Droit-inc se met au rose

Natacha Mignon
2010-03-08 08:30:00
Mais, soyez honnête : n’avez-vous jamais vu votre patron lui refiler un dossier cauchemardesque (et, nuance, je ne dis pas difficile) parce qu’une petite moue de votre part l’aura convaincu d’aller frapper à la porte d’à-côté.
Vous l’aurez compris : il se joue à l’intérieur des bureaux une lutte opposant les hommes et les femmes. Une lutte qui se poursuit là où la profession vous mène : à la barre du tribunal, chez le client, à l’université…
Avocates, avocats : en 2010, c’est toujours la guerre des sexes !
L’argent en cause
Un [http://www.droit-inc.com/article3460-Combien-gagnent-les-avocats-en-entreprises-
|récent sondage] révélait par exemple que les avocates en entreprises gagnent 19 % de moins que leurs homologues masculins. Ce même sondage indiquait que 20 % des avocats en entreprises occupaient la fonction de directeur juridique ou chef de contentieux, contre seulement 12 % pour les avocates.
Ce serait donc parce que les femmes sont à des postes de niveau hiérarchique inférieur qu’en moyenne leur salaire annuel est moindre. Et, si elles n’y accèdent pas, ce serait une question de mentalité.
«Il semble qu’on oublie les femmes au moment de déterminer les personnes à haut potentiel dans les entreprises », dit Me Natalie Le Cavalier, présidente de l’Association Canadienne des Conseillers Juridiques d’Entreprise.
En théorie, au moins, la différence s’explique. En tout cas, cela prouve que l’argent n’est pas le nerf de la guerre.
J’en parlerai à mon psy
Non, son point névralgique est vieux comme le monde : c’est la place de chaque sexe au sein de la famille et de la société, car jamais les femmes ne sont attaquées dans la profession d’avocat sur le terrain de leurs compétences.
Le débat de leur épanouissement professionnel tourne autour de leurs grossesses et des enfants. Voyez comme Me Martine Renaud est attaquée à la suite de ses chroniques sur le sujet sur ce site.
Face à la problématique, comme en matière de relations humaines, toutes les réactions sont possibles.
Certaines femmes renoncent à leur carrière ou à leurs enfants, certaines jouent les compromis, certaines craquent. Quelques unes y parviennent. D’autres, se révèlent guerrières-amazones : elles vont deux ans en cabinet se faire un super CV, puis bien formées, partent pour élever leurs enfants ailleurs dans un environnement plus tranquille. Idem du coté des hommes, dont la plus ou moins grande acceptation de la place des femmes dans le monde professionnel est avant tout personnelle.
En résumé, puisque tout est possible, rien n’est sûr. La question de la place des femmes dans la société doit-elle être laissée à l’appréciation de chacun ou être intégrée pleinement et réellement dans les bureaux d’avocats ? Je le crois et je crois qu’on y arrive.
« Les femmes sont de plus en plus nombreuses à l’université, ce sont nos meilleures candidates, on sera bien obligé de s’y mettre », me confiait récemment un grand patron de cabinet voulant rester anonyme.