Pas de retraite pour ce juge!
Mathieu Galarneau
2019-09-27 10:15:00
« C’est difficile. Je me suis adressé aux juges pour la dernière fois lors de l’assemblée de la division de Québec. Je faisais une revue du passé, j’adressais l’avenir... J’ai eu de la misère à me rendre à la fin. Je pleurais. J’étais trop pogné intérieurement. Ça a tout pris pour que je termine », a-t-il raconté en entrevue au Journal de Québec.
Le juge Pidgeon a l’habitude du travail, qui commence pour lui à l’aube et se termine en fin de journée. Il aura occupé les fonctions d’avocat, coroner, maire de Gaspé, juge de la Cour supérieure, juge de la Cour d’appel, avant d’être nommé juge en chef associé à la Cour supérieure.
Il souhaite toujours travailler après juin, même si la loi l’oblige à quitter la magistrature. Il aimerait s’impliquer en santé mentale, une cause qui le touche beaucoup, comme son fils est frappé par la schizophrénie.
« C’était un coureur cycliste. Il était membre d’un club, il faisait de la compétition, il faisait des courses à Montréal, à Toronto, il faisait le tour de la Gaspésie en vélo. Et tout d’un coup, paf ! C’est un réel coup dur. C’est un deuil. Quelle est la raison pour laquelle ça s’est déclenché ? On ne le sait pas », a confié le juge, disant être devenu « plus humain » à travers cette épreuve.
Déjà approché à plusieurs reprises pour s’impliquer dans la cause de la santé mentale, il a toujours dû refuser, suivant son devoir de réserve.
« Ça m’a toujours peiné de leur dire non. Je me sens comme endetté envers eux. Et un jour, je vais faire quelque chose pour la santé mentale. Parce que — ça l’est moins —, mais c’est l’enfant pauvre de la santé. C’est terrible. »
Le juge Pidgeon a affirmé avoir été contacté par trois cabinets, mais refuse de les rencontrer d’ici sa retraite. « Qu’est-ce que je vais faire ? Je ne le sais pas. Mais m’installer pour regarder la télévision, ce n’est pas moi! »