques des entreprises constituent donc la première source de concurrence des cabinets pour deux raisons.

D’abord, ces services traitent un volume de plus en plus important de leurs dossiers à l’interne. Ainsi, 67 % des répondants affirment avoir perdu des mandats d’affaires en raison de ce phénomène. Ensuite, les clients utilisent de plus en plus d’outils technologiques qui réduisent leur besoin d’avocats et d’assistants juridiques. 23 % des répondants attestent que cela les prive déjà d’un certain volume d’affaires.

23,6 % voient dans l’internalisation et 42,1 % voient dans le recours à la technologie des menaces potentielles.

Les services juridiques et quasi juridiques délivrés par des organismes autres que des cabinets d’avocats : 16,6 % des associés directeurs interrogés affirment avoir perdu des mandats d’affaires. 38,4 % affirment que ces services constituent une menace potentielle pour eux.

Les structures qui exercent via une plateforme numérique ou sous un statut qui leur permet de délivrer des prestations juridiques et non juridiques : 9,1 % des cabinets affirment que ces nouveaux venus leur ont fait perdre des clients ou une part du travail confiée par leurs clients. 35,1 % y voient une menace potentielle.

À la question « Pensez-vous que la modélisation et l’automatisation du travail juridique constituent une tendance permanente pour l’avenir ? », 89,4 % ont répondu « oui » en 2015, contre 65,9 % en 2010.

À la question « Pouvez-vous imaginer qu’une version law-focused de Watson (technologie issue de l’intelligence artificielle appliquée aux problématiques juridiques) remplace certains des productifs dans votre cabinet d’ici 5 à 10 ans ? » : 20,3 % ont répondu que les ordinateurs ne remplaceront jamais les praticiens du droit, et 38 % que cela était concevable mais pas d’ici 5 à 10 ans.

Les autres cabinets pensent que c’est possible d’ici 5 à 10 ans, et que cela concernera les catégories suivantes : à 47% les parajuristes, à 35% les collaborateurs de première année à 19,2% ceux de 2e et 3e année, à 6,4% ceux de 4 à 6 années d’expérience et enfin à 13,5% les services « partners. »
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6 commentaires
  1. Jean H. Gagnon
    Jean H. Gagnon
    il y a 9 ans
    Nous devons rapidement nous repositionner…
    Il est évident que les marchés traditionnels des avocat(e)s sont en train de s’éroder, et ce, depuis plusieurs années maintenant.

    Outre ce qui est mentionné dans cet arbitre, notons la croissance rapide de cabinets de règlement de différends composés de non-avocats (tel, par exemple, JAMS - http://www.jamsadr.com) qui compte 300 médiateurs et arbitres répartis dans 27 villes américaines, ainsi qu’à Toronto).

    Plus récemment, l’on assiste même à l’émergence de plateformes informatisées de règlement de différends utilisées par de très grandes entreprises, dont eBay et PayPal (dont l’impressionnante plateforme MODRIA - http://modria.com).

    Il est donc temps pour les avocat(e)s de se repositionner pour mettre fin à cet effritement de plus en plus évident.

    Le slogan « Maître en solution » promu par le Barreau du Québec le printemps dernier offre une piste qui me semble très intéressante.

    Les avocat(e)s devraient faire progresser leur pratique pour vraiment devenir les professionnels de premier choix à consulter afin de prévenir et de vraiment solutionner un différend.

    Pour ce faire, elles et ils doivent pouvoir proposer un éventail complet de solutions répondant vraiment aux attentes, aux besoins et… aux budgets de leurs client(e)s et les guider dans la mise en œuvre de ces solutions.

    Aujourd’hui, les avocat(e)s sont perçues comme n’offrant qu’une seule solution (la voie judiciaire) qui ne répond bien qu’à une petite partie de leurs différends.

    C’est pourquoi les client(e)s cherchent d’autres avenues pour leurs affaires pour lesquelles la voie judiciaire n’est pas adéquate et, pour ce faire, qu’elles et qu’ils font appel à d’autres professionnels et fournisseurs de services que les avocat(e)s.

    Il s’agit là d’un marché de plus en plus vaste que nous pourrions reconquérir si nous réussissons à nous repositionner rapidement, dans les l’esprit de nos clients et de nos marchés, comme de véritables « Maître en solutions ».

    Qu’attendons-nous? Qu’il soit vraiment trop tard…

    Jean

  2. Avocat
    Avocat
    il y a 9 ans
    Avocat
    Tant mieux. Le public chiale, fait des plaintes au Syndic et critique toujours les avocats. Il ne mérite donc pas des services de qualité.

