Trump s'acharne contre un autre cabinet d'avocats

Thomas Vernier
2025-03-26 10:15:10

Donald Trump a lancé mardi une nouvelle offensive contre le monde juridique en ciblant cette fois le prestigieux cabinet Jenner & Block, rapporte le New York Times.
Cette attaque s'inscrit dans sa campagne de représailles contre les avocats qu'il tient pour responsables de ses déboires judiciaires.
Le décret présidentiel vise spécifiquement ce cabinet où travaillait auparavant Andrew Weissmann, un ancien bras droit de Robert S. Mueller III, le procureur spécial qui avait enquêté sur les possibles liens de Trump avec la Russie lors de son premier mandat.
À la Maison Blanche, Trump a qualifié Weissmann de «mauvais type» et annoncé qu'il déclassifierait des documents supplémentaires de l'enquête russe, connue sous le nom de Crossfire Hurricane, débutée en 2016. Weissmann, qui a quitté Jenner & Block en 2021 et est devenu commentateur télévisé critiquant vivement le comportement de Trump, n'a pas immédiatement répondu aux demandes de commentaire.

Ce décret illustre à quel point le président, qui a fait face à quatre inculpations pénales après avoir quitté ses fonctions en 2021, cherche désormais à faire payer un prix élevé à quiconque associé aux enquêtes passées le concernant.
Le texte présidentiel affirme que de nombreux grands cabinets d'avocats «prennent des mesures qui menacent la sécurité publique et nationale, limitent les libertés constitutionnelles, dégradent la qualité des élections américaines ou sapent les principes américains fondamentaux». Il critique également les cabinets pour leur travail pro bono, accusant ces services juridiques gratuits d'être souvent destinés à ce qu'il appelle des «causes destructrices».
Selon le décret, Jenner & Block «a abandonné les idéaux les plus élevés de la profession», et par conséquent, ses employés ne devraient pas avoir d'habilitations de sécurité, de contrats gouvernementaux, d'accès aux bâtiments fédéraux ou être embauchés par le gouvernement.
Dans un communiqué, un porte-parole du cabinet a rappelé son histoire prestigieuse de travail rémunéré et pro bono, soulignant qu'un juge fédéral avait temporairement empêché l'administration d'imposer des sanctions à au moins un cabinet visé par les décrets de Trump, Perkins Coie.
«Nous restons concentrés sur la protection des intérêts de nos clients avec le dévouement, l'intégrité et l'expertise qui définissent notre cabinet depuis plus de 100 ans, et nous poursuivrons tous les recours appropriés», poursuit le communiqué.
Cette nouvelle attaque intervient quelques jours après que Trump a considérablement élargi sa campagne de représailles contre les avocats qu'il n'apprécie pas, en publiant un mémorandum de grande portée menaçant d'utiliser le pouvoir gouvernemental pour punir tout cabinet qui, selon lui, conteste injustement son administration.
La semaine dernière, l'un des cabinets ciblés, Paul, Weiss, Rifkind, Wharton & Garrison, a conclu un accord avec l'administration pour s'épargner un décret punitif. Dans le cadre de cet arrangement, le cabinet s'est engagé à fournir l'équivalent de 40 millions de dollars de travail juridique pour soutenir les efforts de Trump contre l'antisémitisme sur les campus universitaires, ainsi que d'autres causes.

La liste croissante de cibles dans le monde juridique a suscité un débat houleux parmi les avocats sur la meilleure façon de réagir. Certains ont vivement critiqué les actions du président et la décision de Paul, Weiss de conclure un accord plutôt que de se battre devant les tribunaux, comme a choisi de le faire Perkins Coie.
Vanita Gupta, avocate spécialisée dans les droits civiques et ancienne responsable du département de la Justice, a déclaré samedi que Trump attaque «les fondements mêmes de notre système juridique en menaçant et intimidant les plaideurs qui cherchent à tenir notre gouvernement responsable devant la loi et la Constitution».
«Le pouvoir exécutif ne devrait ni craindre ni punir ceux qui le contestent», a-t-elle ajouté, «et ne devrait pas être l'arbitre de ce qui est frivole - il existe des protections en place pour traiter cela. Ce moment appelle au courage et à l'action collective, pas à la capitulation, parmi les avocats et la profession juridique».
Trump a qualifié ses efforts de tentative d'assainissement d'une profession juridique qu'il considère comme entachée par la politique et les comportements contraires à l'éthique, tout en dénonçant ce qu'il appelle la «judiciarisation» ou «l'instrumentalisation» du système juridique contre lui.
Dictature
il y a 3 joursFaudrait faire à Trump ce que Roncarelli a fait jadis à Duplessis....