Un film sur Magnotta sera diffusé dans 50 pays avant et durant le procès

Agence Qmi
2014-08-28 07:00:00

Le film «Luka Magnotta : sexe, gloire et meurtre», qui devait être projeté vendredi dernier au Festival des films du monde (FFM) a été retiré de la programmation la veille de la date prévue pour sa projection.
Bell Media avait annoncé deux jours plus tôt qu’il allait volontairement retarder la diffusion du documentaire sur Canal D. Tout comme le FFM, Bell avait évoqué l’ordonnance de non-publication.
Le documentaire contient une entrevue avec un journaliste britannique qui a témoigné lors de l’enquête préliminaire de Magnotta l’an dernier.
Le film contient aussi des commentaires d’un ami proche de la victime, qui sont semblables à ce que cet ami a raconté lors de l’enquête préliminaire.
Des détails sur le meurtre et les éléments de preuve qui ont été déposés font aussi partie du documentaire.
Le film «Luka Magnotta : sexe, gloire et meurtre», sera diffusé aux États-Unis, au Royaume-Uni et ailleurs dans le monde, avant et durant le procès de Magnotta, a fait savoir l’entreprise torontoise Distribution 360 dans un courriel.
«Le film est déjà à l’affiche aux Pays-Bas et en Norvège» a ajouté Naomi Hiltz, qui a réalisé le film d’une durée de 43 minutes.
La réalisatrice rejette la suggestion que son film pourrait empêcher Magnotta d’avoir droit à un procès juste et équitable.
Elle affirme que le Service de police de la Ville de Montréal a brimé le droit à la liberté d’expression en saisissant une copie de son documentaire samedi, lors du Festival des films du monde.
«On n'a rien saisi du tout. Au fond, c'est un document de la cour qui a été présenté aux autorités du Festival des films monde pour leur rappeler qu'il y a une ordonnance qui a été émise par un tribunal, qui interdisait de diffuser quoi que ce soit par rapport à cette enquête-là», a précisé le sergent Laurent Gingras.
La technologie moderne a rendu plus difficile pour les juges canadiens de faire respecter de telles ordonnances.
Cela est devenu évident en 1993 lors du procès sur le plus célèbre sadique cas de meurtre de l’histoire canadienne, lorsque le juge de la Cour de l’Ontario, Francis Kovacs, a émis une ordonnance de non-publication totale sur les détails du procès pour homicide involontaire de Karla Homolka.
Les journaux et les télévisions aux États-Unis ont alors ouvertement bafoué l’ordonnance, permettant ainsi aux Canadiens d’apprendre les détails sordides entourant les meurtres à caractère sexuel de deux jeunes filles par le couple Karla Homolka et Paul Bernardo.
L’avocat des médias Mark Bantey a déclaré que même le plus haut tribunal du pays avait reconnu que les ordonnances de non-publication devaient être limitées dans leur portée.
«La Cour suprême a pris soin de souligner que, à cette époque des avancées technologiques, nous devons nous demander si les ordonnances de non-publication sont efficaces en premier lieu», a déclaré Me Bantey, qui a plaidé avec succès en juillet contre une requête visant à interdire de rapporter la preuve qui sera présentée au procès.
Le sergent Laurent Gingras, du SPVM, a indiqué que la diffusion du documentaire sur Magnotta sera possible lorsque l’ordonnance sera levée.
Il a aussi mis en garde les Canadiens qui seraient tentés de visionner le documentaire à l’extérieur des frontières.
«Assurément avec les moyens électroniques, quelqu'un pourrait être en outrage au tribunal parce qu'il n'a pas respecté une ordonnance de la cour», a-t-il conclu.