  3. Pierre
    Pierre
    il y a 9 ans
    juriste
    Comme vous le dites si bien Jean, les marchés traditionnels sont en train de s'éroder et malheureusement j'ai bien l'impression que cela risque de s'accélérer à vitesse grand V au cours des prochaines années.

    À cause des technologies émergentes, certains secteurs sont à haut risques, en voici deux :
    - droit du travail: les industries vont commencer à s'automatiser (robotiser + AI + imprimerie tridimensionnelle et ....) et le capital humain disparaîtra graduellement. D'ailleurs les syndicats aussi sont dans l'eau chaude;
    - alcool au volant: avec la voiture autonome qui devrait s'implanter graduellement d'ici les 5 prochaines années et devenir la norme dans la prochaine décennie, pas besoin de faire un dessin;
    - finalement, concernant les technologies, ce n'est qu'une question de temps avant qu'IBM avec son programme Watson lance un conseiller juridique virtuel. Imaginez un instant si vous pouviez ouvrir une application, y entrer des faits et ensuite obtenir une "opinion" juridique.

    Mise à part les technologies, je crois qu'il sera de plus en plus possible pour les entreprises d'obtenir des conseils juridiques à moindre coût dans les pays émergents. Actuellement, il n’existe à peu près pas de barrières pour accéder au contenu juridique québécois et canadien. La seule différence aujourd'hui c'est que le niveau d'éducation dans les pays émergents est de plus en plus élevé et n'oublions pas qu'ils ont également accès à Internet. Combiné à cela des salaires nettement plus bas qu'ici et le secteur des services (juridique dans le cas qui nous concerne) au Canada risque de déménager à l'étranger, comme celui de

    La solution est bien simple pour les avocats, réfléchir aux secteurs de l'avenir. Si vous êtes un nouvel avocat dans la jeune vingtaine, je vous conseille fortement d'éviter le droit du travail comme secteur de spécialisation. La même chose pour l'alcool au volant.

    Et si vous êtes une firme d'avocats, vous pourriez commencer à réfléchir à intégrer d'autres professions au sein de votre entreprise. Je pense que le futur des firmes d'avocats, tout comme celui de plusieurs autres firmes professionnelles, repose sur l'intégration des connaissances afin d'offrir des services complets.

    Mais bon, vous ne serez pas les seuls, les nouvelles technologies vont également avoir un impact sur la médecine et la finance. Bref, tout ce qui coûte cher de nos jours.
    Il est impossible de prédire l'avenir, toutefois il est possible d'évaluer et d'analyser l’avenir sous différents scénarios.

  4. Anonyme
    Anonyme
    il y a 9 ans
    Cher Jean H.
    Je me permets de t'appeler par ton p'tit nom, puisque tes apparitions fréquentes sur ce blog me donnent l'impression qu'on prend une bière à la taverne Ontario.

    As-tu vu la bande annonce de l'émission La Facture de la semaine prochaine? M'amm chose a en mains un jugement de 400$, et une facture d'huissier de 600$ pour l'exécution.

    Dans une édition récente de cette émission, on faisait état d'une baisse vertigineuse, depuis une quinzaine d'année, de la proportion des instances initiées par des particuliers.

    Est-ce que remplacer les avocats par des règleux peux changer quelque chose à ce portrait? J'y réfléchi depuis un certain temps, et ça ne me parait pas évident...

    La Carlsberg est en spécial encore pour 20 munutes, tu payes la dernière?...

    • Jean H. Gagnon
      Jean H. Gagnon
      il y a 9 ans
      Chère (ou cher) ami(e) anonyme
      Cher ami(e) anonyme,

      Je n'ai aucun problème à ce que tu m'appelles par mon p'tit nom, bien que je ne puisse en faire de même pour toi (n'ayant pas la possibilité de te connaître puisque tu écris sous le couvert de l'anonymat).

      Les "régleux" (qui, d'ailleurs, ne remplacent pas les avocats puisque, pour la plupart, nous sommes aussi des avocats) ne sont évidemment pas, tout autant que les tribunaux, la seule solution à tous les maux de notre système de justice.

      L'évolution du rôle de l'avocat(e) que je préconise consiste justement dans le développement des connaissances et des habiletés requises pour offrir à nos client(e)s un éventail complet de solutions, à les aider à choisir celle qui répond le mieux à leurs besoins et à la mettre en œuvre pour, ou avec, eux.

      En ce qui concerne la Carlsberg, si tu me connais si bien, tu te rappelleras que je suis de descendance amérindienne. Comme pour beaucoup de mes frères amérindiens, l'alcool ne me convient pas vraiment bien.

      Je te proposerais donc plutôt du jus de pomme bien de chez nous.

      Ton ami Jean

  5. PP
    Pour une fois
    Pour une fois vous êtes bien drôle cher Jean!

    Les gens vont commencer à vous aimer!

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