Un avocat dit que la poitrine d’une enfant n’est pas sexuelle

Agence Qmi
2016-03-14 15:00:00

Il plaidait dans une cause de contacts sexuels sur une petite de 10 ans par un quinquagénaire. L’argument n’a toutefois pas convaincu la juge qui a maintenu l’accusation à ce stade-ci des procédures.
Mais peu après, Me Bourgeois en a remis sur Facebook. « Ça a l’air que pour certain(e)s magistrat(e)s, une fillette de 10 ans a des seins (et non des pectoraux...) et que ça serait une “partie personnelle”», a-t-il écrit. Il n’en fallait pas plus pour que ses propos soulèvent l’ire d’avocats, tant de la Couronne que de la défense.
« Ça ne prend pas un expert pour faire la démonstration qu’une fillette de cet âge a des seins en développement, a lancé la juge retraitée Nicole Gibeault. On est en 2016, comment s’attendre qu’un avocat tienne ces propos? Ça va à l’encontre de tout ce qu’on enseigne aux jeunes filles. »
Le sexologue et expert en délinquance sexuelle Mario Larivée-Côté abonde dans le même sens.« Clairement que c’est une partie intime, a-t-il dit. Justement, les pédophiles recherchent un enfant qui n’a pas de formes. C’est ça qui les excite. »
Il persiste
Me Bourgeois, de son côté, assume entièrement ses propos. « Je prétendais que ça devient une partie pertinente (au contact sexuel) quand la personne est un peu plus âgée », a-t-il dit en entrevue. Mais il faut remettre les choses dans son contexte, a-t-il insisté. Selon lui, si son client a commis ces gestes, ce n’est pas dans un but sexuel, mais plutôt pour « chatouiller » la petite, et il assure que c’est ce qu’il a voulu démontrer en plaidoiries.
« Si toucher cet endroit-là devient sexuel... Dans le fond, il ne faut pas toucher à un enfant nulle part, que ce soit le dos, la cuisse », a-t-il dit, tout en ajoutant qu’il ne recommandait à personne de toucher un enfant qui n’est pas le sien.
Malgré tout, il ne comprend pas le tollé que ses propos ont créé, en se disant « navré » de l’ampleur de la controverse qu’il s’explique mal.
Quoi qu’il en soit, ses collègues se sont dits assez révoltés, au point que certains envisagent de porter plainte au Barreau.
Josephine
il y a 8 ansMe Bourgeois defend son client avec zèle. S'il ne l'avait pas fait, les chialeux chialeraient pareil!
Que le Syndic s'abstienne.
Concombre masqué
il y a 8 ansC'est sur qu'en prenant les gens pour des cons, il fait son travail. C'est un des meilleurs arguments qu'il a pu trouver pour défendre son client, ce qui montre à quel point son dossier est solide. On devrait le remercier, il redore le blason de la profession aux yeux de la justice et du public. Quel grand professionnel.
Anonyme
il y a 8 ansDe ce que j'ai toujours compris de l'infraction d'agression sexuelle, la couronne doit prouver HTDR que le geste posé l'a été dans un objectif de gratification sexuelle pour l'accusé-agresseur. C'est pourquoi un père ou un médecin qui ausculte les seins d'une petite fille en vue d'apporter des soins ne sera pas accusé, évidemment.
Ainsi, bien que la déclaration lors de l'audience de Me Bourgeois puisse faire sourciller, pas de quoi en faire un plat. Il défend une position impopulaire mais dans l'intérêt de son client.
De même, sur le fond, je n'ai pas de problème fondamental à ce que quelqu'un déclare que les seins d'une enfant prépubère ne sont pas sexualisés, dans la mesure où son commentaire vise à convaincre que c'est là la réalité du point de vue de son client (et de cela, démontrer qu'il ne cherchait pas de gratification sexuelle par le contact). Suggérer toutefois que cela a un caractère universel, c'est un postulat que le tribunal aurait eu raison de rejeter.
Là où Me Bourgeois a commis une erreur, c'est dans sa publication Facebook. Il aurait intérêt à relire les articles 19 et l'ensemble du Chapitre III du Code de déontologie par rapport à ses devoirs face à l'administration de la justice.
Anonyme
il y a 8 ansBien résumé.
Avocat
il y a 8 ansSi je lis son commentaire, il semble que Me Bourgeois s'est strictement borné à résumer la position du Juge.
(« Ça a l’air que pour certain(e)s magistrat(e)s, une fillette de 10 ans a des seins (et non des pectoraux...) et que ça serait une “partie personnelle”», a-t-il écrit.)
C'est conforme au Jugement. Il n'y a pas de critique. Je ne vois pas de faute déontologique et je ne vois pas pourquoi il devrait lire son Code.
Me Daniel Atudorei
il y a 8 ans> Ainsi, bien que la déclaration lors de l'audience de Me Bourgeois puisse faire sourciller, pas de quoi en faire un plat. Il défend une position impopulaire mais dans l'intérêt de son client.
C'est là que la logique débarque... Justement, sa position devrait être populaire. Si elle est impopulaire je m'inquiéterai pour la santé psychiatrique de la majorité des individus. Les non-pédophiles (et je prie pour qu'on compose la majorité de la société) ne devraient voir, justement, rien de sexuel dans le chest d'un enfant de 10 ans.
Dire au contraire qu'il y a un consensus majoritaire sur le fait qu'un chest d'un enfant de 10 devrait représenter quelque chose de sexuel c'est suggérer qu'une majorité des gens ont des réflexes pédophiles à la vue de cela.
Anonyme
il y a 8 ansÀ ne pas voir quelque chose de sexuel quand je vois la poitrine d'une fille de 10 ans? Il me semble qu'en tant qu'individu non-pédophile, c'est une évidence, non?
Peut être pas dans le contexte pour l'accusé, mais faudrait pas généraliser me semble.
Finalement, en effet Facebook et ta job d'avocat, 2 choses à ne pas mélanger.