Un créationniste poursuit le Grand Canyon
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Jean-Francois Parent
2017-06-02 16:00:00

Mais il ne peut prélever d'échantillons de Grand Canyon pour appuyer ses croyances, et demande donc à la cour de forcer la direction du parc national à revenir sur sa décision, peut-on lire dans la requête déposée en cour fédérale de l'Arizona.
Les avocats Gary S. McCaleb, de l'Alliance pour la défense des libertés, et Michael L. Kitchen, de Margrave Celmins, soutiennent en demande que le refus du Service des parcs nationaux contrevient aux premier, second et cinquième amendement de la Constitution américaine en empêchant le demandeur de pratiquer sa liberté d'expression et de religion.
Andrew Snelling est un membre en vue des Young Earth Creationnists, un groupe chrétien qui interprète littéralement la version biblique de la création de l'univers.
Selon cette version des faits, la Terre aurait été créée il y a environ 7 000 ans et le Grand Canyon est la manifestation d'un événement catastrophique survenu dans les jours suivants le retrait des eaux du grand déluge qui aurait forcé Noé à construire son arche.
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Le refus opposé à Snelling de collecter des roches dans le plus grand canyon du monde est basé sur le fait que les échantillons qu'il demandait à recueillir sont disponibles en dehors des limites du parc national.
Andrew Snelling, titulaire d'un doctorat en géologie, est membre de plusieurs organisations chrétiennes fondamentalistes, comme Answers in Genesis, le Musée de la Création et le Parc thématique de l'Arche de Noé.
Censure ou débat d’idées ?
Aux États-Unis, où l'interprétation littérale de la Bible pour expliquer des phénomènes naturels a bonne presse, plusieurs combats ont été menés devant les tribunaux.
Le plus notoire de ces combats, Kitzmiller v. Dover Area School District,avait pour but de déterminer si le récit créationniste de l'histoire naturelle avait sa place dans les cours de sciences au même titre que la théorie de l'évolution.
Le Service des parcs nationaux américain est souvent la cible d'escarmouches de la part de groupes créationnistes. Des organisateurs d'expéditions de rafting créationniste, des pèlerinages de groupes religieux, plusieurs groupes tentent d'utiliser la formation géologique datant de l’ère précambrienne, il y a 1,7 milliard d'années.
Le débat qui a cours permet aux tenants de ces croyances de jouer à la victime, signale le magazine The Atlantic. Refuser l'accès, c'est prêter le flanc aux accusations de censure, font valoir des observateurs. Une situation d'autant plus épineuse que la science est habituellement le forum pour débattre d'idées nouvelles et controversées. C'est ainsi qu'elle évolue.
Mais permettre aux créationnistes de présenter leurs recherches dans les colloques scientifiques leur donnerait de la crédibilité qu'il ne méritent pas, conclut le magazine.